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             AURAI-JE LE TEMPS ?


    Accordez-moi un peu de votre temps,
    Asseyez-vous, 
    Prenez une ou deux cigarettes,
    Une boîte d'allumettes,
    Prenez patience
    Je vous raconterai alors
    Un peu de mon histoire.

    J'ai vu des tas de soleils
    Se couchant sous l'écume des vents,
    J'ai vu des tas de soleils
    Se profilant entre les arbres
    A la rencontre d'un amant,
    J'ai vu des tas de soleils
    Allant se fracasser sans bruit
    Au fond de l'océan.

    J'ai suivi des vents audacieux
    Qui soulevaient jupes et jupons,
    Prenant un air malicieux
    Pour tous nos fantasmes amoureux.

    J'ai traversé des tas de rivières en furie
    Projetant avec force et fracas
    Des tas de souvenirs
    A jamais enfouis dans l'oubli,
    J'ai vu la misère d'un pays

     

    Qui poings levés chantait 
    Sa liberté retrouvée.
    J'ai vu les barricades
    De l'impossible,
    J'ai vu un grand espoir naître
    Puis partir en sanglotant.

     


    Aurai-je le temps !
    Le temps nécessaire
    De raconter tout ça
    A mes enfants,
    A mes petits-enfants
    A mes ami-es
    Tout ce que j'ai vécu
    En soixante-huit ans ?

     

    **********

     

             PAUVRE CHIEN ! 


    Je suis un vieux chien
    Tenu en laisse,
    Ma maîtresse,
    Garde-chasseresse,
    Me prodigue 
    Quelques caresses.
     
    Si par malheur j'aboie trop fort,
    Elle le prend de très haut,
    Me donnant toujours tort,
    Ma maîtresse n'aime pas ça,
    Il lui faut des chiens comme il faut !

    Putain, je voudrais bien m’enfuir  
    De son logis, je voudrais bien partir...
    Je voudrais bien courir...
    Mais je n'arrive jamais
    A trouver la sortie !

    Et puis, sa  laisse me blesse...
    Elle est bien gentille,
    Mais manque de tactique.

    Quand dans la rue
    Je vois passer un autre chien…
    Quand dans la rue,
    Ce même chien
    Est sans collier…
    Je le regarde passer,
    Étonné, je me demande
    Comment sa maîtresse
    A pu le laisser s'échapper ?

    Il a peut-être trouvé
    La combine...
    La combine
    De la liberté !

    Alors je l'envie...
    Je voudrais bien suivre ce chien…
    Mais ma maîtresse,
    Garde-chasseresse,
    Ne l’entend pas de cette oreille.

    Je te trouve très bien
    Avec cette laisse,
    Tu n'as rien à dire !
    Alors, laisse ce vaurien,
    Ça ne vaut pas la peine
    De lui courir après,
    Il est plein de puces
    Et ne se lave jamais !

    Enchaîné, je le serai toujours…
    J'aurai beau chercher la sortie,
    Je ne pourrai jamais m'enfuir…
    Putain, je voudrais bien ressembler
    A ce chien si maigre,
    Lui qui a su trouver
    La sortie...  et sa liberté !

     

    **********

     

    DES INJUSTICES ET DES MALTRAITANCES

     


    Moi, vous savez,
    Je suis rouge !
    Aussi rouge qu'un coquelicot,
    Mais quand je perds mon self-contrôle,
    Ou les pédales,
    Alors je vire très vite
    Au noir, très noir,
    Noir ocre,
    Noir encre.

    Ma plume, je la laisse tremper
    Dans l'encrier de mes blessures,
    Et quand elle sort, elle prend alors
    Les couleurs violacées du vitriol !
    Je ne sais me cacher sous un masque.
    Ma plume, il faut qu'elle avance,
    Et malgré l'usure du temps
    Mes blessures restent intactes.

    Je ne mesure jamais le temps
    Sous les coups des injustices,
    Ni celui des maltraitances,
    Pourtant, pourtant...
    Quand il arrive que j'arme ma plume,
    Je l'habille alors de mots très durs,
    Telle des oriflammes 
    Descendant en cascade,
    Mes souvenirs restent encore
    Trop et très vivaces.

    Mon regard ne s'est pas éteint 
    Devant les parjures
    Faits aux autres.

    Mes flèches sont là,
    Encore plus vivaces
    Que ne l'ont été
    Toutes mes blessures,
    Toutes mes souffrances.

    Je dénonce, je défonce
    Toutes les grilles de mes obsessions,
    Qui, tant de fois, m'ont fait mordre la poussière.

    Colère, ma colère,
    Jamais tu ne pourras t’éteindre,
    J'en ai trop bavé 
    Et trop trinqué à la fois !  

     

    **********

     
              NOTRE SANG


    Notre sang abreuve la terre,
    Nous sommes ce sang, 
    Qui traverse le temps
    Pour aller offrir aux autres
    Ce que nous-mêmes
    N'avions osé espérer !

    Derrière chaque bosse,
    Derrière chaque plaie,
    Derrière chaque différence,
    Est en attente notre quête d'espoirs !

     

    **********

     

                   LE SELF CONTRÔLE


    Mes flèches au vitriol
    Je les octroie
    A ce qui me choque !
    Je les attrape au vol,
    Ne les enferme point
    Dans une boîte quelconque,
    Bien au contraire, quand elles sortent,
    Je veux qu'elles claquent,
    Claquent comme un fouet.

    Alors, patiemment, j'arme ma plume,
    Mais, n'écris pas "Au clair de la lune",
    Je n'ai pas le temps
    De m'apitoyer sur l'ami pierrot !
    Ma plume trempée dans l'encre âcre
    S’éparpille en flaque,
    Se fracasse sur l'écume blanche de la vie.

    J'assassine,
    J'égratigne
    Les choses et les non-dits, 
    Soudain le volcan
    Se réveille aux feux incandescents
    Et explose sa colère,
    Jaillit à chaque coup de tonnerre.

    J'éjacule !
    J'éjacule !
    Sous ma plume
    Jamais je ne recule,
    Les mots
    M'arrivent en cascade,
    Je fais fi de la mascarade
    Et ne me cache jamais
    Sous un masque !

    Les petits travers de la vie
    Je les dis,
    Parfois ils font mal,
    Ils sont si brutaux,
    Tant pis,
    Ça passe ou ça casse !
    Et si j'écris au vitriol,
    C'est que je ne retiens
    Plus mon self-contrôle.  

     

    **********

     

                     JE HAIS !


    Je hais !
    Mais d'une manière viscérale, 
    Les cons de tout poils.

    Je hais !
    Les préjugés
    Qui en permanence
    Me gargouillent le tête.
    Je hais aussi 
    D’être prise en otage.
    Je hais !
    Tous les manipulateurs,
    Les autoritaires,
    Le culte de la personnalité,
    Les conformistes,
    Les réacs, 
    Tous ceux, qui d'une manière générale,
    Se cachent en toute honnêteté,
    Afin de faire honnêtement
    Leurs méchancetés, en toute légalité,
    Sans vraiment, sans jamais,
    Se compromettre aux yeux 
    De la Société.

    Je hais !
    Les confessionnaux,
    Les mea-culpa,
    Les culs-bénits.

    Je hais aussi et surtout
    La violence : la violence
    Des coups de poing
    Dans la gueule des femmes.
    Je hais le viol, les prédateurs
    De toutes origines.
    Je hais les bien-pensants,
    La médisance,
    La rumeur,
    La maltraitance
    Je hais ! Je hais la haine !

    Je hais le racisme,
    L’extrême-droite,
    L’extrême-onction,
    Je hais
    Les défilés,
    Les médailles militaires,
    Les médailles du mérite,
    Les marches en cadence
    Avec musiques et fanfares incorporées.

    Je suis
    Contre la peine de mort,
    Je suis
    Pour la pilule,
    Celle qui se prend
    En cas d'oubli !
    Je suis
    Contre tous les interdits.
    Je suis une rebelle.
    Je suis une soixante-huitarde,
    Heureuse de l’être,
    Ne vous en déplaise !

     

     **********

     

              ÊTRE CONFORME


    Être conforme,
    Être aux normes,
    Prendre quotidiennement sa dose.

    Prendre des claques
    Pour être admise,
    Au nom de leurs principes
    Subir leurs critiques.

    Ne pas penser le contraire,
    Se taire, courber la tête,
    Ne pas jouer les effrontées 
    Afin d’être admise dans leurs clans.

    Mais moi, j'en ai mare !
    Mare de leurs messes basses,
    Vraiment mare de leurs faux semblants.
     
    Mais moi j'en ai mare
    Mare de leurs messes basses,
    Vraiment mare de leurs semblants
    De charité et d'humanité.

    Ne tolérant pas la différence
    De toutes les races,
    Vomissant toutes leurs haines
    Faites à l'encontre
    De tous les étrangers.

    Ça pue le conformisme 
    Prônant à tout moment
    Leurs morales
    Malsaines,
    Machiavéliques
    Et perverses.

    La main sur la croix, 
    Ils jurent, ils parjurent,
    Sans émoi pour leurs prochaines proies.

    Ne pas accepter
    Leurs ordres,
    Ne pas devenir 
    Conforme
    De leurs idées,
    Se mettre en porte-à-faux !

    Se libérer, 
    Être libre
    Quoi qu'on en dise,
    Quoi qu'on en pense !
    Marcher dans la non-acceptation
    Avec énormément d'assurance
    Même si l'on passe pour un con !

    Parce que l'on refuse,
    Parce que l'on réfute
    De se faire marcher
    Constamment sur les pieds
    Par de plus cons que soi !

     

    **********

     

                 JE MARCHE


    Je marche...
    Je pense...

    Le regard du ciel
    Gris orange...

    Je l'implore,
    Qu'il ne déverse
    Sur ma personne
    Des immondices
    Dont je ne désire point,
    Des tonnes de seaux d'eau délirants ! 

    Je marche...
    Je pense...
    Que demain il faudra
    Aller voter
    Pour des incapables,
    Pour des ahuris 
    Et quelques abrutis.

    Je marche...
    Je pense...
    A l'immensité de la terre
    Abritant le saint fric,
    Aux S.D.F. jetés,
    Sans aucune pitié,
    A la rue
    A cause du chom'du...
    A tous les affamés de l'univers,
    D’Afrique du nord,
    D’Afrique du sud,
    De tous horizons.
    Aux romanichels,
    Aux manouches,
    A tous les déplacés,
    Qui un jour peut-être
    Se soulèveront
    Pour demander leur dû !

    Je marche...
    Je pense...
    Et je rêve... Je rêve...
    Que peut-être un jour... ?

    Verrais-je le saint fric
    S'emmêler les pinceaux,
    Toutes les convoitises,
    Toutes les méchancetés,
    Toutes les jalousies
    Réduites au néant ?

    S'il vous plaît,
    laissez-moi ce plaisir
    De rêver... De rêver
    A satiété !

      

    **********

     

               LA MANIPULATION


    C'est un cercle vicieux
    Où je tourne en rond,
    Et j'ai l'impression bizarre
    De me mordre sans-cesse la queue.

    Je mords,
    Je tourne, 
    Je mords,
    Je tourne en rond
    Et ne vois jamais
    Le bout de ma queue.

    C'est pernicieux,
    C'est vicieux
    Au possible,
    C'est sournois,
    C'est visqueux
    Et ça vous glisse
    Entre les doigts.

    Ça vous paralyse
    La tête,
    Ça émet des sons étranges,
    Ça vous parasite aussi 
    La cervelle,
    Vous avez l'impression
    D’être au bout
    D'une laisse,
    Menée au pas,
    En cadence
    Selon ses pensées.

    C'est pervers,
    Ça vous bloque
    Et colmate le cerveau,
    Lentement l’étau
    Se resserre,
    Vous vous retrouvez
    Au pied du mur
    Comme prise au piège.

    Votre tête ne ressemble
    A plus rien,
    Vous êtes sous l'emprise du despote,
    Au service d'une personne,
    Qui de l’intérieur grignote
    Votre liberté !

    C'est un cercle vicieux
    Je ne cesse de tourner en rond,
    Je me damne
    Et ne cesse de me mordre la queue.

    C'est pervers,
    C'est dévastateur,
    Ça vous réduit au silence,
    Et sous leurs gueules d'ange
    Ça vous dévore en un rien de temps !

     

    **********

     

              DEPUIS CROYEZ-MOI


    Un jour, je ne sais trop pourquoi
    J'ai laissé choir, sur un coin de comptoir,
    Un verre
    Que j'avais pris soin de peindre
    Aux couleurs d'anisette.

    Je l'ai regardé de travers,
    Et lui ai dit :
    ... "Toi ma vieille,
    Je n'en peux plus
    D’être accrochée
    A tes basques,
    De me traîner,
    De me disloquer,
    Et d'apparaître
    Au moindre de tes appels,
    En un mot,
    Je préfère 
    Ne plus paraître,
    Mais disparaître
    Sous un linceul blanc,
    Emportant avec moi
    Mes angoisses,
    Ma détresse
    Et mes pleurs.

    Alcool, mon cher alcool !
    Disparate,
    Noirâtre,
    Et peint aux couleurs
    Du désespoir.

    Depuis, croyez moi,
    Il n’arrête pas,
    Et me tire une gueule
    Pas possible... Et de bois !
    Il m'en veut, j'en suis sûre,
    Mais ce verre
    Que j'ai laissé choir
    Sur le bord du comptoir,
    Je me l'interdis,
    Je ne veux plus y toucher.

    J'ai trop bu l'errance,
    J'ai trop bu la dépendance,
    A cause de lui, j'ai aussi vu
    Des éléphants de toutes les couleurs.
    Je regrette, mais le feu de paille
    Que j'ai un jour allumé
    Par mégarde, j'en suis venue à bout,
    Alors, je laisse tomber !

    J'aurai la force,
    J'aurai le courage
    De serrer les poings,
    De serrer les dents
    Comme je l'ai fait si souvent,
    De tes appétits féroces
    J'en sortirai triomphante,
    Malgré le lourd fardeau
    Me pesant au dos.

    La violence
    Brutale
    De ma dépendance
    M'a fait trembler,
    Trembler de rage
    Devant tous tes pourboires
    Que j'encaissais 
    Sans broncher.

    Dix-huit, bientôt
    Dix-neuf ans
    Que j'ai défouraillé,
    Et fait éclater
    Mes chaînes,
    Et plus une goutte
    D'alcool
    Ne circule à nouveau
    Dans mes veines.

    Alors, moi je dis,
    Parce que personne
    Ne le fera à ma place,
    "Chapeau Madame !
    Chapeau de vous en être sortie !"

      

    **********

     

                SAUVAGE


    Sauvage,
    Comme un arbre
    Sorti
    Tout droit de sa garrigue !

    Sauvage,
    Comme gitane
    Dansant un flamenco
    Sur des braises
    Faites par les mains
    Du diable !

    Sauvage,
    Indomptable
    Tête de lard,
    Tête volante
    Riant aux éclats !

    Sauvage,
    Comme solitude.
    Amoureuse jusqu'au sang
    De la nature,
    Overdose d'opium,
    Je m'enivre,
    Je bois au calice
    De ma vie.

    Sauvage,
    Gitane,
    Pas facile
    A capturer,
    Refusant 
    De se mettre
    A la table 
    De la conformité !

    Tête de sauvage,
    Tête ne correspondant
    Absolument pas
    Aux normes prescrites
    Par vos lois.

    Sauvage 
    En diable !
    Sauvage
    Comme gitane !
    Les mots, les phrases
    Restent mes seules armes
    Pour me défendre.

    Sauvage
    Sur toute la ligne,
    Mais pourquoi ne suis-je pas
    Le petit renard
    Que le petit Prince
    A apprivoiser ?

    Sauvage,
    Comme garrigue,
    Le calme et la sérénité
    Des grands arbres,
    Aux racines
    Indéracinables,
    Sont mes seuls compagnons.

    Comme ma fureur
    Intense de VIVRE !

      
     **********

     
               JE N'AI PLUS D'ÂGE                                          
     

    Avoir la rage au corps,
    Avoir la rage au cœur,
    Avoir encore et toujours
    L'envie de se reconstruire,
              J'ai vingt ans !
    Que ce soit les rues de Montpellier,
    Que ce soit les rues de Nice,
    Ou bien les couloirs gris et sombres
    Que je ne saurai oublier,
    Moi, la jeune écervelée,
    J'ai appris à vivre...
             J'ai trente ans !
    Ma vie n'a cessé de basculer,
    Je n'ai alors plus d'âge,
    Et les rues deviennent trop étroites,
    Soudain ma vie s'est plombée
    Dans les échanges.
     
    Je suis vieille, très vieille
             A présent, j'ai cent ans !
    Les aiguilles du temps 
    Ont raccourci ma vie,
    Je me regarde vivre
    Au travers d'une vitre.
     
    Et tout mon passé dégringole,
    Je marche, je cours,
    Et de rigole en rigole,
    Et de ricochet en ricochet,
    J'aborde, et je m’accroche
    A des soleils rouge orangé,
    A des soleils rouge sauvage,
    Je deviens une pelure d'orange
    Gorgée de tous les soleils d'été.
                Bleu étrange.
    Avoir la rage au corps,
    Avoir la rage au cœur,
    Se reconstruire,
    Se reconstruire
    Au présent...

     

    **********

     
     

    C'EST DEMAIN QUE TOUT SE DÉCIDE
     
     
    Trinquez mes copains,
    Trinquez mes copines,
    Buvez tous et toutes à ma santé !
    De mon passé je ne veux
    Que plus rien ne subsiste,
    Car c'est demain que tout se décide.
     
    La seule arme qui me restait
    Je l'ai faite assassiner...
     
    Je suis parvenue à vaincre
    Tant bien que mal
    Toutes les embûches
    Que m’offrit la vie.
    Ce fut rude et douloureux,
    Car les désordres de mon corps
    Eux furent terribles.
     
    J'ai alors refusé
    De devenir une loque.
    J'ai alors refusé
    De ne devenir que mon ombre.
     
    Alors... j'ai marché
    Pour ne devenir que moi-même.
    Alors... j'ai marché
    Car je n'avais de cesse
    Que de vaincre l'impossible.
     
    Y suis-je parvenue ?
    L'espoir qui demeure
    Circule dans mes veines !
     
    Alors...
     
    Trinquez mes copains, 
    Trinquez mes copines,
    Et que le champagne 
    Coule à flot,
    Car c'est demain
    Que tout se décide.

      

    **********

     

                LA SOLITUDE
     
     
    Que de chemins de traverse
    J'ai dû emprunter,
    Où j'ai égaré et perdu
    Toutes mes vertus,
    Dans mes souliers
    Que de solitude trimbalée.
     
    C'est à l'ombre de ma solitude
    Que j'ai grandi,
    Sur des sentiers de fortune
    Que j'ai rencontré
    Dame Liberté !
     
    Comme de l'argile
    Sur ma peau café-crème 
    D'un seul coup se brise,
    Éclate en mille arcs-en-ciel,
    Alors, jaillit d'un noir d’ébène,
    Ce qui fut sûr
    Et sans pareil,
    Toutes mes certitudes.
     
    J'ai alors courtisé d'autres soleils,
    J'ai alors goûté à tous les miels,
    Bien qu’éphémères,
    Mais que de longs tête-à-tête
    Passés ensemble.
     
    J'ai suivi chacun de tes pas,
    J'ai dormi au creux de tes bras,
    Et quand mon lit
    Ne fut plus qu'une impasse,
    Lorsque je me suis sentie lasse,
    J'ai alors déposé mes armes
    Au creux des bras des hommes,
    J'ai continué à vivre
    Vaille que vaille !
     
    Il m'a fallu du temps
    Pour comprendre
    Que je n'avais que toi
    Pour compagne.
     
    Je n'ai cherché aucun mirage,
    J'ai évité beaucoup de naufrages,
    Quand tes bras, doux et tranquilles,
    Se sont enfin posés sur moi,
    Je n'ai rien trouvé à dire 
    J'ai retrouvé, c'est absurde,
    Le goût de vivre.

     
     

    **********

     

             SOLITUDE


    Un jour du mois de mai,
    Sur un sentier quelconque,
    Le hasard me fit rencontrer 
    "Dame Liberté".

    Dans un champ de blé
    Où se mouvait une
    Multitude de fleurs,
    Et ce... à perte de vue...

    Des roses trémières,
    Des roses rouges rebelles,
    Des giroflées aux senteurs pimentées,
    Des pâquerettes lissant
    Sans-cesse leurs collerettes
    De peur qu'elles ne se froissent,
    Ainsi que des marguerites...
    Tout semblait si magique !

    Heureuse... j'ai alors poursuivis
    Ma route en solitaire...

    Et le soir venu,
    Quand des ombres furtives
    Prennent la couleur de la mer,
    Quand la mer rejoint
    Comme un besoin le soleil,
    Quand le soleil danse
    Dans les bras de la mer,
    Quand la mer et le soleil se confondent
    Ressemblant à deux amants.

    Je te vis alors danser, virevolter 
    Dans une robe que je n'aurai pu imaginée,
    C'était magique et grandiose,
    Mais tu paraissais si frêle
    Sur ces vagues survoltées ,
    Tes pieds semblaient à peine toucher l'eau.

    Hélas l'enchantement
    fut de courte durée,
    Mais heureuse de t'avoir rencontrée...

    Désormais, je laisserai
    Le champs libre
    A la réalité...

    Mais j'ai vu l'espace 
    D'un moment,
    La solitude tenant par la main
    Ma liberté !   

     

    **********

     

                   MARSEILLAN
     
     
    Même sous ton gris apparent,
    Même sous ton soleil étincelant,
    Tu es, tu resteras
    Mon midi apaisant.
     
    En septembre,
    Sous ta grisaille,
    Longeant le port matinal
    Tes restaurants
    D'habitude bruyants
    Semblent s'endormir,
    S’alanguir
    D'une récente métamorphose.
     
    Tes arbres à demi dépouillés,
    Arbres de lumières,
    Arbres de sang,
    Arbres de feux.
     
         Mais où donc étales-tu ta misère ?
         Ne vois-tu donc pas que je suis maudite ?
     
    A me promener souvent
    Dans ton centre ville
    Ma pugnacité
    Y a gagné,
    Avant n'étais-je pas la maudite, 
    Qu'il fallait absolument rejeter ?
     
    Il m'a fallu du temps
    Pour me faire admettre,
    Aujourd'hui ce n'est plus
    Qu'un lointain souvenir.
     
    Mais que l'on ne s'y trompe pas
    Ma volonté,
    Ma pugnacité
    Y sont certainement pour quelque chose.
     
    Ce que j'ai trouvé dans cette ville
    Restera pour moi écrit
    A jamais dans mes lignes.
     
    Inconsciemment je l'ai promenée,
    Inconsciemment je l'ai implorée,
    Elle a pris une place importante,
    C'est l'amitié gagnante,
    Merci Marseillan !

     

    **********

     

               NU INTEGRAL


    Un nu intégral
    C'est peut-être
    Pour quelques uns
    Un régal,
    Moi, quand j'écris,
    Même parfois
    N'importe quoi,
    Il faut que je me mette
    Immédiatement à poil !

    Peut-être suis-je exhibitionniste 
    quelque part ?

    Les mots, je les sauce
    A la mode du moment
    Et selon les circonstances,
    Devant eux, je me dénude
    Complètement.

    Manouche par omission,
    Voleuse de poule
    En toute occasion,
    Mais futée comme un renard
    Je cherche ma proie,
    Et fond sur elle
    Pour satisfaire mes émois.

    Gitane, gitane
    Dans l’âme,
    Aux vues des circonstances
    Je ne serai jamais
    A ma place,
    La bonne aventure
    Ne me fera jamais fortune,
    Au clair de lune,
    Ma vie ne vaut rien !
    Même pas une déchirure,
    Alors, pourquoi faire un détour
    Sur mon passé.

    Ce passé, je l'assume
    Complètement,
    Ce passé qui, de toutes évidences,
    Était fait à mon image,
    Nul besoin de se plaindre...
    Nul besoin de geindre...
    Nul besoin de pleurnicher
    Sur soi !

    Voilà ! Encore une fois,
    Me voilà totalement à poil !
    Je suis un corridor qui se dévaste,
    Je suis un corridor qui se dévore,
    Je suis un corridor qui n'a vécu
    Que pour se mettre à poil 
    Devant les autres !

      

    **********

     

                    JE SUIS


    Je suis un chant contestataire.
    Je suis un champ qui sort de le terre,
    Où les blés et le vent du large
    Aiment amoureusement caresser.

    Je suis un poing,
    Un poing qui menace,
    Un poing qui trace,
    Qui surtaxe
    Toutes les révolutions.

    Je suis un chant
    Qui survole,
    Un chant rouge gorge
    Chantant aux rythmes 
    Des quatre saisons,
    Un chant qui agace,
    Un chant de rapace
    Qui sous ses grandes ailes
    Fuit un monde à la con !

     

    **********

           CHAQUE VERRE BU


    Derrière chaque verre bu
    Se révèle une grave blessure,
    Qui n'a de cesse
    Que l'oubli de son passé.

    Outrancière est la vie,
    Quand elle claque
    Chaque porte
    Derrière laquelle
    On s'est réfugiée
    Et endormie.

    Elle nous consume
    A petit feu,
    Elle trace son empreinte
    Sous des dalles,
    Sous des "que dalle"
    Va la vie.

    Tout se joue
    Dans l'absence du temps,
    On dégringole
    Doucement, lentement,
    Sans vraiment sans apercevoir
    Nous devenons
    Ce sang liquide
    Qui se déverse,
    Nous rassurant,
    Mais nous enserrant
    Jusqu’à l'oubli,
    Jusqu'à l'évanouissement
    De soi !

    Derrière chaque verre bu,
    Esseulée, une voix s'est tue.
    Derrière chaque verre bu,
    Nous errons sans but
    Parmi des cendres
    Attisant sans bruit
    Leurs désespérances.

     

     

              Depuis, croyez-moi


    Un jour, je ne sais trop pourquoi
    J'ai laissé choir, sur un coin de comptoir,
    Un verre
    Que j'avais pris soin de peindre
    Aux couleurs d'anisette.

    Je l'ai regardé de travers,
    Et lui ai dit :
    ... "Toi ma vieille,
    Je n'en peux plus
    D’être accrochée
    A tes basques,
    De me traîner,
    De me disloquer,
    Et d'apparaître
    Au moindre de tes appels,
    En un mot,
    Je préfère
    Ne plus paraître,
    Mais disparaitre
    Sous un linceul blanc,
    Emportant avec moi
    Mes angoisses,
    Ma détresse
    Et mes pleurs.

    Alcool, mon cher alcool !
    Disparate,
    Noirâtre,
    Et peint aux couleurs
    Du désespoir.

    Depuis, croyez moi,
    Il n’arrête pas,
    Et me tire une gueule
    Pas possible... Et de bois !
    Il m'en veut, j'en suis sûre,
    Mais ce verre
    Que j'ai laissé choir
    Sur le bord du comptoir,
    Je me l'interdis,
    Je ne veux plus y toucher.

    J'ai trop bu l'errance,
    J'ai trop bu la dépendance,
    A cause de lui, j'ai aussi vu
    Des éléphants de toutes les couleurs.
    Je regrette, mais le feu de paille
    Que j'ai un jour allumé
    Par mégarde, j'en suis venue à bout,
    Alors, je laisse tomber !

    J'aurai la force,
    J'aurai le courage
    De serrer les poings,
    De serrer les dents
    Comme je l'ai fait si souvent,
    De tes appétits féroces
    J'en sortirai triomphante,
    Malgré le lourd fardeau
    Me pesant au dos.

    La violence
    Brutale
    De ma dépendance
    M'a fait trembler,
    Trembler de rage
    Devant tous tes pourboires
    Que j'encaissais
    Sans broncher.

    Dix-huit, bientôt
    Dix-neuf ans
    Que j'ai défouraillé,
    Et fait éclater
    Mes chaînes,
    Et plus une goutte
    D'alcool
    Ne circule à nouveau
    Dans mes veines.

    Alors, moi je dis,
    Parce que personne
    Ne le fera à ma place,
    "Chapeau Madame !
    Chapeau de vous en être sortie !"

     

    .

     


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    DES MOTS POUR L'AUTODERISION

     

           TROTINETTE


    On m'appelle trottinette,
    J'ai un petit vélo dans la tête,
    Soir et matin je cavale,
    Des kilomètres j'en avale,
    Et tant mieux si j’atteins l'extase !

    De la bouteille j'en tâte,
    Mais pas de n'importe laquelle
    "Du château la pompe".
    Le soir, exténuée, je m'allonge,
    Et le lendemain, je recommence !

    Je trottine ,
    Je butine,
    Cela ne me rapporte rien,
    Je ne suis pas une catin,
    Mais bordel !
    Ce que j'ai pu user comme baskets !  

     

     

     

             A PETITS PAS, JE TROTTE


    Moi, je ne m'occupe pas de vos affaires
    Alors, s'il vous plaît,
    Laissez-moi dans mon jardin secret,
    Que je cultive sans arrêt,
    Où je me sens à l'aise.

    Laissez-moi avec mon sacré caractère,
    Laissez-moi avec mes emmerdes.
    Ici les embrouilles
    Se ramassent à la pelle.

    Dès qu'un couic passe
    Il faut que je me le ramasse,
    Et je n'ai pas mon pareil
    Pour me mettre dans la merde.

    Pourtant mine de rien
    Je navigue à travers les siècles,
    Même si je ne vaux rien,
    Même pas trois pets
    Qui sortent de mon derrière.

    Je slame sur deux mots,
    Trois notes,
    A petit pas, je trotte...
    Je slame pour que tout bouge,
    Je slame pour que tout change,
    Mais si par malheur ça cafouille
    Je deviens un petit ange !

    Les petits chefs, c'est l'embrouille.
    Les petits chefs sont de véritables
    Casse-couilles.
    Je ne suis pas médisante,
    Mais je slame pour que l'on ne me mette
    En vente,
    Je slame pour ne pas me retrouver
    Aux enfers,
    Et je slame parce que je ne sais
    Pas me taire !

    Je juge ! Je juge ! L'inacceptable.
    Je juge ! Je juge ! Et je râle.
    Je lance, je lance
    Des oriflammes,
    De mes narines en furie
    Sortent toutes sortent de mots,
    Alors, dans un cadre bien défini,
    Je les malmène sans merci.

    Moi, je serai de toute évidence
    Une éternelle râleuse,
    Mais je m'abstiendrai
    D’être une éternelle rêveuse.
    Les rêves ne mènent
    Nulle part,
    Mais, je rêve, je rêve
    Gratuitement !

    Peut-être que pour vous
    Cela n'a aucune importance,
    Mais pour moi, ça me regarde,
    Car la tête de lard
    Que j'ai, et que je garde,
    Ne suivra jamais la vôtre.
    Je ne suis pas un
    De vos bons apôtres...  

     

    ********** 

     

               DOMMAGE !


    Veuillez m’excuser
    Si je ne parle pas
    A haute et intelligible voix,
    Mais les gens qui gueulent
    A tout moment
    Me crèvent les tympans !

    Veuillez aussi m'excuser
    Si je parle du nez,
    Si je bégaie,
    Mais j'ai dû égarer
    Mon dentier !

    Excusez-moi si je ne suis pas
    Toujours sage...
    Excusez-moi de ne pas être
    Toujours à la page,
    Mais je crois que je mords
    Je dois sûrement
    Avoir la rage...

    Excusez-moi si je ne suis plus
    Qu'une trottinette,
    Si je ressemble plutôt
    A un autobus ambulant,
    Et si, à chaque station de métro,
    Je  m’arrête pour demander
    Qui je suis vraiment.

    Excusez-moi si je passe mon temps
    En compagnie de la solitude,
    Mais que voulez vous ?
    A chacune ses petites manières !
    Mais avec elle au moins
    Je m'envoie en l'air !

     

     **********

     

          IL EST BIEN DOMMAGE !

     

     Il est bien dommage
    Que moi, pauvre crétine,
    Je ne sois pas mise en vente,
    Et ne figure point
    Dans les arts et décorations !

    Je fais plutôt partie
    De la France défigurée,
    De la France en péril,
    Qu'il faut sans-cesse reconstruire
    Si elle veut continuer à exister !

     

    **********

     

                  MON LIT


    Mon lit est mon domaine !
    Et dans mon lit je me promène,
    Alors, dans mon imagination
    En ébullition,
    Je sors de mon chapeau
    Des tas de gens en colère,
    Mais je les mitonne
    Avec énormément de précaution,
    Car, si je ne fais pas attention,
    Je risque de m'assoir sur un con.

    Mon lit est mon royaume !
    Alors j'ordonne,
    Fais jaillir de mon cerveau
    De grands chevaux
    Aux yeux gris,
    Partant au galop
    Pour brouter mon dessus de lit
    Ainsi que mon lit.

    Mon lit est pratique,
    Toutes sortes de gens
    Y cohabitent,
    Je les dirige moi-même,
    Je suis devenue
    Un grand chef d'orchestre,
    Je suis dingue de lit,
    Magicienne je suis !
    Quand je claque des doigts
    Toutes sortes de paysages
    Sortent, aussi multicolores
    Et aussi beaux les uns
    Que les autres.

    Dans mon lit 
    S'installe parfois
    Madame "nostalgie",
    C'est une grande fille
    Sauvage,
    Mais de passage,
    Qui pleure jour et nuit.

    Enfin, un jour dans mon lit
    J'ai rencontré vaille que vaille
    L'amour de ma vie,
    Alors, il s’est installé
    A mes cotés,
    C’était un poème
    Que j'avais entrevu la veille,
    Il était si content
    Quand je l'ai attrapé au vol.
    Je l'ai aussitôt mis en page
    sur le bord de mon lit,
    Et lui ai fait une place importante.

    Depuis je gamberge
    Et je divague,
    Mon lit est devenu
    Tout à coup trop étroit,
    Alors je crée
    Des tas de prairies,
    J'installe de grands chevaux
    Aux yeux très, très gris,
    Pouvant en toute quiétude
    Brouter mes couvertures,
    Crinières au vent
    Et au triple galop,
    Car sur leur front
    J'ai pris grand soin
    D'inscrire en lettres capitales :
               
                LIBERTÉ !

     

     **********

     

              CON ET SANS RAISON


    Heureusement que la connerie
    N'est pas universelle,
    Mais, quand elle fait du zèle,
    Là, vraiment, je désespère !

    Quand on n'est con,
    Con pour de bon,
    On ne se pose pas de question,
    A quoi bon !

    Votre connerie vous suit,
    Inlassablement vous poursuit
    Sur des sentiers incongrus,
    Sur des sentiers imprévus.

    Machinalement, quand on la croise,
    Quand on croit la voir
    Dans un miroir,
    On la salue bien bas et poliment
    "Bonjour le con"
    Alors on lui répond
    "Oui, je sais, je suis con,
    Con et sans raison !"

     

     **********

     

                 LA CONNERIE


    Sa connerie est telle,
    Qu'une fois monté
    Le premier étage,
    Le second est obstrué
    De part en part.

    Et, c'est avec beaucoup de peine
    Que tu montes le troisième.

    Et, je ne te raconte pas les autres !  

     

     **********

     

          JE SUIS UN CON


    Je suis un con,
    Je suis un con,
    Je suis un consul
    Qui doit rencontrer
    d'autres cons
    D'autres cons,
    D'autres confrères.

    En cours de route, je tombe
    Sur un con,
    Sur un con,
    Sur un autre compagnon
    qui cherche
    Qui cherche
    Un autre comparse.

    Tous les  trois
    Nous sommes cons,
    Nous sommes cons,
    Nous sommes considérés
    Par d'autres cons,
    Par d'autres cons,
    Par d'autres conquérants.
    J'en reste con,
    J'en reste con,
    J'en reste consterné
    De ne pas être con,
    De ne pas être con,
    De ne pas être considérée
    Par un autre con,
    Par un autre con,
    Par un autre compère.

    Je vous en con,
    Je vous en con,
    Je vous en conjure,
    Car tout con,
    Car tout con,
    Car tout commentaire
    Reste mal con,
    Reste mal con,
    Reste mal convenu.

    Alors, je vais faire
    Un tour au con,
    Un tour au con,
    Un tour au confessionnal
    Voir les cons,
    Voir les cons,
    Voir les constipés
    S'agitant autour
    D'une con,
    D'une con,
    D'une compote.

    Entre-temps j'aperçois
    Un con,
    Un con,
    Un convoi
    Traînant un con,
    Traînant un con,
    Traînant un compartiment
    Charger de con,
    Charger de con,
    Charger de conjurés
    En direction de cons,
    En direction de cons,
    En direction de Constantinople.

    Je suis un con,
    Je suis un con,
    Je suis un conte
    Réglant ses con,
    Réglant ses con,
    Réglant ses comptes.
    Car je suis con,
    Car je suis con,
    Car je suis convoitée
    Par des con,
    Par des con,
    Par des comparses
    Qui sont des cons,
    Qui sont des cons,
    Qui sont des consultants
    Bien malveillants à mon gré.

    Je suis un con,
    Je suis un con,
    Je suis une constellation
    Lambinant devant un con,
    Devant un con,
    Devant un con,
    Devant une conjugaison.

    Alors, je me con,
    Alors, je me con,
    Alors, je me console
    Avec un con,
    Avec un con,
    Avec un compatriote,
    Autour d'un con,
    Autour d'un con,
    D'un repas convivial.
    Je suis con,
    Je suis con,
    Je suis con,
    Je suis complétement
    Dépasser par un con,
    Par un con,
    Par un congénère
    M'achevant à coup de con,
    A coup de con,
    A coup de combiné
    Sur la tête.

    J'en ai mare d’être con,
    D’être con con,
    D’être con,
    D’être conspuée
    Par un con,
    Par un con,
    Par un concessionnaire
    Tous les jours de la semaine.

    Je me con,
    Je me con,
    Je me consume
    Pour  un con,
    Pour  un con,
    Pour un compromis,
    Comme une con,
    Une con,
    Une con,
    Une consigne,
    J’accepte enfin un con,
    Enfin un con,
    Enfin un con,
    Enfin un concert
    Autour d'un con,
    Autour d'un con,
    Autour d'un repas consensuel.

    Avouer qu'il faut être con,
    Être vraiment con,
    Pour vous raconter un con,
    Vous raconter un con,
    Vous raconter un conte
    A dormir debout... Ouf !!!  

     

    **********

     

              LA FLAGELLATION


    A me flageller tout le temps
    Le derrière,
    Je ne suis pas certaine
    D'arriver tout à fait entière
    Devant le dieu tout puissant.

    Pourtant, le petit Jésus
    M'avait promis
    Un coin tranquille
    Dans son paradis.

    Ici, tu ne seras point traquée
    Par "edvige".
    Ici, tu peux écrire,
    Personne ne viendra
    Te déranger.

    Jésus, me paraissant
    Très en forme,
    Me proposa une pomme,
    Que je mis aussitôt
    Dans mon panier,
    Qui, aussitôt, se transforma
    En petit lutin.

    Voyant passer Êve,
    Je me mis en quête
    De lui en proposer une.

    Refusant mon offre,
    Qui n'avait plus aucun intérêt,
    Tant elle savait la suite des choses.

    Je me suis dit
    Quel intérêt
    A rester ici ?
    A tout prendre,
    Je préfère être traquée
    Par "edvige"

    Depuis, je n’arrête plus
    De me flageller le derrière,
    Je n'assume plus mes arrières,
    "Edvige" me poursuit sans cesse,
    Peut-être, finirai-je aux enfers.  

     

    **********

     

             C'EST BIZARRE


    C'est bizarre,
    Mais il me semble
    Que j'ai les chevilles
    Qui enflent
    Chaque jour davantage,
    Peut-être que je marche de trop,
    Et les pieds en dedans ?

    Je me sens toute drôle,
    J'ai dû avaler un gramophone,
    J'ai dû aussi boire trop
    De jus de carotte,
    Mais je ne me vois point
    Avec des fesses roses !

    Un mal intense me prend
    Tous les jours,
    J'ai un mal fou
    En-dessous des genoux,
    A trop vouloir marcher
    La tête en avant,
    Je perds l'équilibre
    A chaque instant.

    C'est à n'y rien comprendre,
    On a dû passer la commande
    Au dieu créateur,
    Qui s'est empressé
    De tout faire à l'envers.

    ...Et c'est peut-être pour ça
    Que je marche de travers !

     

    **********

     

              SI VOUS TROUVEZ
     
     
    Si vous trouvez cela si drôle
    De ne pas être toujours à la mode;
    De marcher en biais,
    De marcher à cloche-pied
    Et d'avoir au bout de son nez des groles !
     
    Si vous ne trouvez pas cela facile
    D’être charger comme
    Une pile électrique,
    D'avoir la tête en oblique,
    D'avoir au bout de ses pieds des fenêtres,
    Et au bout de ses souliers
    Un monticule de lunettes !  

     

    **********

     

              DÉSORMAIS


    Désormais, nous rentrerons
    Dans la ronde folle
    Des cocus de toutes sortes.


    Désormais, nous resterons
    Affreusement seule
    Au seuil de nos nuits.

    Alors, d'autres prendrons la relève,
    Je ne crains rien pour vous,
    Je crains pour ceux et celles
    Qui ne manqueront pas de rentrer
    Dans la ronde folle
    De tous les cocus du monde.            

     

    **********

     

              UTOPIE

     

    Utopie,
    Je t'en prie,
    Arrête de faire la toupie
    Dans ma pauvre tête !

    Ma tête dans un abreuvoir,
    Je nage... Je nage...
    Ma tête sur un volcan,
    Je montre les dents.
    Ma tête dans les étoiles,
    Là, je mets les voiles !

    Puis, je dis pouce !
    Je marche dans ma vie...
    Puis, je dis pouce !
    Revoilà l'utopie
    Frappant doucement,
    Elle ne me met aucun interdit,
    Elle me donne tout l'espace
    Pour écrire toutes mes conneries,
    Alors... Je divague !

    Gentiment, elle me donne
    Toute la panoplie
    Du décrassage du cerveau.

    C'est sûr je serai à la une
    De tous les journaux,
    En vraie terroriste...
    En vraie utopiste...
    Je finirais très certainement
    entre les mains d'endoctrinants
    Du ministre de l'intérieur.

     

     **********

     

                 TÊTE DE LARD


    Ma tête de lard
    Je la garde,
    Quitte à aller l'exposer
    Sur les trottoirs du monde entier.

    Ma tête de lard
    N'est pas à cuisiner,
    Toute frisée qu'elle est,
    Patiemment je la place
    Dans un placard,
    Et au hasard des bagarres,
    Selon les circonstances,
    Tranquille, je la sors,
    Je la regarde,
    Et lui dis :
    "Vas-y, ma vieille,
    Rentre dans la bagarre".

    Ma tête de lard
    N'est pas à vendre,
    Loin de là !
    Je refuse les vicelards
    Qui sur mon chemin se présentent,
    Je préfère aller les placarder
    Sur tous les platanes,
    Et j'avoue que ça me fait
    De très belles jambes.

    Ma tête de lard
    Je la côtoie
    Tous les jours de la semaine,
    Du lundi au samedi,
    C'est la même rengaine,
    Alors, je vais la promener
    Sur tous les boulevards,
    Pour la faire voir
    A tous les passants,
    Et ma foi, j’observe
    Tous les égards
    Faits à ma tête de lard.

     

     **********

     

              LE TIC-TAC


    J'ignore ce qui se passe
    Dans ma petite tête,
    ça fait un bruit infernal,
    Un genre de tic-tac,
    Mis là par inadvertance,
    Qui se déplace
    En folie furieuse,
    Au gré de mes interférences.

    Est-ce ma faute à moi
    Si ce tic-tac,
    Jour et nuit, se déchaîne
    Au point de ne plus savoir
    Dans quelle étagère j'erre ?

    En permanence je vis
    Avec ce tic-tac infernal,
    Qui de jour en jour
    Devient intenable.

    J'ai beau le chasser,
    L’implorer,
    Lui demander de se taire,
    Il n'en fait qu'à sa tête
    Le con !

    Peut-être faudra-t-il
    Que j'envisage
    La pire des choses,
    Le remplacer,
    Pour mettre à sa place
    Un flamboyant toc-toc,
    Tout neuf,
    Qui terroriserait
    Tous les passants !

    Et puis non !
    Je garde mon tic-tac,
    Qui m'en fait voir
    De toutes les couleurs,
    Je veux bien aussi,
    Pour lui tenir compagnie,
    Un toc-toc en plastic.

    Mais si le hasard
    Un jour me rend folle,
    Que l'on ne s’étonne pas,
    Car le tic-tac
    Et le toc-toc ensemble
    Me feront certainement
    Perdre la raison,
    Car dans ma pauvre tête
    Tout ne sera que bordel.  

     

     **********

     

          SI PEU CONVENTIONNELLE



    Je suis si peu conventionnelle,
    Pâques... Les anniversaires...
    Les défilés... Et Noël...
    Franchement... ça m'emmerde

    Ces manigances célébrées
    En grande pompe, chaque année,
    Et à date fixe,
    Cela m'horripile.

    Je préfère aller rêvasser dehors,
    Surtout quand la pluie
    En continue dégringole.
    J'aime écouter la force du silence,
    Le nez au vent.
    Au loin le chant d'un oiseau s’élance.
    J'aime la bagarre du vent,
    Qui chahute dans les branches d'arbres.

    Moi, ça ne me fait plus bander
    Tous ces défilés à la télé,
    Les anniversaires
    Tournent souvent au rituel,
    Et que c'est déprimant
    D'ajouter toutes les années
    Un an en plus !
    Quel intérêt de rajouter sur un gâteau,
    Pernicieusement entouré
    De crème chantilly,
    De nous offrir des cadeaux,
    Histoire de nous faire oublier
    Le poids de chaque année !

    Moi, je préfère un bon gueuleton,
    Avec des tas d'amies,
    Qui nous fera oublier
    Pendant quelques instants
    Tous nos ennuis,
    Et nos âges respectifs !

    Et ne me parlez... JAMAIS
    De la fête des grands-mères
    Cela me ferait gerber
    Des nuits entières !

     

     **********

     

                  LA DEBROUILLE


    Je ne suis ni la brouille,
    Je ne suis ni la débrouille,
    Je suis tout simplement l'embrouille !

    Je ne le fais pas exprès,
    Je ne sais pas calculer
    Les autres,
    Mais quand je fais l'andouille
    Alors, je dérouille quelque chose !

    Étant loin d'être une "casse-couille"
    Je me suis souvent casser la gueule,
    J'ai souvent crier "OUILLE"
    quand je me roulais dans la meule.

    Petit à petit la rouille
    M’attaque de tous les cotés,
    Alors je ne bois plus
    Que de l'eau "ouille"
    Vue dans les publicités !

    Je suis la brouille,
    Je suis la débrouille,
    Je suis aussi la rouille
    Que l'on déroule
    A longueur de route.

     

     **********

     

         DU GRATTAGE, S'IL VOUS PLAÎT ?


    S'il vous plaît !
    Donnez-moi du rêve...
    Du rêve à ne plus savoir qu'en faire,
    Et du grattage plein la tête !

    L’appât du gain que m'offre la vie
    Me fera gratter sous la crasse
    De la réalité !

    Je ferai alors partie
    Des six-cent milles
    Addicts aux jeux de hasard.

    Donnez-moi s'il vous plaît
    Des tas de rêves,
    Des faux semblants
    Où je nagerai à l'aise,
    M'imaginant que tout
    Mes problèmes s’envoleront !

    S'il vous plaît !
    Donnez-moi de l’adrénaline,
    Qui forge l'illusion
    De refaire sa vie sans mal-être.

    J'irai rejoindre la cohorte
    De la dépendance,
    Je m'accrocherais
    Au wagon de l'engrenage,
    En bénissant le ciel
    De m'avoir fait stupide
    De croire à leurs mirages !

    Je m’achèterai avec
    Les économies de la désespérance
    Un psy qui m’enlèvera
    Toutes envies de grattage !

     

     **********

     

               ÇA M’ÉNERVE !


    Ça m’énerve,
    M'énerve vraiment
    De ne plus être comme avant,
    De mettre cinq à dix minutes
    Pour lever mon cul
    D'une chaise
    Ou de mon lit.

    Ça me fait
    Grincer des dents
    D’être à la traîne
    Des honnêtes gens.
    Ça m'énerve,
    M'énerve vraiment
    De sentir mon corps
    Qui de jour en jour
    Se voûte, rétrécie
    Au point de disparaître
    Dans les limbes de l'enfer.

    Ça me fait grincer
    Des dents
    Quand la Société
    Rejette sans vergogne
    Les vieilles loques
    Que nous sommes.

    "Au rebut les vieilles,
    Place aux jeunes!"

    Ça me fait
    Aussi gerber
    Quand on pose
    Un regard compatissant
    Sur nous.
    Nous avons traversé
    Tant d'humiliations,
    Tant d'appréhensions,
    Que vos regards assassins
    Nous gênent.

    Nous avons aussi
    Transpiré, sué,
    Sué eau et sang
    Sur toutes les chaînes
    Du profit du capital.

    Extensibles, flexibles,
    Pliant sous le poids
    De vos regards méprisants.

    Ça m'énerve,
    Ça m'énerve un max
    Quand je vois le féminisme
    Disparaître sournoisement
    Au profit de l'homme tout puissant,
    Ça m'énerve, ça m'énerve
    Quand on nous traite
    De potiches , de godiches
    Et j'en passe et des meilleures.
    On régresse, on régresse
    Et si même les bonnes femmes
    S'y mettent, on n'est pas sortie
    De l'auberge  !

    Ça m'énerve,
    Que ça m'énerve,
    Pourtant il faut qu'on avance,
    Qu'on se batte
    Contre ce pauvre monde,
    Qui craque de tous cotés.

     

     **********

     

                   SAVEZ-VOUS ?


    Savez-vous que quand vous parlez
    Ce sont mes fesses qui vous répondent !
    Que vous le vouliez ou non
    Mes fesses, et moi-même, nous avons horreur
    Des hypocrites, des lèche-culs,
    Des faux-jetons, des faux-semblants,
    Des gardes-chiourmes,
    De tous ceux qui font la joie
    De tous les médisants.

    Vous avez mauvais caractère ?
    Qu'à cela ne tienne,
    Du moment que vous ne vous laissez pas faire !
    Vous êtes un bon chrétien ?
    Qu'à cela ne tienne, aussi,
    Tendez la joue que l'on vient de vous claquer,
    Et remercier toute la clique
    De tous les saints d'esprit !

    Vous aimez la rumeur ?
    Celle qui laisse la porte ouverte
    A toutes les audaces ?
    L'audace de faire du mal
    Par tous les colportages
    De bas étages,
    L'audace de détruire une personne
    Aux yeux des autres ?

    Si cela reste votre passion...
    Mais n'oubliez pas,
    Parlez derrière mon dos,
    Ce sont mes fesses
    Qui vous répondront !

     

     **********

     

        OH RAGE ! OH DESESPOIR !


    Oh ! rage,
    Oh ! désespoir,
    Oh ! supplice extrême.

    Dès que j'entrevois
    L'ombre d'une balance,
    Je prends la poudre d'escampette.

    Dès que la flèche
    Oscille entre ceci
    Ou entre cela,
    Je panique
    J’angoisse

    A chaque gramme
    Que je prends,
    J'enrage !
    Je suis aux abois,
    C'est l'horreur,
    C'est le drame,
    C'est le cauchemar !
    Je voudrais tant ressemblée
    A Madame tout le monde !

    Les miroirs, je les évite,
    Voir mon double m'horripile !

    J'aimerais tant
    Décoller les affiches,
    Passer entre les briques murailles,
    Être filigramme, plate comme un fil de fer,
    Déserter tout ce qui
    Se rapporte au gramme !

    Mais...
    Oh ! rage,
    Oh ! désespoir,
    Oh ! supplice humain...
    Eloignez-moi de cette balance,
    Eloignez-moi de ces crèmes chantilly,
    De ces patate,s de ces pâtes
    Bourrées à ras bord de sauce Bolognaise

    Je voudrais devenir
    Une femme conforme,
    Être aux  normes
    De tous les catalogues
    A la mode,
    Être au top,
    Pour faire plaisir
    A tous Ces donneurs de morale,
    Qui n'ont qu'un but
    S'en mettre plein les poches
    Sur votre dos !   

     

     ********** 

     

                   TABOUS  
     
    Face à ce monde de silence, 
    Brisons toutes les chaînes
    De nos souffrances,
    Réduisons les en petits tas de cendre.
     
    Démontons tous les tabous
    Qui nous mettent à mal,
    Nous mettent hors Société.
    Démontons avec force
    Toutes les idées reçues.
    Se faire un certain plaisir
    De leur tordre le cou !
     
    Passons aussi en force devant
    Tous les préjugés.
     
    Autorisons-nous à les ridiculiser,
    Et ceci à satiété !
     
     Même si notre dos se voûte,
    Même si avancer à petits pas
    Nous demande tant d'hésitations
    Et beaucoup d'efforts.
    Même si nous devenons parallèle,
    Diffuse, confuse, transparente,
    Notre corps rétrécit en silence
    Usé par toutes les outrances.
     
    Étrange est notre zoo,
    Vous regardez notre handicap,
    Mais à une certaine distance,
    Il révèle à vos yeux
    Trop de réalité, trop de vérité,
    Cela, vous ne pouvez le supporter.
     
     S'il vous plaît !
    Acceptez nos différences,
    Nous aimerions tant
    Que vous acceptiez
    Nos maladresses
    Ainsi que notre vieillesse.
       

     **********

     

          JE DÉCOMPRESSE


    Avant que je ne devienne
    Une pile électrique,
    Que des bulles m’atteignent
    Et me montent au cerveau.

    Autant éviter de devenir
    Une bouilloire prête
    A péter les plombs, je préfère
    Et de loin anticiper.

    Je m'en vais au jardin,
    Trottiner un brin.

    Je marche,
    Je décompresse,
    Je marche,
    Je canalise mon stress.

    Quelque soit le temps
    Il n'a aucune prise sur moi,
    Qu'il neige, qu'il pleuve, ou qu'il fasse
    Un coup de vent,
    C'est plus fort que moi
    Il faut qu'au jardin
    J'aille me dégourdir les genoux,
    Il faut que je dégage,
    Il faut que je décompresse un max !
    Avant que je ne fasse
    Du rentre-dedans
    A un quidam,
    Ou bien que je mette
    Le bordel et le boxon
    Chez tous les cons
    De la planète.

     

    ********** 

     

             DANS MON ZOO


    Dans mon jardin zoologique
    Je vis comme dans du coton,
    J'y prospère, j'ai une telle tête de bourrique
    Que même le public refuse
    De me lancer des figues sèches
    Ou quelques cacahouètes !

    Trottinant allégrement
    Parmi les houx
    Je dépose mon crottin
    N'importe où, 
    Ainsi, je donne satisfaction
    A tous les oiseaux
    Se gavant de ma misère physique.

    Je vis très bien dans mon zoo,
    J'évite par tous les moyens
    De faire de l'ombre à quiconque,
    Mais, toutes dents dehors
    Il faut bien que, de temps en temps,
    Je morde... dans le jarret,
    Soit pour me faire comprendre,
    Soit pour me défendre
    Et que tout le monde m'entende !

    Je suis une vieille carne
    Noirâtre, traînant la patte,
    Je crains hélas
    Ne plaire à personne,
    Pourtant ma réputation
    Je l'ai faite moi-même.

    Ne cherchant aucune compromission,
    Tête de pioche,
    Tête moche,
    Mais qui ose crier haut et fort
    Ce qui lui plaît !
    Mais, aussi et surtout,
    Ce qui lui déplaît.

    Ne vous en déplaise,
    Je suis une bourrique
    Qui, dans son zoo, n'avance
    Que quand ça lui plaît !

     

     **********

     

                   LE CANCRE


    Toute mioche,
    Sur les bancs de l'école,
    J'adorais farandoler,
    Ma tête dans des arcs-en-ciel
    J'aimais vagabonder.

    Un peu poète,
    Un peu bohème,
    Tête de pioche
    Je ne comprenais
    Rien de rien
    A ce que me racontait
    Le maître.

    Mon cerveau placé en orbite
    Je refusais alors toutes les mathématiques,
    Ainsi que l'arithmétique
    Et tout ce qui est symétrique !

    Par ricochet successif 
    Je me faisais un certain plaisir
    A enterrer : la grammaire... l'adverbe...
    Ne conjuguais plus
    Les subjonctifs et les adverbes qualificatifs,
    Je gerbais copieusement sur l’algèbre.

    Le cancre que j'ai toujours été
    Ne retenait jamais
    Les leçons du maître,
    Il s'en balançait le cancre,
    Il préférait avoir la tête ailleurs...
    ça se perdait dans les méandres
    De son cerveau.

    Bien au chaud
    Au fond de sa classe,
    Tout près du radiateur,
    Il refaisait le monde le cancre.
    Il préférait rêvasser la tête ailleurs, 
    Et les divisions,
    Et les soustractions,
    Et les multiplications,
    Ce n'était plus son problème.
    Son problème c'était de rêvasser,
    De badigeonner toute sa classe,
    Comme l'aurait fait un peintre
    A qui il aurait poussé des ailes.

    Alors, et le présent,
    Alors, et l'imparfait
    Ainsi que le futur,
    Il n'en avait rien à foutre.

    Aussi ayez pitié pour le pauvre cancre,
    Qui assis au fond de sa classe
    Refait sans cesse
    Mille et un poèmes.
    Il rêve, il musarde,
    Refait sans cesse
    L'école buissonnière.

    La tête sans cesse
    Dans les étoiles,
    Il met les voiles
    Dans un monde
    Sans cour d'école
    Et sans maître.

     

    **********

     

                              Ici-bas


    Ici-bas on s'amuse,
    Et dans la joie,
    A regarder passer les cons.

    Et ces pauvres cons volent,
    Ils volent en rase-motte,
    Ils volent à pigeon-vole,
    Et forme une pitoyable farandole.

    Faut vous dire, Messieurs,
    Que chez ces cons là
    On ne badine pas, Messieurs,
    On ne badine pas...
    On subit leurs lois !

    Ici-bas on ne conjugue plus
    le verbe : "je suis con"
    A toutes les conjugaisons,
    Ou alors, que dans la consternation,
    Ou alors, que dans l'obligation
    Et pour conserver la tradition
    Du pauvre con,
    Alors en pleine mutation
    Toutes sortes de petits cons
    S’éparpilleront en permanentes constellations !

    Faut vous dire, Messieurs,
    Que chez ces cons là
    On ne badine pas, Messieurs,
    On ne badine pas...
    On subit leurs lois !

    Ici-bas la contradiction
    Est de mise,
    Dès qu'un con passe
    Tout le monde se met d'accord
    Pour lui refiler tous les torts,
    Alors, endossons, endossons...
    Car n'importe comment
    Ils nous auront
    Jusqu’au trognon.

    Faut vous dire
    Que chez Ces cons-là
    On ne badine pas, Messieurs,
    On ne badine pas...
    On subit leurs lois !

    Ici-bas tant que les cons
    Posséderont des ailes,
    Du haut de nos balcons,
    Un à un, nous les compterons
    Quand ils voleront
    A tire-d'ailes !

    Mais, nous nous abstiendrons,
    Et ce jusqu'à l'obstination,
    De les juger par procuration,
    De peur qu'il ne nous arrive
    Beaucoup d'autres petits cons !

     

     **********

     

                   Prise de tête


    Dans la famille Sainte Tenaille,
    Apportez-moi, s'il vous plaît,
    Sur un plateau doré,
    Tous leurs os.

    Nous pourrons alors, en toute dépendance,
    Parler de leur sort.
    Nous ne serons point méchantes,
    Juste un peu médisantes...

    Ceux qui auront les doigts longs,
    Ceux qui ressembleront à des horloges
    Nous leur mettrons 
    Un tic-tac sous les talons !

    La famille Tronc,
    La famille Truc,
    Seront présentes à la réception, 
    Et remettront leur démission
    Qui seront acceptées d'avance.

    Cette prose n'a ni queue ni tête,
    Je m’aperçois que depuis trois quart d'heure
    Je tourne en rond,
    Je fais des ronds,
    Et que je me suis fait
    Une sérieuse prise de tête !

     

     **********

     

     ÉPOPÉE SUR LE PONT D'AVIGNON


    Oyez, oyez
    Jeunes gens,
    Vous qui êtes en mal
    D’émotions fortes,
    Écoutez plutôt
    L’incroyable voyage
    De dix petites vieilles,
    Que l'on sort,
    De temps à autres, 
    De leur maison de retraite
    Afin d'aérer leurs derrières.

    Le car roulait tranquillement,
    Et les petites vieilles
    Étaient très heureuses,
    Mais très excitées 
    A l'idée de voir
    Sur le Pont danser
    Les Demoiselles d'Avignon, 
    Et par la même occasion
    De voir son célèbre Festival. 

    Les accès aux péages
    Furent assez folkloriques
    Car la machine têtue 
    Comme un âne refusait
    De nous rendre la monnaie

    Enfin, quand nous sommes arrivées,
    Tant bien que mal,
    Aux abords du fameux
    Pont D’Avignon
    Nos demoiselles
    Avaient disparues, 
    Nous laissant dans
    L’horreur et la terreur
    D’un pneu
    Ayant rendu l'âme,
    Amère déception !
    Ainsi que panique
    Et grosse émotion,
    Quand un motard
    Nous désigna
    De son doigt inquisiteur.

    Notre malchance
    A mi-chemin un
    Besoin pressant
    Nous fit serrer
    Les fesses,
    Et quelle stupeur
    De voir tous les WC toilettes
    Disparaître de la surface
    De la dite ville.

    Heureusement,
    Heureusement,
    Nos anges gardiens
    Veillaient sur nous,
    Un coup de fil,
    Et le car se remit
    De lui-même en place,
    Cela n'était pas possible,
    Ce jour là, 
    Le réparateur
    Et nos anges gardiens
    Réunis avaient fini 
    Par faire des miracles.

    Nous pûmes enfin
    Pisser à satiété !
    L’appétit ne nous a pas 
    Fait défaut
    Nous pûmes même
    Voir nos comédiennes jouer. 

    Le retour fut cadeau,
    Nous en fûmes étonnées,
    Point d'envie de pisser,
    Point de pneu éclaté,
    Du chant des cigales
    Encore plein les oreilles
    Nous les petites vieilles 
    Sommes rentrées entières,
    Contentes, satisfaites
    Qu'on nous ait permis
    D'aérer nos fesses. 

    Oyez, oyez
    Jeunes gens,
    Vous verrez,
    Quand nos âges
    Vous auront rattrapés,
    Vous apprécierez
    Grandement
    Que l'on aère 
    De temps en temps
    Votre derrière.

     

     **********

     

             MADAME LA REDACTRICE,


    Si aujourd'hui je prends la plume,
    Madame la rédactrice,
    C'est parce que ça urge...

    Savez-vous que le soir,
    Dans mon plumard,
    Quand la nuit doucement descend,
    Je fais d’horribles cauchemars.

    Je rêve... Je rêve...
    Je ne peux m’empêcher...
    De rêver
    De manipulatrices,
    Mais le comble, c'est qu'elles se permettent
    De sortir et de tous côtés.

    J'ai beau les chasser,
    Leur foutre des coups de pieds,
    Pauvre de moi !
    Elles se multiplient à l'infini...
    De même j'ai beau prendre
    Mille précautions, comme m’enfermer
    A double tours...

    Mais, c'est plus fort qu'elles,
    Elles sortent de mes armoires,
    Se mettent en file indienne,
    Et, une à une, s'installent sur mon lit !
    Me chatouillent  les narines,
    Me rabâchant aux oreilles,
    Me susurrant  sans-cesse
    Que je leur dois obéissance...
    Moi, pauvre imbécile
    Terrorisée, je les écoute...

    Aussi, Madame la rédactrice,
    Si, par le plus pur des hasards,
    L'une de vos lectrices
    Connaît le même sort,
    Qu'elle m'écrive vite,
    A nous deux nous leur règlerons
    Leur sort !

    Ça  urge !
    Madame la rédactrice !
    Car de mon côté
    Je pète les plombs,
    Et pour de bon !

     

    **********

     
         LE TOCARD ET LE CORBEAU


    Maître Corbeau sur un arbre perché,
    Et tout de noir habillé,
    Tenait dans son bec un fromage.

    Quand... soudain... au loin...
    Il vit passer, trottinant
    Cahin-caha, un Tocard.
    Il en laissa tomber son fromage,
    Car dans son crâne
    Venait de germer
    Une drôle d'idée...
    Il pensa alors :
    "Chouette ! Ce Tocard là
    Je vais le faire marcher
    A la baguette !"

    Le Tocard éperdu
    De reconnaissance,
    Croyant avoir trouvé
    L'amitié véritable,
    Se laissa aller
    Et se mira dans son plumage !

    Les autres... le voyant passer...
    Restèrent tout éberlués,
    Et tristement pensaient
    "Est-ce possible
    Qu'il se laisse mener
    Par le bout du nez ?"

    Or, le Corbeau,
    Très satisfait de lui,
    En gloussant de joie
    Devant l'amitié éperdue
    Que lui manifestait le Tocard,
    En demanda davantage.

    Mais voilà, le Corbeau
    Était devenu
    Trop exigeant,
    Et l'autorité féroce
    Qu'il cachait dans son bec
    Alla se fracasser parterre...

    Septique le Tocard pensa :
    "Est-ce possible que j'ai pu donner
    Mon amitié à ce con là ?"

    Hé ! mon bon Corbeau
    Apprenez tout de même
    Que, tout Tocard que je suis,
    Je ne suis pas Né
    De la dernière pluie !

    Alors, je reprends mon amitié,
    Je vous rends mon tablier,
    Pour moi l'amitié c'est sacré !

    Et le Tocard parti blessé.

    Mais au hasard d'une rue
    Le destin mit sur son chemin
    L'intelligence et l'amitié.

    Comme quoi le destin
    Comme le hasard
    Font bien les choses !

    Quant au Corbeau désappointé,
    Voyant filer son gibier,
    Il alla chasser sur d'autres territoires,
    Se gardant bien de raconter
    A qui que ce soit son autorité !

    Entre-nous : ne dit-on pas :
    "Dis-moi qui tu fréquentes
    je te dirais qui tu es... !"

     
                                                          ***************



      T'AS PLUS LE LOOK


    T'as plus le look Yvette,
    T'as plus le look ma chère,
    T'as plus le look du tout !

    T'as plutôt l'air
    D'une vieille rombière,
    A qui on a enlevé
    Toute personnalité,
    On t'as dépouillée
    De tes fleurs roses
    Aux épines féroces.

    Loin des sentiers battus
    Camarade ton look
    En a pris un coup,
    Alors, tu pédales
    Dans la mélasse
    Afin de te retrouver !

    T'as plus le look Yvette,
    Des hippies d'autrefois,
    Des babas cool sur la promenade
    Grattant sur leurs guitares
    A tout va.

    Gream Allwright
    Est parti au loin
    Emportant sa cithare,
    Aujourd'hui Grand-Corps-Malade
    Nous balade avec son slam.

    Ce qui reste
    De ton look Yvette
    C'est la méchanceté gratuite
    Des gens de poubelle
    Qui ne valent pas un clou !

    Chemine, remonte
    Lentement les parois
    De ta mémoire
    Pour la remettre
    A l'endroit !
                                                                      

     *****************

     

              MALADIES GRAVISSIMES


    La méchanceté, la jalousie
    Ce sont des maladies gravissimes
    Que l'on chope dans toutes les collectivités !

                                                                       

     *****************

     

              FAUT FAIRE GAFFE


    Désormais il faudra 
    Que je fasse attention
    A tout ce que je dis,
    Des yeux féroces me guettent,
    Dissèquent tout ce que je fais ou dis !

    C'est à en devenir paranoïaque,
    Ces yeux de vautour
    Qui me suivent partout
    Me font penser,
    Et cela malgré moi,
    Que je suis devenue la tête de turc
    Qu'il faut à tout prix abattre.

    Serait-ce la franchise
    Qui vous fait peur ?
    Oiseaux de malheur ?

    Moi, je vis ma vie
    En parallèle de la votre,
    Je ne tiens pas à devenir
    Un de vos bons apôtres.

    Tout entendre
    Mais ne rien voir,
    Oreilles obstruées,
    Yeux désabusés,
    Paroles : délation,
    Jalousie : délation,
    Méchanceté : délation,
    Le monde n'est que trahison.

    Faut faire gaffe
    Mes petits agneaux,
    Le loup surveille,
    Le vautour guette
    Et le rapace fond sur ses proies.

    Où se trouve la différence 
    Dans tout ça ?
    Ben ! Il n'y en n'a pas !!!

     

     


    PETIT VOYAGE A TRAVERS LES ÂGES

    A vingt ans... évidemment,
    Rien ne nous oblige à penser à ça,
    On est plein d'allant,
    On a toutes ses dents,
    Énormément de soupirants,
    Et l'on croque la vie dans tous les sens.

    A trente ans... c'est différent,
    On y pense,
    Mais c'est tellement loin tout ça,
    Les soupirants sont toujours là,
    Quelquefois on a mal aux dents,
    Mais rien de très important,
    Et l'on continue à vivre
    Sans trop y penser évidemment.

    A quarante ans... là vraiment,
    On voit arriver en galopant
    la cinquantaine... alors, 
    narquoisement
    Et malgré soi,
    On y pense réellement,
    On possède encore quelques soupirants,
    De moins en moins de dents,
    Et beaucoup moins d'allant.

    A cinquante ans... les rides sont là,
    L'ostéoporose vous attend,
    La ménopause arrive en ricanant,
    Un dentier remplace les dents,
    Là on se dit que plus rien ne va,
    Et les quelques soupirants
    Qui nous restent, s'en vont en grognant
    à la recherche d'une nana
    Plus jeune et pleine d'allant, évidemment.

    Arrive 60 ans...
    C'est la maison de retraite
    Qui vous tend les bras,
    La vie avance, mais en reculant,
    Au lieu de deux jambes
    Vous en possédez trois,
    Que vous faîtes avancer
    En trottinant,
    A l'aide d'une cane, cahin-caha,
    Les dents je ne vous raconte pas,
    Et là vous vous dîtes carrément,
    Qui aurait pu imaginer
    Qu
    e j'en arriverais là.

     

     

         LIBERTÉ RETROUVÉE  



    Chaque jour qui passe
     Me réjouit,
     Car chaque jour
     Je savoure
     Ma liberté retrouvée !
     
    Je me refuse d'être le toutou
    De madame,
    Que l'on tient en laisse
    Toute la journée,
    Et je refuse également
    De devenir un pantin désarticulé !
      
    Je suis le bon vieux bâtard,
    Qui va de-ci, de-là,
    Que l'on refoule
    A tout moment,
    Car il a une drôle de façon
    De se faire accepter.

    Je me considère
    Comme une autre
    Parce que je n'appartiens à personne !
    Et les petits ordres
    De mon caporal
    Ne m'impressionnent nullement !
     
      Les petits cons
    De tout poil
    Je ne les aime pas,
    Ils se croient très forts,
    Peut-être à juste raison,
    Mais, pourquoi ne pas admettre
    Que celui ou celle
    Qui se trouve en face d’eux
    A raison aussi ?
    Mais leur orgueil
    Est tel,
    Et sans fond,
    Qu'il vaut mieux les laisser
    Avec leurs conneries !
     
      Ah ! Sainte connerie
    Priez pour nous.
    Vous êtes si jolie
    Que je me prosterne
    A vos genoux,
    Et que votre nom
    Soit sanctifié partout.
    Amen !
     
    Je hais, je hais,
    D'une manière viscérale
    Tous les moralisateurs,
    Qui d'une manière générale
    Y vont de bon cœur.
     
    Que l'on me considère,
    Ou que l'on ne me considère pas,
    M'est bien égal
    Car, après tout,
    Je tiens plus que tout
    A ma liberté,
    Et celle-ci, croyez-moi,
    N'a aucun prix !

     Même si je trimbale
    Mille et une solitudes
    Comme un animal,
    Qui cache malgré soi
    Quelques graves blessures,
    M'attacher à une patte
    Il n'en est pas question,
    Et même si vous me considérez
    Comme une vraie tarte.
     
      Même si je suis triste,
    Triste à en mourir,
    Dieux sait que je positive,
    Positive à l'envie,
    Et si ça ne vous plaît pas,
    Je passe outre,
    Je n'ai point de compte
    A vous rendre,
    J'écris ce que je ressens
    Et ce que je veux !
     
    Devenir l'Agence Havas
    Je m'y refuse,
    Je ne suis hélas
    Qu'une simple parure,
    Qui hantera
    Vos jours et vos nuits,
    Sans aucune demi-mesure.
     
    Malgré ma mine triste,
    Malgré mes yeux battus en neige
    Prêts pour l'omelette,
    Je continuerais sans cesse
    Mes ritournelles.
    Même s'il m'arrive
    De traîner derrière-moi
    Des tas de casseroles,
    Que Dieu me pardonne
    Si je n'ai pas la voix
    De Maria de Barcelone.
     
    Si je chante faux,
    J'irais accrocher ma voix
    Aux porte-manteaux.
    J'en ferais de la pâtée,
    Je la saucissonnerais,
    La passerais à la moulinette,
    Peut-être qu'enfin
    Elle sortira plus nette !
    Je la donnerais en pâture
    A tous les chiens errants,
    Qui crieront d'une seule voix
    Mon Dieu quelle voix superbe !
     
    Malgré cela, je suis toujours en marche,
    Et jamais à court d'idée,
    C'est bien cela qui dérange !
    Et dans ma tête
    C'est un sacré remue-ménage,
    Qui ne s'arrêtera jamais.
     
      

     

     

     

               J'aurais tant aimé


    Croyez-moi, si vous le pouvez,
    Moi, j'aurais tant aimé
    Avoir des yeux
    Couleur bleu vert doré.

    Mais le bon dieu,
    Dans son extrême charité,
    A jugé bon de me faire naître
    Avec des yeux marrons,
    Avec des yeux tous ronds,
    Avec des yeux de con !

    J'aurais tant aimé
    Me noyer dans des yeux
    Verts, gris, bleus,
    M'extasier devant des yeux
    Me racontant des choses
    Extraordinaires,
    Mais voilà, mes yeux
    sont gris, gris doux amers
    De déceptions...
    Gris vert de cochon,
    Gris vert tout ronds,
    Gris vert d'éternel con.

     

     

    .

     


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  •         DANS LE REGARD


    J'ai dans le regard
    Le regard sombre
    Et fier du gitan.

    J'ai dans le regard
    Le sel de la terre,
    Et la terre nourricière
    Pour tout bagage.

    J'ai dans le regard
    La beauté sauvage,
    La liberté, les vagabondages,
    Toutes les errances
    Des gens du voyage.

    J'ai dans le regard
    La folie meurtrière
    Des gens irresponsables,
    Manipulateurs, arrogants,
    Se croyant tout permis,
    Tout en restant très respectables.

    J'ai dans le regard
    Le bleu immense azur,
    Des vagues incandescentes,
    Le bleu immense pur,
    Larmoyant, tourbillonnant
    Sur les hauts murs de mon enfance.

    J'ai dans le regard
    La bonté du diable
    Et le mépris de dieu.

    J'ai dans le regard
    Le spleen des jours qui passent,
    Des garrigues bruyantes incessantes
    Du chant des cigales.


    J'ai dans le regard
    Tout un passé inoxydable,
    Tout un passé fait de silence,
    De cris, de larmes et de naufrages.               

    J'ai aussi dans le regard
    Des tristesses inassouvies,
    De celles qui vous glacent,
    Des veines sclérosées,
    Et le goût âpre et menaçant
    D’être à nouveau abandonnée.

    J'ai dans le regard
    La fureur de mon enfance,
    Les châteaux de l'enfance
    S'y promènent en toute liberté
    Des fleurs javellisées
    Aux lys endimanchés,
    Des godasses usées
    Jusqu'à la corde,
    Et moi, demandant miséricorde

    J'ai dans le regard
    L'odeur nauséabonde
    Du racisme,
    De l'intolérance,
    Des maltraitances
    Faites à outrance
    Sur de pauvres ignares.

    De tous les regards
    Portés sur la Société,
    Sur la collectivité,
    Il ne me restera
    Que celui fier de l'espagnol,
    Que celui fier du gitan,
    Que celui fier de l'étranger
    Contraints à se défendre
    Afin d'obtenir leur morceau de pain.

    J'ai dans le regard
    Des fautes inavouables,
    Des péchés impardonnables,
    Mais des matins bleus,
    Bleu azur.

    J'ai dans le regard
    Des gris-vert d’acier,
    Striés d'éclairs sauvages,
    Des chaînes extensibles,
    Interminables,
    Des corps brisés à l’excès.

    Dans mon regard
    Passent aussi des lois
    Exécrables,
    D'immenses murs
    Hérissés et bétonnés,
    Des cages d'escalier,
    Des ascenseurs
    Impraticables.
    Des couloirs gris
    qui se meurent de solitude,
    Et sur chaque palier,
    Et sur chaque porte
    Laissée entre-ouverte,
    Se meurt une misère latente.

    Dans mon regard
    Passent des lueurs étranges,
    Des injustices effroyables,
    Des maltraitances inqualifiables,
    Et encore des injustices inégales
    Vous laissant
    Sur un bout de trottoir,
    Sans vous laisser le choix
    D'avoir une autre chance.

    J'ai dans le regard
    Des luttes,
    De hautes luttes,
    D'interminables
    Marches militantes
    Dont je suis fière,
    Elles m'ont ouvert
    Des portes
    Dont j'ignorais l’existence,
    Elles m'ont appris
    A vivre debout,
    Elles m'ont aussi appris
    La tolérance,
    La liberté,
    La dignité,
    La non soumission,
    Elles m'ont enfin appris,
    Jusqu'à plus soif,
    A vivre d'espoir !

     

     

     

     

    REGARD INTENSE... REGARD TENDU...
     

    Je suis seule, le stylo à la main,
    Faisant face à la page blanche,
    Plus un muscle ne bouge.
    Je pars, je voyage...
    Je suis dans l'infiniment lointain,
    Mais ma mémoire n'émet que du silence,
    Puis, brusquement, les mots arrivent,
    D'abord un par un, j'hésite, puis j'efface,
    Les mots ne sont pas à ma convenance.
    Le stylo parcourt le papier timidement,
    Et ma main guide doucement les mots,
    Alors ce sont des montagnes de flots de mots
    Sortant de ma tête, de mes veines,
    Mais ils sont tellement rapides
    Que j'en perds en cours de route, je m’énerve,
    Alors, avec infiniment de patience je parviens
    A placer chaque mot,
    Et sur ma page blanche,
    Je n'entends plus que le murmure
    Du silence et des mots !
      

     

     

     

       DES MOTS

     
    Des mots plein                                                        
    La tête,                                                                      
    Des mots plein                                                        
    Les mains,                                                               
    Des mots                                                                  
    Qui s’entêtent                                                        
    Criant à tue-tête.                                                 

    Palombe orgueilleuse                                      
    Traçant sa route                                               
    Retrouvant sa liberté !                                    

    Des mots s’alignant                                      
    D’eux –mêmes,                                               
    Des mots crachant                                        
    Sur un volcan incandescent.

    Des mots…                                                  
    Des mots…                                                  
    Délire…                                                        
    Delirium des mots…
    Des mots faits
    De partage,
    Poésie…souvenirs inoubliables.
    Des mots plein d’innocence,
    Enfance se cherchant
    Sous des décombres,
    Bâtarde…

    Tourterelle  aux mille assurances, 
    Mots se déchirant
    Sans-cesse,
    Tourterelle ogresse
    Emportant sous ses ailes 
    L’enfance qui  oppresse 
    Sans  raison,
    Mots d’éjaculation
    Se mouvant dans un sperme
    Ne portant aucun nom.

    Des mots noirs,
    Des mots ocre jaune, pourpre,
    Des mots plein d’illusions.  

    Mots faits de hasards,
    De rencontres de regards,
    Que rien ne laissait prévoir.

     

     

     

              AVEC DES MOTS

    Avec des mots,
    Et des racines indéracinables,
    De mes mains nues
    Je construis des arcs-en-ciel imprenables.

    Avec des braises incandescentes 
    J'assouvis ma soif de liberté.

    Avec mille mots,
    Avec mille langages,
    Je donne la parole 
    A ceux qui ne l’ont jamais. 

    Avec  le cœur en bandoulière,
    Troubadour du temps qui passe,
    Je chante l’espoir de demain. 

    Avec des monceaux de pierres concassées,
    Avec des mille et une rivières
    Étincelantes comme mille étés,
    Avec des cascades tumultueuses 
    Et des torrents ravageurs,
    J’inscris  sur le mur
    De chaque prison... LIBERTÉ !

     

     

     

    J’EN PERDS LA RAISON


    Je suis la phrase…
    Je suis la page…
    La page  blanche.
    Je suis la plume d’encre
    Je marche… Je marche
    Aux rythmes de mes silences,
    Et me mire dans la mare.
    Je suis la prose,
    Je dispose
    Les mots les uns après les autres,
    Je les mitonne
    En terme de conjugaison,
    Je les place,
    Les menace,
    Au fil de mes émotions.

    Je suis le poème,
    Je sème… Je sème...
    Je  mène
    Ma vie de bohème, 
    Sur chaque page inscrite
    J’imprime
    De manière forte
    Toutes mes colères,
    Je les étale 
    A longueur de pages, 
    Et quand je tourne la page
    Mon cœur bat la chamade !

    Je suis la phrase…
    Je suis la prose…
    Je suis la plume…
    Ma vie je la mène 
    Au fil de mes conjugaisons,
    Les verbes je les fais danser,
    Les adverbes je les fais vibrer,
    Et sur ma corde raide 
    J’en perds la raison !

     

     

     

              QUE DE CRIS


    Au jour de ma naissance
    J'ai poussé d'effroyables cris,
    Des cris d'impuissance,
    Des cris interdits,
    Des cris improbables ,
    Dont je n'ai plus de souvenance,
    Tant ma chair s'en est pétrie.

    Cris de détresse,
    Cris sans repère,
    Cris doux-amers,
    Je me cherche au fin fond
    De mes nuits sans fin.

    Chemins hasardeux,
    chemins douteux,
    Chemins aubépines
    Chemins sans épine,
    Chemins aux herbes folles,
    Un poing se cogne
    Aux cris de mes révoltes.

    Je cherche,
    Je ne cesse de me chercher...
    Culture,
    Blessure,
    Plume,
    Encre,
    Encrier,
    Se déversant sans réserve

    Sur mes cahiers
    Aux pages blanches,
    Sur un corps sans tache
    Mille fois entaché.

    Culture,
    Livre,
    Cris ivres,
    Cris se répercutant,
    Se culbutant 
    Dans une mémoire en feu.

    Pouce ! Je passe,
    Je liasse,
    Je page
    De page en page,
    Je livre,
    Je m'épuise,
    Je cherche mes vérités.

    La culture
    Me jugule ma jujube,
    Alors, je jubile,
    Sous mon stylo bille
    S'éparpillant en toute logique
    Sur ma tête pile électrique
    Tournant au tragi comique.

    Culture... Culture,
    Qu'as-tu fait de moi ?
    Me voilà dépendante
    De mots, de cris,
    Alors, je divague,
    Je quémande,
    Puis tout à coup,
    Quand je me trouve en manque,
    Je me saoule de mots,
    Je cris et je menace,
    Qui aurait pu dire cela 
    Au jour de ma naissance !

     

     

     

                LE CRI


    Je ne suis qu'un cri,
    Qu'un simple cri,
    Mais un cri subtil,
    Un cri utile,
    Un cri qui déchire la nuit.

    Je suis le cri,
    Le cri de la louve
    Solitaire, j'erre et hurle,
    Marquée sans nul doute
    Aux fers rouges.

    Je reste le cri
    De l'anticonformiste, 
    De l’antiracisme. 
    Je resterai de tout temps
    Une blessure qui se rebelle.

    Je ne suis qu'un cri
    Mais un cri percutant,
    Celle qui tôt ou tard
    Ne sait se taire,
    Le cri de la vérité,
    Pour avoir oser dire 
    Tout haut
    Ce que les autres
    S'obstinent à taire tout bas!

    Celle que sans raison
    L'on jette en prison,
    Dans ce cas je ne suis
    Que le cri de la raison.

    Je suis aussi le cri,
    Le cri
    De tous et toutes,
    Celle qui meurtrie
    Dans ses chairs souffre,
    Mais qui ose encore
    Croire à ce que lui apporte la vie !

     

     

     

    SANS JAMAIS
     
     
    Sans jamais pleurer,
    Sans jamais regretter,
    Sans jamais hurler,
    Sans jamais l'avouer,
     
    Avoir le pardon au bord des lèvres,
    Avoir le pardon et ne jamais paraître.
     
    Faire taire son cœur et ses problèmes.
     
    Enfouir à jamais sa solitude,
    Se comparer... et rester louve.
     
    Mais jamais... au grand jamais,
    Enterrer l'oubli.

     

     

     

     L’INTOLÉRANCE
      

    Oser,
    Savoir oser.
    Briser,
    Savoir briser
    Des murs,
    Des tas de murs
    Faits de méfiance,
    Et les réduire
    En petits tas de cendres.

    Oser,
    Savoir oser
    Les sortir de leurs silences,
    Pour oser,
    Oser dire
    et  écrire,
    Intolérance
    Se cachant
    Comme engloutie
    Par des siècles 
    D’indifférence
    Et de conformité.

    Abattez-moi
    Tous ces murs,
    Ne me parlez 
    Jamais de la différence !

    Mais savoir ouvrir
    Toutes grandes
    Les portes de la tolérance,
    De toutes les tolérances,
    Pour ouvrir son cœur
    A toutes les intelligences !

     

     

     

             LE MAL-ÊTRE


    Poings serrés
    Devant toutes mes colères,
    Je me déchire.

    Nuits défiant
    Toutes leurs limites.
    Nuits  d’angoisses,
    Peuplées de cauchemars.
    Nuits cherchant
    Désespérément leurs repères.
    Nuits obscures
    Sans fin.

    Pourrais-je un jour
    Devenir moi-même,
    Sans crier mes haines,
    Et éviter tout ce mal-être.

    Sensations étranges
    Au bout de mes doigts,
    Les mots un à un s'envolent,
    Glissent, se révèlent,
    S’inscrivent,
    Et se questionnent.

    Au fronton de ma mémoire
    Tout se décale,
    Tout se calque
    insidieusement,
    J'ai l’esprit qui s'embrouille,
    Je n'arrive plus
    A trouver mon chemin.

    Prendre ma plume,
    M’activer dans les brumes
    De mon cerveau,
    Et écrire, écrire, écrire
    Pour me libérer définitivement.

     

     

     

                J'AI SOIF


    J'ai soif,
    J'ai très soif,
    J'ai immensément soif,
    S'il vous plaît,
    Apportez-moi
    A boire,
    Et permettez
    Que je m'abreuve
    Au sang de ma plume.
    Ce sang que je transpire,
    Du bout de mon stylo bille,
    M'autorise à dire,
    A écrire,
    A extirper
    Ce que mon ventre
    Refuse de garder.

    J'ai soif,
    Trop soif,
    Abondement soif,
    Les yeux grands ouverts
    Sur la vie,
    Car je refuse
    Ce que les autres
    Acceptent
    Les yeux fermés.

    Même si derrière moi
    Je traîne un boulet
    Comme personne,
    Je tiens à ne ressembler
    A nul autre,
    La normalité serait
    Que je rentre
    Dans la conformité
    Comme un seul homme.

    J'ai soif,
    Sacrément soif,
    Alors je bois
    Ce sang
    Qui ronge ma plume,
    Et, comme une louve
    Hurlant à la lune,
    J’étreins ma solitude.

    Solitude du poète,
    Solitude parce que
    Personne ne veut l’entendre.
    L'écrit n'a plus de mémoire,
    La vérité est trop dure
    A admettre, à entendre.

    J'écris... Je jouis...
    Je bois le sang
    De mon sang.
    J'écris... Je mords
    A pleine dent
    La vie.

    Les choses de
    La vie 
    Parcourent
    Mes artères,
    Circulent
    Dans mes veines
    Je bois... Je bois
    A même la vie...
    Et j'éjacule
    Sans aucun 
    Scrupule !!!

     

     

     

        SOUS TES ECORCES



    Sous tes écorces d'arbres
    Couleur d’ébène,
    J'ai peint des mots,
    Des mots mi-clos,
    Des mots qui adhèrent
    A la vie.

    Des mots, sortant de nulle part,
    Claquant au vent,
    Comme la carapace
    Que je trimbale
    Au bout d'une peau
    Se berçant de mille mots.

    Des mots qui se pétrissent
    Sous des mains innocentes 
    Transcendant la vie !

    Des mots se bousculant,
    Semant le désordre,
    Épousant la forme
    D'une révolte !

    Des mots jaillissant
    De mille mots
    De colère.

    Des mots... Des mots
    Qui m'enroulent,
    Me jalousent,
    Me guettent
    Sous la spirale
    Infernale des mots.

    Je les monte,
    Les démonte,
    Les dévore,
    Les aspire
    Et les mastique.

         A la fin !
    Vont-ils un jour
    Me foutre la paix !
         Non !
    Car chaque jour,
    Moi, j'en demanderai
         Davantage !

    Alors, je les ferai éclater
    En mille morceaux,
    Et sous un ciel arc-en-ciel
    Je les ferai rire aux éclats.

     

     

     

     

           ENFIN, JE ME LÂCHE !



    C'est avec le passé
    Que l'on a vécu 
    Que l'on se forge,
    Que l'on se tisse
    Son avenir.
    Certains préfèrent
    Prendre la fuite,
    C'est leur droit,
    Moi, ce n'est pas mon cas,
    Car je sais que je dois aller de l'avant. 

    Écrire... Écrire...
    Enfin dire...
    Même si je me mets hors temps,
    Même si je me mets hors jeu,
    Quelle importance,
    Puisque, enfin, je me lâche !

    Un mot qui passe,
    Un mot qui se fracasse
    En million de plumes d'encre,
    En million de tonnes de pages,
    En million de million d’espérance,
    Enfin, je me lâche !

    Si parfois ma plume paraît
    Cinglante et choque,
    C'est que dans ma tête
    Chaque mot explose.
    Je me mets hors normes.
    Tout ce que je gardais
    Enfoui sous mille tonnes de désespoir,
    Tout ce que je gardais...
    Il faut que ça sorte.

    Alors, comme un torrent
    Qui se déverse,
    Comme emporté par le vent
    Le vitriol se disperse...
    Enfin... Enfin, je me libère !

    Tout ce poids accumulé
    Durant des années,
    Je fais une entorse à la règle,
    J'assassine chaque phrase,
    Et comme un aigle
    Dans mon bec crochu et pointu
    Je massacre la bête
    Et entre mes pattes, je l’achève...
    Enfin... Enfin... je me libère !

     

     

     

           JE SUIS UNE...


    Je suis une amazone
    Citoyenne,
    Je fais partie des cents
    Et une mutilées.
    Je n'ai aucune apparence.
    Je suis solitaire,
    Solitaire comme une amazone
    Rodant dans un monde 
    Mille fois modifié.

     

     

     

                SUIVRE


    Suivre...
    Suivre la trace,
    La trace qui trace
    Toute sa vie durant.

    Refuser...
    Refuser avec force
    Tous les points de désaccord
    Mettant le désordre.

    Avancer...
    Rejeter...
    Avec opiniâtreté
    Toutes conjonctures.
    Ne pas se laisser faire,
    Rejeter la laisse 
    Qui vous était destinée.

    Respecter les règles,
    Toutes les règles.

    Fuir la morale,
    Toute la morale
    De tous les moralisateurs
    En puissance,
    Ne cessant de faire du surplace
    Sans jamais vraiment
    Ouvrir leurs cœurs. 

     

     

     

              VIVRE !


    Être...
    Ne pas être.
    Paraître...
    Ne pas paraître
              Vivre...
    Rompre avec son passé,
    L'enterrer...
    Mais ne point l'oublier.
              Vivre...
    Briser les chaînes,
    Toutes les chaînes,
    De préférence celles 
    Qui sont inacceptables :
    L'autorité,
    L'humiliation,
    La soumission,
    L’oppression.
              Avancer...
    Résister,
    Avec la préférence
    Inévitable
    De ne pas rompre tout contact,
    Et le face à face
    De la page blanche...
              Vivre... Écrire...
              Écrire... Vivre...
    Avec l'espoir du lendemain,
    Et la liberté au bout de ton chemin !

     

     

     

              PLUME D'ENCRE


    Plume d'encre,
    Plume d'oiseau,
    Sur mes cahiers d'adolescente
    j'ai déchiré délicatement
    Une de tes pages,
    Pour écrire tous mes mots.

    Plume de vent,
    Plume de soie,
    Jusqu'au crépuscule de ma vie
    J'écrirai dans tous
    Les langages
    Sur toutes mes pages,
    J'écrirai au vent,
    J'écrirai dans tous les sens,
    Reste mon amant !

    Jeux de plume,
    Jeux de miroir,
    Jeux de piste,
    Je m'égare
    Par mégarde
    Dans des vapeurs d'encens !

    Vérités de plume,
    Plume d'encrier,
    Plume de sable,
    J'égraine, laissant couler
    Mon sang,
    Sang rouge,
    Sang couleur liberté,
    Plume de vérité
    Je refuse les non-vérités
    J'ai laissé ma plume assassine
    Couler dans l'encrier
    Que m'offre la vie.

    Plume de cendres,
    Mémoire d'argent.
    Plume défaillante,
    Mémoire obligatoire.

    Plume argile,
    Plume agile,
    Plume cherchant
    Entres ses lignes
    Tous mes amours,
    Dont je ne suis plus
    Tout à fait sûre.

    Mémoire de cristal,
    Plume magistrale,
    Allant se cognant,
    Se fracassant,
    Pour finir en cascade
    Loin de ce monde
    Où tout n'est que désordre,
    Plume agile.

     

     

     

             POISON VIOLENT


    Dans mes veines circule
    Un sang violent, corrosif,
    Un véritable poison,
    Il coule,
    Il coule,
    Il  saigne,
    Il saigne,
    Poison au vitriol.

    De mes mains autrefois
    Si maladroites,
    Tant elles se sont abîmées
    A écrire tous mes naufrages,
    A chaque page écrite
    Mes mains ont pris l’apparence
    De l'impertinence,
    Soit, elles illuminent mes joies,
    Soit, elles crient toutes ses révoltes,
    Soit, elles partagent toutes mes souffrances.

    Page que j'aime tes odeurs,
    Odeurs d'encre,
    Odeurs aux milles mots imprimés,
    Je m'imagine en partance
    Au travers des mots
    Que je trace avec violence
    Afin de me libérer.

              Créer...

    L’inspiration guide mes mains,
    L'inspiration devient un poison violent,
    Quand mon stylo
    Trouve place
    C'est la jubilation,
    C'est la jouissance
    De chaque mot posé,
    Ces mots deviennent alors
    Des gouttes de sang
    Se propageant à une vitesse fulgurante
    De page en page.

    Manipuler,
    Jongler,
    Mettre les mots
    Dans un ordre,
    Ensuite les démolir
    A coup de plume
    Pour les remettre
    A l'endroit.

    Envers,
    Endroit,
    Quelle importance ?
    Stop, on recommence,
    C'est un plaisir 
    Qui ne s’assouvira jamais.

    Les avaler,
    Les attraper,
    Les faire voltiger...
            Et puis...
    Quand tout à coup
    Ça vous démange,
    Les faire exploser
    Dans un grand feu de Bengale !

     

     

     

         LA PAROLE ET LA POÉSIE


    De feu, de sang, et de larmes,
    Je suis la poésie.
    Parfois, les morsures du temps
    Engendrent en moi 
    De terribles colères.

    Je peux être aussi
    Une parole donnée,
    Une parole libérée
    Au nom de la vérité.
    Je peux aussi être prise en otage
    Aux fins fonds des prisons afghanes.
    Paroles données
    Puis reprises, 
    Puis refoulées,
    Enfin étouffées...
    Mais qui ne peuvent s'éteindre
    Tant la souffrance
    Ne se conjugue 
    Qu'à l'imparfait.

    Je suis l'action,
    Je suis revendicative.

    Je suis aussi un bonbon acidulé
    Se savourant lentement,
    Car chaque phrase écrite
    Claque comme un fouet !

    Je suis aussi
    Un simple cri,
    Le profond d'une blessure
    Qui s'égare, 
    Qui laisse trace
    Dans une mémoire,
    qui se déchire à des couteaux affutés.

    Mais la poésie...
    Mais la parole...
    Sont, avant toute chose,
    La liberté féroce
    De penser autrement
    Que les autres.

     

     

     

    ÉCRIRE...


    Sur chaque mal
    Qui fait des mots...
    Se prouver 
    Que l'on existe encore.

    Écrire...

    Ne pas se retourner
    Sur son passé,
    Mais l'assumer...
    Mesurer tout le chemin parcouru.

    Écrire...

    Se libérer
    De toutes ses blessures,
    De toutes ses culpabilités,
    De toutes ses obsessions
    Et de toutes ses peurs...
    Fantômes errants
    Parmi les cendres
    Encore toutes chaudes,
    Braises exécrables
    Ne sachant s’éteindre définitivement.

    Écrire...

    Sur des doutes,
    Chemins inextricables,
    Morsures ne pouvant
    S’effacer dans le temps.

    Écrire...

    Dans la fureur
    De chaque phrase,
    Dans le quotidien
    De chaque larme,
    Dans une chair
    A moitie déchiquetée,
    Dans des cris insupportables
    Comme va la vie.

    Écrire...

    Sur une mutilation
    Dont on se souvient,
    Sur des hauts-le-cœur
    Que l'on ne sait éliminer,
    Sur une tête méconnaissable.

    Écrire...
    Écrire...

    Pour se retrouver,
    Pour se reconstruire,
    Pour se donné une nouvelle identité.

    Écrire...

    Tout simplement,
    Pour ne pas se retrouver
    Au bord de l'apoplexie.
            

     

     

     

    LA RUMEUR


    Je suis la sulfureuse,
    Je suis celle qui se nourrit
    De la misère d'autrui.


    Je suis le racontar,
    De cavalcade en cavalcade
    Je ramasse tous les commérages,
    Bons ou mauvais
    Quelle importance,
    Pourvu que je traîne
    Ma sale langue
    Partout où je passe.

    Je ne fais du mal à personne,
    Mais je suis comme nul autre,
    Quand j’atteins ma proie
    Je la broie,
    Je la divise,
    Je veux qu'elle ploie
    Au gré de mes racontars,
    Je veux aussi qu'elle se liquéfie.

    Je suis la rumeur,
    Jamais je ne meurt,
    De ma sale mort
    Il faut que je subsiste,
    Cela prouve que j’existe,
    Telle est ma vie !


     

     

           L'AUTRE RUMEUR


    On ne sait d’où elle vient,
    On ne sait d’où elle sort,
    Elle arpente tous les horizons,
    Son parcours est implacable,
    Inconsidérable est son venin.

    Elle enfle... Elle enfle...
    Elle rampe... Elle rampe...
    Dans un étroit corridor
    Où tout n'est que désordre,
    Jetant ses flammes,
    Diffamant, ricanant.

    Elle a traversé tous les âges,
    Elle a traversé tous les siècles,
    Viendrait-elle d'une autre planète
    Où tout n'est que racontars,
    Où tout n'est que mensonges.

    Si vous n'y prenez garde
    Elle se fera un certain plaisir
    A vous réciter sa foutue MÉDISANCE.



     

     

              FATIGUÉE


    Je suis fatiguée,
    Fatiguée d'avoir toujours
    Affaire à de véritables cons !

    Fatiguée de  courir sans cesse
    Après toutes mes illusions !

    Fatiguée d'entendre
    Sur toutes les chaînes,
    Et de lire dans les journaux
    Qu'il faut croire
    Ce que nous raconte
    Notre cher président.

    Fatiguée d’attendre
    Un jour meilleur
    Alors que le F.N.
    Pointe son nez
    A l'horizon.

    Fatiguée d'attendre
    Ce qui ne viendra jamais.

    Fatiguée d'écouter
    Vos salades aseptisées ,
    Fatiguée de ne plus croire en rien.

    Fatiguée, fatiguée...
    Épuisée, épuisée...

    Mais, écoutez notre révolte,
    Ces poings se levant
    Aux jours naissants,
    Dans un silence menaçant.

    Fatiguée des faux-semblants,
    Fatiguée des lèche-culs,
    Fatiguée de la médisance,
    Fatiguée de la rumeur,
    Fatiguée des gardes chiourmes,
    Fatiguée des girouettes
    Qui se perpétuent à l'infini !

    Fatiguée de la mal-bouffe
    Que nous devons ingurgitée,
    Et que nous dévorons malgré tout
    A pleines dents !

    Fatiguée de tous nos espoirs
    Mis au rencard
    De tous les mirages
    Mirobolants.

    Fatiguée de toutes les bassesses,
    De toutes les hypocrisies,
    Fatiguée de toutes les jalousies
    Avançant sournoisement
    Pour mieux nous ligoter.

    Fatiguée, usée, déprimée, saturée
    De tous nos lendemains
    Qui nous désenchantent.

    Fatiguée que tous les grands
    De ce monde nous divisent
    Pour mieux régner.

    Fatiguée, usée ,déprimée et saturée
    De tous nos lendemains
    Qui découlent à l'horizon du vingt et unième siècle,
    Et qui n'en finissent pas
    De nous désenchanter !

     

     

     

          L'HERBE FOLLE


    Je suis une herbe folle,
    Une graine dite sauvage
    Qui a grandit
    Sur des épines  agressives
    Au milieu de milles coquelicots
    Rouges colères.

    Le soleil n'a cessé
    De me darder
    De ses rayons perçants,
    La pluie cicatrisant
    Toutes mes plaies
    M'a aidé à pousser
    Dans des abîmes acérés.

    L'herbe folle, loin des sentiers battus,
    N'a cessé de grandir
    A l'ombre de sa bâtardise.

    Faute due au hasard,
    On m'a donné
    Comme prénom : Personne,
    Les coquelicots m'ont alors
    Ceint d'une robe écarlate,
    J'ai cogné, j'ai saigné,
    J'ai mordu jusqu'au sang,
    Je me suis débattue
    Afin de survivre.

    Dans mes veines
    Jubile un sang
    De toutes les audaces,
    Dans mes veines
    Jaillit un sang
    De toutes les libertés.

    Ses graines folles
    Feront éclore
    La parole de tous
    Les déshéritées,
    Herbes folles
    Si souvent méprisées
    Et rejetées.

     

     

        LA FLEUR MENSONGÈRE
     ET LA BEAUTÉ INTÉRIEURE


    Je suis une fleur javellisée,
    Encitronnée à la cire d'abeille,
    Je fais pâlir d'envie
    Tant je suis belle.

    Dans mes habits d’apparats
    Froufroutants sans pareil
    Je virevolte telle une vaniteuse,
    Cherchant à accrocher
    Tous les regards
    A ma dentelle douteuse.

    Je suis la fleur mensongère,
    Je suis tellement belle
    Que je ne cesse de me regarder passer.

    Sauvage est ma collerette,
    Les prés immenses sont ma maison,
    Je pousse sans complexe
    Parmi les luzernes folles
    Et les blés ensommeillés,
    Tout près d'une rivière
    Chavirant ses galets,
    Tous les soleils, tous les insectes
    Ne cessent de me butiner.

    Plaire n'est pas mon obsession
    Pourtant je plais,
    Mon langage est velouté,
    Comme satiné,
    Pas vaniteuse je ne prêche
    Jamais par excès,
    Les pluies sauvages
    Ruissellent à mes pieds.

    On me prénomme :
    La beauté intérieure
    Et, je ne fane jamais !!

     

     

     

    LE SENS ET LES RÉALITÉS

     

    Quand je prends mon bâton de pèlerin

     Ce n’est jamais en vain,

    Les prêchiprêchas

    J’ai horreur de ça,

    Et prêcher dans le désert

    N’est pas mon quotidien.

     

    Les mots, je les extirpe,

    Ils sortent de mon corps,

    Ils sortent de mes tripes,

    Et si je ne les sens pas

    Je les remets dans un tiroir…

     

    …Et j’attends !

     

    Quand soudain ils frappent à ma porte,

    Quand soudain ils frappent fort,

    Alors, j’écris au vitriol !

     

    Tout poète qui se respecte,

    Le sens de l’observation possède,

    Ce n’est ni un devin,

    Ni quelqu’un de bien.

     

    Il faut que ces écrits

    Fassent mouche !

    Il faut que ces écrits

    Passent outre !

     

     Sa plume est rigide

    C’est son seul mérite,

    Car sa plume reste sans réplique !

    Trop de choses vues,

    Trop de choses malvenues.

    Alors, les mots claquent

    Ne mettant aucun interdit,

    Et les tabous se fracassent

    Dans un tourbillon

    Qui les étourdit.

     

    La lucidité

    Reste leur seule récompense,

    Veillant en permanence

    Et ne leur ayant jamais menti.



     

     

     

    LES LIVRES

     

    Ce sont les livres 

    Qui m’ont révélée

    Qui j’étais vraiment !

     

     

     

     

     

    PLUMES

     

    Plume acide.

    Plume qui s’oxyde.

    Plume toxique.

     

    Plume trempant

    Dans le vitriole,

    Imprévisible,

    Vous écrasant au sol,

    Par vagues successives.

    Angoisse,

    Page blanche,

    Finissant en cascade

    Aux confins de l’oubli.

     

    Plume solitaire

    Se refermant sur elle-même,

    Qui se brise

    En une multitude

    De parcelles.

     

    Fureur intense d’écrire,

    Fureur immense du livre,

    Fureur, fureur avide

    De lire,

    Fureur, fureur lucide.

     

    Plume prose.

    Plume poème.

    Plume poésie.

    Prélude sur une note de musique.

    Prélude des jours

    Ajournant le crépuscule.

     

     

     


     

      AVOIR L'ENVIE

     

    Avoir l’envie,

    L’envie de croire.

    De croire, encore

    Et toujours,

    Que rien n’est perdu.

     

    Je m’assume,

    Je m’impose

    Jusqu’à l’absurde.

    Ai-je l’air si ridicule ?

     

    Avoir l’envie,

    L’envie folle

    De se remettre à jour,

    A l’heure et en cause,

    Parce que dans la vie

    Rien n’est jamais acquis.

     

    Je m’assaille,

    Je trépasse,

    Je m’insurge,

    Alors on me bute

     

    Avoir l’envie,

    L’envie en permanence

    De gueuler

    Plus fort que les autres,

    De peur que l’on ne sombre

    Dans l’oubli.

     

    Je percute,

    J’improvise

    Au son des cymbales

    Percutantes, je mute.

     

    Avoir l’envie,

    L’envie féroce

    De croire

    Qu’un jour

    On peut s’en sortir,

    Pourvu que l’on croit

    Férocement à la vie.

     

     

     

    GRAINE DE COLÈRE

     

     

     

    Parfois je me pose

     

    De sérieuses questions,

     

    Non que je sois « bégueule »,

     

    Je dirais plutôt

     

    Et en toute confidentialité,

     

    Que je suis maso,

     

    Car plus j'ai mal

     

    Plus je crie bravo !

     

     

     

    Ah ! C'est vrai

     

    Que je ne suis pas née

     

    Avec une cuillère en or

     

    Dans la bouche,

     

    Combien de fois

     

    Il a fallu que je plante

     

    Mon décor,

     

    Et j’ai eu recours à la débrouille.

     

     

     

    C'est vrai aussi

     

    Que personne

     

    Ne s'est penché

     

    Sur mon berceau.

     

     

     

    J'ai poussé toute seule,,

     

    Je me considère

     

    Comme une herbe folle,

     

    Une graine qui ne pousse

     

    Qu'en été,

     

    Une graine toute en liberté !

     

     

     

    Parfois, quand la nostalgie

     

    Refait surface,

     

    Je pleure, je ris,

     

    Je suis au bord des larmes,

     

    Malheureusement, la réalité

     

    Est là, bien planquée,

     

    J'ai beau la chasser,

     

    Madame revient aussitôt

     

    Par des portes dérobées,

     

    Et au grand galop !

     

     

     

    Mais non !

     

    La graine de violence

     

    A bien germé

     

    Sur le berceau de la révolte.

     

     

     

    … Et c'est peut-être ça,

     

    Que je le veuille ou non,

     

    Qui m'a maintenue

     

    Hors de l'eau !

     

     

     

    LE RAPACE 

     

     

    Méfions nous de l’eau qui dort,


     

    Le rapace erre,

     

     

     

    Rapace solitaire.

     

     

     

    Rapace que l’on dit sournois,

     

     

     

    Fondant sur sa proie.

     

     

     

    Rapace tout en nuance,

     

     

     

    Mais sachant faire la différence.

     

     

     

     

     

     

     

    Rapace aigre doux

     

     

     

    Se méfiant de tout.

     

     

     

    Rapace tout noir,

     

     

     

    A qui l’on ne pardonne pas

     

     

     

    Sa différence de poils.

     

     

     

    Rapace de colère,

     

     

     

    Rapace que l’on dit teigne.

     

     

     

     

     

     

     

    Rapace de vérité,

     

     

     

    Mais qui veut sa part

     

     

     

    De liberté !

     

     

     

     

     
    DES RENCONTRES, DES SILENCES, DES POÉSIES


    Des hasards,
    Des rencontres,
    Des rencontres
    Dues au hasard,
    Des regards
    Qui se croisent
    Des silences,
    Des Poésies,
    Des Partages,
    Des silences,
    Des mots
    Qui prennent place,
    Qui s'envolent,
    Qui vont s'éclater
    Sur des arcs-en-ciel
    Brisés par mille
    Soleils orangés.




              JE N'AI PLUS D'ÂGE                                          
     


    Avoir la rage au corps,
    Avoir la rage au cœur,
    Avoir encore et toujours
    L'envie de se reconstruire,
              J'ai vingt ans !
    Que ce soit les rues de Montpellier,
    Que ce soit les rues de Nice,
    Ou bien les couloirs gris et sombres
    Que je ne saurai oublier,
    Moi, la jeune écervelée,
    J'ai appris à vivre...
             J'ai trente ans !
    Ma vie n'a cessé de basculer,
    Je n'ai alors plus d'âge,
    Et les rues deviennent trop étroites,
    Soudain ma vie s'est plombée
    Dans les échanges.
     
    Je suis vieille, très vieille
             A présent, j'ai cent ans !
    Les aiguilles du temps
    Ont raccourci ma vie,
    Je me regarde vivre
    Au travers d'une vitre.
     
    Et tout mon passé dégringole,
    Je marche, je cours,
    Et de rigole en rigole,
    Et de ricochet en ricochet,
    J'aborde, et je m’accroche
    A des soleils rouge orangé,
    A des soleils rouge sauvage,
    Je deviens une pelure d'orange
    Gorgée de tous les soleils d'été.
                Bleu étrange.
    Avoir la rage au corps,
    Avoir la rage au cœur,
    Se reconstruire,
    Se reconstruire
    Au présent...

     

     

     


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