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AURAI-JE LE TEMPS ?
Accordez-moi un peu de votre temps,
Asseyez-vous,
Prenez une ou deux cigarettes,
Une boîte d'allumettes,
Prenez patience
Je vous raconterai alors
Un peu de mon histoire.
J'ai vu des tas de soleils
Se couchant sous l'écume des vents,
J'ai vu des tas de soleils
Se profilant entre les arbres
A la rencontre d'un amant,
J'ai vu des tas de soleils
Allant se fracasser sans bruit
Au fond de l'océan.
J'ai suivi des vents audacieux
Qui soulevaient jupes et jupons,
Prenant un air malicieux
Pour tous nos fantasmes amoureux.
J'ai traversé des tas de rivières en furie
Projetant avec force et fracas
Des tas de souvenirs
A jamais enfouis dans l'oubli,
J'ai vu la misère d'un paysQui poings levés chantait
Sa liberté retrouvée.
J'ai vu les barricades
De l'impossible,
J'ai vu un grand espoir naître
Puis partir en sanglotant.
Aurai-je le temps !
Le temps nécessaire
De raconter tout ça
A mes enfants,
A mes petits-enfants
A mes ami-es
Tout ce que j'ai vécu
En soixante-huit ans ?**********
PAUVRE CHIEN !
Je suis un vieux chien
Tenu en laisse,
Ma maîtresse,
Garde-chasseresse,
Me prodigue
Quelques caresses.
Si par malheur j'aboie trop fort,
Elle le prend de très haut,
Me donnant toujours tort,
Ma maîtresse n'aime pas ça,
Il lui faut des chiens comme il faut !
Putain, je voudrais bien m’enfuir
De son logis, je voudrais bien partir...
Je voudrais bien courir...
Mais je n'arrive jamais
A trouver la sortie !
Et puis, sa laisse me blesse...
Elle est bien gentille,
Mais manque de tactique.
Quand dans la rue
Je vois passer un autre chien…
Quand dans la rue,
Ce même chien
Est sans collier…
Je le regarde passer,
Étonné, je me demande
Comment sa maîtresse
A pu le laisser s'échapper ?
Il a peut-être trouvé
La combine...
La combine
De la liberté !
Alors je l'envie...
Je voudrais bien suivre ce chien…
Mais ma maîtresse,
Garde-chasseresse,
Ne l’entend pas de cette oreille.
Je te trouve très bien
Avec cette laisse,
Tu n'as rien à dire !
Alors, laisse ce vaurien,
Ça ne vaut pas la peine
De lui courir après,
Il est plein de puces
Et ne se lave jamais !
Enchaîné, je le serai toujours…
J'aurai beau chercher la sortie,
Je ne pourrai jamais m'enfuir…
Putain, je voudrais bien ressembler
A ce chien si maigre,
Lui qui a su trouver
La sortie... et sa liberté !**********
DES INJUSTICES ET DES MALTRAITANCES
Moi, vous savez,
Je suis rouge !
Aussi rouge qu'un coquelicot,
Mais quand je perds mon self-contrôle,
Ou les pédales,
Alors je vire très vite
Au noir, très noir,
Noir ocre,
Noir encre.
Ma plume, je la laisse tremper
Dans l'encrier de mes blessures,
Et quand elle sort, elle prend alors
Les couleurs violacées du vitriol !
Je ne sais me cacher sous un masque.
Ma plume, il faut qu'elle avance,
Et malgré l'usure du temps
Mes blessures restent intactes.
Je ne mesure jamais le temps
Sous les coups des injustices,
Ni celui des maltraitances,
Pourtant, pourtant...
Quand il arrive que j'arme ma plume,
Je l'habille alors de mots très durs,
Telle des oriflammes
Descendant en cascade,
Mes souvenirs restent encore
Trop et très vivaces.
Mon regard ne s'est pas éteint
Devant les parjures
Faits aux autres.
Mes flèches sont là,
Encore plus vivaces
Que ne l'ont été
Toutes mes blessures,
Toutes mes souffrances.
Je dénonce, je défonce
Toutes les grilles de mes obsessions,
Qui, tant de fois, m'ont fait mordre la poussière.
Colère, ma colère,
Jamais tu ne pourras t’éteindre,
J'en ai trop bavé
Et trop trinqué à la fois !**********
NOTRE SANG
Notre sang abreuve la terre,
Nous sommes ce sang,
Qui traverse le temps
Pour aller offrir aux autres
Ce que nous-mêmes
N'avions osé espérer !
Derrière chaque bosse,
Derrière chaque plaie,
Derrière chaque différence,
Est en attente notre quête d'espoirs !**********
LE SELF CONTRÔLE
Mes flèches au vitriol
Je les octroie
A ce qui me choque !
Je les attrape au vol,
Ne les enferme point
Dans une boîte quelconque,
Bien au contraire, quand elles sortent,
Je veux qu'elles claquent,
Claquent comme un fouet.
Alors, patiemment, j'arme ma plume,
Mais, n'écris pas "Au clair de la lune",
Je n'ai pas le temps
De m'apitoyer sur l'ami pierrot !
Ma plume trempée dans l'encre âcre
S’éparpille en flaque,
Se fracasse sur l'écume blanche de la vie.
J'assassine,
J'égratigne
Les choses et les non-dits,
Soudain le volcan
Se réveille aux feux incandescents
Et explose sa colère,
Jaillit à chaque coup de tonnerre.
J'éjacule !
J'éjacule !
Sous ma plume
Jamais je ne recule,
Les mots
M'arrivent en cascade,
Je fais fi de la mascarade
Et ne me cache jamais
Sous un masque !
Les petits travers de la vie
Je les dis,
Parfois ils font mal,
Ils sont si brutaux,
Tant pis,
Ça passe ou ça casse !
Et si j'écris au vitriol,
C'est que je ne retiens
Plus mon self-contrôle.**********
JE HAIS !
Je hais !
Mais d'une manière viscérale,
Les cons de tout poils.
Je hais !
Les préjugés
Qui en permanence
Me gargouillent le tête.
Je hais aussi
D’être prise en otage.
Je hais !
Tous les manipulateurs,
Les autoritaires,
Le culte de la personnalité,
Les conformistes,
Les réacs,
Tous ceux, qui d'une manière générale,
Se cachent en toute honnêteté,
Afin de faire honnêtement
Leurs méchancetés, en toute légalité,
Sans vraiment, sans jamais,
Se compromettre aux yeux
De la Société.
Je hais !
Les confessionnaux,
Les mea-culpa,
Les culs-bénits.
Je hais aussi et surtout
La violence : la violence
Des coups de poing
Dans la gueule des femmes.
Je hais le viol, les prédateurs
De toutes origines.
Je hais les bien-pensants,
La médisance,
La rumeur,
La maltraitance
Je hais ! Je hais la haine !
Je hais le racisme,
L’extrême-droite,
L’extrême-onction,
Je hais
Les défilés,
Les médailles militaires,
Les médailles du mérite,
Les marches en cadence
Avec musiques et fanfares incorporées.
Je suis
Contre la peine de mort,
Je suis
Pour la pilule,
Celle qui se prend
En cas d'oubli !
Je suis
Contre tous les interdits.
Je suis une rebelle.
Je suis une soixante-huitarde,
Heureuse de l’être,
Ne vous en déplaise !**********
ÊTRE CONFORME
Être conforme,
Être aux normes,
Prendre quotidiennement sa dose.
Prendre des claques
Pour être admise,
Au nom de leurs principes
Subir leurs critiques.
Ne pas penser le contraire,
Se taire, courber la tête,
Ne pas jouer les effrontées
Afin d’être admise dans leurs clans.
Mais moi, j'en ai mare !
Mare de leurs messes basses,
Vraiment mare de leurs faux semblants.
Mais moi j'en ai mare
Mare de leurs messes basses,
Vraiment mare de leurs semblants
De charité et d'humanité.
Ne tolérant pas la différence
De toutes les races,
Vomissant toutes leurs haines
Faites à l'encontre
De tous les étrangers.
Ça pue le conformisme
Prônant à tout moment
Leurs morales
Malsaines,
Machiavéliques
Et perverses.
La main sur la croix,
Ils jurent, ils parjurent,
Sans émoi pour leurs prochaines proies.
Ne pas accepter
Leurs ordres,
Ne pas devenir
Conforme
De leurs idées,
Se mettre en porte-à-faux !
Se libérer,
Être libre
Quoi qu'on en dise,
Quoi qu'on en pense !
Marcher dans la non-acceptation
Avec énormément d'assurance
Même si l'on passe pour un con !
Parce que l'on refuse,
Parce que l'on réfute
De se faire marcher
Constamment sur les pieds
Par de plus cons que soi !**********
JE MARCHE
Je marche...
Je pense...
Le regard du ciel
Gris orange...
Je l'implore,
Qu'il ne déverse
Sur ma personne
Des immondices
Dont je ne désire point,
Des tonnes de seaux d'eau délirants !
Je marche...
Je pense...
Que demain il faudra
Aller voter
Pour des incapables,
Pour des ahuris
Et quelques abrutis.
Je marche...
Je pense...
A l'immensité de la terre
Abritant le saint fric,
Aux S.D.F. jetés,
Sans aucune pitié,
A la rue
A cause du chom'du...
A tous les affamés de l'univers,
D’Afrique du nord,
D’Afrique du sud,
De tous horizons.
Aux romanichels,
Aux manouches,
A tous les déplacés,
Qui un jour peut-être
Se soulèveront
Pour demander leur dû !
Je marche...
Je pense...
Et je rêve... Je rêve...
Que peut-être un jour... ?
Verrais-je le saint fric
S'emmêler les pinceaux,
Toutes les convoitises,
Toutes les méchancetés,
Toutes les jalousies
Réduites au néant ?
S'il vous plaît,
laissez-moi ce plaisir
De rêver... De rêver
A satiété !**********
LA MANIPULATION
C'est un cercle vicieux
Où je tourne en rond,
Et j'ai l'impression bizarre
De me mordre sans-cesse la queue.
Je mords,
Je tourne,
Je mords,
Je tourne en rond
Et ne vois jamais
Le bout de ma queue.
C'est pernicieux,
C'est vicieux
Au possible,
C'est sournois,
C'est visqueux
Et ça vous glisse
Entre les doigts.
Ça vous paralyse
La tête,
Ça émet des sons étranges,
Ça vous parasite aussi
La cervelle,
Vous avez l'impression
D’être au bout
D'une laisse,
Menée au pas,
En cadence
Selon ses pensées.
C'est pervers,
Ça vous bloque
Et colmate le cerveau,
Lentement l’étau
Se resserre,
Vous vous retrouvez
Au pied du mur
Comme prise au piège.
Votre tête ne ressemble
A plus rien,
Vous êtes sous l'emprise du despote,
Au service d'une personne,
Qui de l’intérieur grignote
Votre liberté !
C'est un cercle vicieux
Je ne cesse de tourner en rond,
Je me damne
Et ne cesse de me mordre la queue.
C'est pervers,
C'est dévastateur,
Ça vous réduit au silence,
Et sous leurs gueules d'ange
Ça vous dévore en un rien de temps !**********
DEPUIS CROYEZ-MOI
Un jour, je ne sais trop pourquoi
J'ai laissé choir, sur un coin de comptoir,
Un verre
Que j'avais pris soin de peindre
Aux couleurs d'anisette.
Je l'ai regardé de travers,
Et lui ai dit :
... "Toi ma vieille,
Je n'en peux plus
D’être accrochée
A tes basques,
De me traîner,
De me disloquer,
Et d'apparaître
Au moindre de tes appels,
En un mot,
Je préfère
Ne plus paraître,
Mais disparaître
Sous un linceul blanc,
Emportant avec moi
Mes angoisses,
Ma détresse
Et mes pleurs.
Alcool, mon cher alcool !
Disparate,
Noirâtre,
Et peint aux couleurs
Du désespoir.
Depuis, croyez moi,
Il n’arrête pas,
Et me tire une gueule
Pas possible... Et de bois !
Il m'en veut, j'en suis sûre,
Mais ce verre
Que j'ai laissé choir
Sur le bord du comptoir,
Je me l'interdis,
Je ne veux plus y toucher.
J'ai trop bu l'errance,
J'ai trop bu la dépendance,
A cause de lui, j'ai aussi vu
Des éléphants de toutes les couleurs.
Je regrette, mais le feu de paille
Que j'ai un jour allumé
Par mégarde, j'en suis venue à bout,
Alors, je laisse tomber !
J'aurai la force,
J'aurai le courage
De serrer les poings,
De serrer les dents
Comme je l'ai fait si souvent,
De tes appétits féroces
J'en sortirai triomphante,
Malgré le lourd fardeau
Me pesant au dos.
La violence
Brutale
De ma dépendance
M'a fait trembler,
Trembler de rage
Devant tous tes pourboires
Que j'encaissais
Sans broncher.
Dix-huit, bientôt
Dix-neuf ans
Que j'ai défouraillé,
Et fait éclater
Mes chaînes,
Et plus une goutte
D'alcool
Ne circule à nouveau
Dans mes veines.
Alors, moi je dis,
Parce que personne
Ne le fera à ma place,
"Chapeau Madame !
Chapeau de vous en être sortie !"**********
SAUVAGE
Sauvage,
Comme un arbre
Sorti
Tout droit de sa garrigue !
Sauvage,
Comme gitane
Dansant un flamenco
Sur des braises
Faites par les mains
Du diable !
Sauvage,
Indomptable
Tête de lard,
Tête volante
Riant aux éclats !
Sauvage,
Comme solitude.
Amoureuse jusqu'au sang
De la nature,
Overdose d'opium,
Je m'enivre,
Je bois au calice
De ma vie.
Sauvage,
Gitane,
Pas facile
A capturer,
Refusant
De se mettre
A la table
De la conformité !
Tête de sauvage,
Tête ne correspondant
Absolument pas
Aux normes prescrites
Par vos lois.
Sauvage
En diable !
Sauvage
Comme gitane !
Les mots, les phrases
Restent mes seules armes
Pour me défendre.
Sauvage
Sur toute la ligne,
Mais pourquoi ne suis-je pas
Le petit renard
Que le petit Prince
A apprivoiser ?
Sauvage,
Comme garrigue,
Le calme et la sérénité
Des grands arbres,
Aux racines
Indéracinables,
Sont mes seuls compagnons.
Comme ma fureur
Intense de VIVRE !
**********
JE N'AI PLUS D'ÂGE
Avoir la rage au corps,
Avoir la rage au cœur,
Avoir encore et toujours
L'envie de se reconstruire,
J'ai vingt ans !
Que ce soit les rues de Montpellier,
Que ce soit les rues de Nice,
Ou bien les couloirs gris et sombres
Que je ne saurai oublier,
Moi, la jeune écervelée,
J'ai appris à vivre...
J'ai trente ans !
Ma vie n'a cessé de basculer,
Je n'ai alors plus d'âge,
Et les rues deviennent trop étroites,
Soudain ma vie s'est plombée
Dans les échanges.
Je suis vieille, très vieille
A présent, j'ai cent ans !
Les aiguilles du temps
Ont raccourci ma vie,
Je me regarde vivre
Au travers d'une vitre.
Et tout mon passé dégringole,
Je marche, je cours,
Et de rigole en rigole,
Et de ricochet en ricochet,
J'aborde, et je m’accroche
A des soleils rouge orangé,
A des soleils rouge sauvage,
Je deviens une pelure d'orange
Gorgée de tous les soleils d'été.
Bleu étrange.
Avoir la rage au corps,
Avoir la rage au cœur,
Se reconstruire,
Se reconstruire
Au présent...**********
C'EST DEMAIN QUE TOUT SE DÉCIDE
Trinquez mes copains,
Trinquez mes copines,
Buvez tous et toutes à ma santé !
De mon passé je ne veux
Que plus rien ne subsiste,
Car c'est demain que tout se décide.
La seule arme qui me restait
Je l'ai faite assassiner...
Je suis parvenue à vaincre
Tant bien que mal
Toutes les embûches
Que m’offrit la vie.
Ce fut rude et douloureux,
Car les désordres de mon corps
Eux furent terribles.
J'ai alors refusé
De devenir une loque.
J'ai alors refusé
De ne devenir que mon ombre.
Alors... j'ai marché
Pour ne devenir que moi-même.
Alors... j'ai marché
Car je n'avais de cesse
Que de vaincre l'impossible.
Y suis-je parvenue ?
L'espoir qui demeure
Circule dans mes veines !
Alors...
Trinquez mes copains,
Trinquez mes copines,
Et que le champagne
Coule à flot,
Car c'est demain
Que tout se décide.**********
LA SOLITUDE
Que de chemins de traverse
J'ai dû emprunter,
Où j'ai égaré et perdu
Toutes mes vertus,
Dans mes souliers
Que de solitude trimbalée.
C'est à l'ombre de ma solitude
Que j'ai grandi,
Sur des sentiers de fortune
Que j'ai rencontré
Dame Liberté !
Comme de l'argile
Sur ma peau café-crème
D'un seul coup se brise,
Éclate en mille arcs-en-ciel,
Alors, jaillit d'un noir d’ébène,
Ce qui fut sûr
Et sans pareil,
Toutes mes certitudes.
J'ai alors courtisé d'autres soleils,
J'ai alors goûté à tous les miels,
Bien qu’éphémères,
Mais que de longs tête-à-tête
Passés ensemble.
J'ai suivi chacun de tes pas,
J'ai dormi au creux de tes bras,
Et quand mon lit
Ne fut plus qu'une impasse,
Lorsque je me suis sentie lasse,
J'ai alors déposé mes armes
Au creux des bras des hommes,
J'ai continué à vivre
Vaille que vaille !
Il m'a fallu du temps
Pour comprendre
Que je n'avais que toi
Pour compagne.
Je n'ai cherché aucun mirage,
J'ai évité beaucoup de naufrages,
Quand tes bras, doux et tranquilles,
Se sont enfin posés sur moi,
Je n'ai rien trouvé à dire
J'ai retrouvé, c'est absurde,
Le goût de vivre.
**********
SOLITUDE
Un jour du mois de mai,
Sur un sentier quelconque,
Le hasard me fit rencontrer
"Dame Liberté".
Dans un champ de blé
Où se mouvait une
Multitude de fleurs,
Et ce... à perte de vue...
Des roses trémières,
Des roses rouges rebelles,
Des giroflées aux senteurs pimentées,
Des pâquerettes lissant
Sans-cesse leurs collerettes
De peur qu'elles ne se froissent,
Ainsi que des marguerites...
Tout semblait si magique !
Heureuse... j'ai alors poursuivis
Ma route en solitaire...
Et le soir venu,
Quand des ombres furtives
Prennent la couleur de la mer,
Quand la mer rejoint
Comme un besoin le soleil,
Quand le soleil danse
Dans les bras de la mer,
Quand la mer et le soleil se confondent
Ressemblant à deux amants.
Je te vis alors danser, virevolter
Dans une robe que je n'aurai pu imaginée,
C'était magique et grandiose,
Mais tu paraissais si frêle
Sur ces vagues survoltées ,
Tes pieds semblaient à peine toucher l'eau.
Hélas l'enchantement
fut de courte durée,
Mais heureuse de t'avoir rencontrée...
Désormais, je laisserai
Le champs libre
A la réalité...
Mais j'ai vu l'espace
D'un moment,
La solitude tenant par la main
Ma liberté !**********
MARSEILLAN
Même sous ton gris apparent,
Même sous ton soleil étincelant,
Tu es, tu resteras
Mon midi apaisant.
En septembre,
Sous ta grisaille,
Longeant le port matinal
Tes restaurants
D'habitude bruyants
Semblent s'endormir,
S’alanguir
D'une récente métamorphose.
Tes arbres à demi dépouillés,
Arbres de lumières,
Arbres de sang,
Arbres de feux.
Mais où donc étales-tu ta misère ?
Ne vois-tu donc pas que je suis maudite ?
A me promener souvent
Dans ton centre ville
Ma pugnacité
Y a gagné,
Avant n'étais-je pas la maudite,
Qu'il fallait absolument rejeter ?
Il m'a fallu du temps
Pour me faire admettre,
Aujourd'hui ce n'est plus
Qu'un lointain souvenir.
Mais que l'on ne s'y trompe pas
Ma volonté,
Ma pugnacité
Y sont certainement pour quelque chose.
Ce que j'ai trouvé dans cette ville
Restera pour moi écrit
A jamais dans mes lignes.
Inconsciemment je l'ai promenée,
Inconsciemment je l'ai implorée,
Elle a pris une place importante,
C'est l'amitié gagnante,
Merci Marseillan !**********
NU INTEGRAL
Un nu intégral
C'est peut-être
Pour quelques uns
Un régal,
Moi, quand j'écris,
Même parfois
N'importe quoi,
Il faut que je me mette
Immédiatement à poil !
Peut-être suis-je exhibitionniste
quelque part ?
Les mots, je les sauce
A la mode du moment
Et selon les circonstances,
Devant eux, je me dénude
Complètement.
Manouche par omission,
Voleuse de poule
En toute occasion,
Mais futée comme un renard
Je cherche ma proie,
Et fond sur elle
Pour satisfaire mes émois.
Gitane, gitane
Dans l’âme,
Aux vues des circonstances
Je ne serai jamais
A ma place,
La bonne aventure
Ne me fera jamais fortune,
Au clair de lune,
Ma vie ne vaut rien !
Même pas une déchirure,
Alors, pourquoi faire un détour
Sur mon passé.
Ce passé, je l'assume
Complètement,
Ce passé qui, de toutes évidences,
Était fait à mon image,
Nul besoin de se plaindre...
Nul besoin de geindre...
Nul besoin de pleurnicher
Sur soi !
Voilà ! Encore une fois,
Me voilà totalement à poil !
Je suis un corridor qui se dévaste,
Je suis un corridor qui se dévore,
Je suis un corridor qui n'a vécu
Que pour se mettre à poil
Devant les autres !**********
JE SUIS
Je suis un chant contestataire.
Je suis un champ qui sort de le terre,
Où les blés et le vent du large
Aiment amoureusement caresser.
Je suis un poing,
Un poing qui menace,
Un poing qui trace,
Qui surtaxe
Toutes les révolutions.
Je suis un chant
Qui survole,
Un chant rouge gorge
Chantant aux rythmes
Des quatre saisons,
Un chant qui agace,
Un chant de rapace
Qui sous ses grandes ailes
Fuit un monde à la con !**********
CHAQUE VERRE BU
Derrière chaque verre bu
Se révèle une grave blessure,
Qui n'a de cesse
Que l'oubli de son passé.
Outrancière est la vie,
Quand elle claque
Chaque porte
Derrière laquelle
On s'est réfugiée
Et endormie.
Elle nous consume
A petit feu,
Elle trace son empreinte
Sous des dalles,
Sous des "que dalle"
Va la vie.
Tout se joue
Dans l'absence du temps,
On dégringole
Doucement, lentement,
Sans vraiment sans apercevoir
Nous devenons
Ce sang liquide
Qui se déverse,
Nous rassurant,
Mais nous enserrant
Jusqu’à l'oubli,
Jusqu'à l'évanouissement
De soi !
Derrière chaque verre bu,
Esseulée, une voix s'est tue.
Derrière chaque verre bu,
Nous errons sans but
Parmi des cendres
Attisant sans bruit
Leurs désespérances.Depuis, croyez-moi
Un jour, je ne sais trop pourquoi
J'ai laissé choir, sur un coin de comptoir,
Un verre
Que j'avais pris soin de peindre
Aux couleurs d'anisette.
Je l'ai regardé de travers,
Et lui ai dit :
... "Toi ma vieille,
Je n'en peux plus
D’être accrochée
A tes basques,
De me traîner,
De me disloquer,
Et d'apparaître
Au moindre de tes appels,
En un mot,
Je préfère
Ne plus paraître,
Mais disparaitre
Sous un linceul blanc,
Emportant avec moi
Mes angoisses,
Ma détresse
Et mes pleurs.
Alcool, mon cher alcool !
Disparate,
Noirâtre,
Et peint aux couleurs
Du désespoir.
Depuis, croyez moi,
Il n’arrête pas,
Et me tire une gueule
Pas possible... Et de bois !
Il m'en veut, j'en suis sûre,
Mais ce verre
Que j'ai laissé choir
Sur le bord du comptoir,
Je me l'interdis,
Je ne veux plus y toucher.
J'ai trop bu l'errance,
J'ai trop bu la dépendance,
A cause de lui, j'ai aussi vu
Des éléphants de toutes les couleurs.
Je regrette, mais le feu de paille
Que j'ai un jour allumé
Par mégarde, j'en suis venue à bout,
Alors, je laisse tomber !
J'aurai la force,
J'aurai le courage
De serrer les poings,
De serrer les dents
Comme je l'ai fait si souvent,
De tes appétits féroces
J'en sortirai triomphante,
Malgré le lourd fardeau
Me pesant au dos.
La violence
Brutale
De ma dépendance
M'a fait trembler,
Trembler de rage
Devant tous tes pourboires
Que j'encaissais
Sans broncher.
Dix-huit, bientôt
Dix-neuf ans
Que j'ai défouraillé,
Et fait éclater
Mes chaînes,
Et plus une goutte
D'alcool
Ne circule à nouveau
Dans mes veines.
Alors, moi je dis,
Parce que personne
Ne le fera à ma place,
"Chapeau Madame !
Chapeau de vous en être sortie !".
7 commentaires -
TROTINETTE
On m'appelle trottinette,
J'ai un petit vélo dans la tête,
Soir et matin je cavale,
Des kilomètres j'en avale,
Et tant mieux si j’atteins l'extase !
De la bouteille j'en tâte,
Mais pas de n'importe laquelle
"Du château la pompe".
Le soir, exténuée, je m'allonge,
Et le lendemain, je recommence !
Je trottine ,
Je butine,
Cela ne me rapporte rien,
Je ne suis pas une catin,
Mais bordel !
Ce que j'ai pu user comme baskets !A PETITS PAS, JE TROTTE
Moi, je ne m'occupe pas de vos affaires
Alors, s'il vous plaît,
Laissez-moi dans mon jardin secret,
Que je cultive sans arrêt,
Où je me sens à l'aise.
Laissez-moi avec mon sacré caractère,
Laissez-moi avec mes emmerdes.
Ici les embrouilles
Se ramassent à la pelle.
Dès qu'un couic passe
Il faut que je me le ramasse,
Et je n'ai pas mon pareil
Pour me mettre dans la merde.
Pourtant mine de rien
Je navigue à travers les siècles,
Même si je ne vaux rien,
Même pas trois pets
Qui sortent de mon derrière.
Je slame sur deux mots,
Trois notes,
A petit pas, je trotte...
Je slame pour que tout bouge,
Je slame pour que tout change,
Mais si par malheur ça cafouille
Je deviens un petit ange !
Les petits chefs, c'est l'embrouille.
Les petits chefs sont de véritables
Casse-couilles.
Je ne suis pas médisante,
Mais je slame pour que l'on ne me mette
En vente,
Je slame pour ne pas me retrouver
Aux enfers,
Et je slame parce que je ne sais
Pas me taire !
Je juge ! Je juge ! L'inacceptable.
Je juge ! Je juge ! Et je râle.
Je lance, je lance
Des oriflammes,
De mes narines en furie
Sortent toutes sortent de mots,
Alors, dans un cadre bien défini,
Je les malmène sans merci.
Moi, je serai de toute évidence
Une éternelle râleuse,
Mais je m'abstiendrai
D’être une éternelle rêveuse.
Les rêves ne mènent
Nulle part,
Mais, je rêve, je rêve
Gratuitement !
Peut-être que pour vous
Cela n'a aucune importance,
Mais pour moi, ça me regarde,
Car la tête de lard
Que j'ai, et que je garde,
Ne suivra jamais la vôtre.
Je ne suis pas un
De vos bons apôtres...**********
DOMMAGE !
Veuillez m’excuser
Si je ne parle pas
A haute et intelligible voix,
Mais les gens qui gueulent
A tout moment
Me crèvent les tympans !
Veuillez aussi m'excuser
Si je parle du nez,
Si je bégaie,
Mais j'ai dû égarer
Mon dentier !
Excusez-moi si je ne suis pas
Toujours sage...
Excusez-moi de ne pas être
Toujours à la page,
Mais je crois que je mords
Je dois sûrement
Avoir la rage...
Excusez-moi si je ne suis plus
Qu'une trottinette,
Si je ressemble plutôt
A un autobus ambulant,
Et si, à chaque station de métro,
Je m’arrête pour demander
Qui je suis vraiment.
Excusez-moi si je passe mon temps
En compagnie de la solitude,
Mais que voulez vous ?
A chacune ses petites manières !
Mais avec elle au moins
Je m'envoie en l'air !**********
IL EST BIEN DOMMAGE !
Il est bien dommage
Que moi, pauvre crétine,
Je ne sois pas mise en vente,
Et ne figure point
Dans les arts et décorations !
Je fais plutôt partie
De la France défigurée,
De la France en péril,
Qu'il faut sans-cesse reconstruire
Si elle veut continuer à exister !**********
MON LIT
Mon lit est mon domaine !
Et dans mon lit je me promène,
Alors, dans mon imagination
En ébullition,
Je sors de mon chapeau
Des tas de gens en colère,
Mais je les mitonne
Avec énormément de précaution,
Car, si je ne fais pas attention,
Je risque de m'assoir sur un con.
Mon lit est mon royaume !
Alors j'ordonne,
Fais jaillir de mon cerveau
De grands chevaux
Aux yeux gris,
Partant au galop
Pour brouter mon dessus de lit
Ainsi que mon lit.
Mon lit est pratique,
Toutes sortes de gens
Y cohabitent,
Je les dirige moi-même,
Je suis devenue
Un grand chef d'orchestre,
Je suis dingue de lit,
Magicienne je suis !
Quand je claque des doigts
Toutes sortes de paysages
Sortent, aussi multicolores
Et aussi beaux les uns
Que les autres.
Dans mon lit
S'installe parfois
Madame "nostalgie",
C'est une grande fille
Sauvage,
Mais de passage,
Qui pleure jour et nuit.
Enfin, un jour dans mon lit
J'ai rencontré vaille que vaille
L'amour de ma vie,
Alors, il s’est installé
A mes cotés,
C’était un poème
Que j'avais entrevu la veille,
Il était si content
Quand je l'ai attrapé au vol.
Je l'ai aussitôt mis en page
sur le bord de mon lit,
Et lui ai fait une place importante.
Depuis je gamberge
Et je divague,
Mon lit est devenu
Tout à coup trop étroit,
Alors je crée
Des tas de prairies,
J'installe de grands chevaux
Aux yeux très, très gris,
Pouvant en toute quiétude
Brouter mes couvertures,
Crinières au vent
Et au triple galop,
Car sur leur front
J'ai pris grand soin
D'inscrire en lettres capitales :
LIBERTÉ !**********
CON ET SANS RAISON
Heureusement que la connerie
N'est pas universelle,
Mais, quand elle fait du zèle,
Là, vraiment, je désespère !
Quand on n'est con,
Con pour de bon,
On ne se pose pas de question,
A quoi bon !
Votre connerie vous suit,
Inlassablement vous poursuit
Sur des sentiers incongrus,
Sur des sentiers imprévus.
Machinalement, quand on la croise,
Quand on croit la voir
Dans un miroir,
On la salue bien bas et poliment
"Bonjour le con"
Alors on lui répond
"Oui, je sais, je suis con,
Con et sans raison !"**********
LA CONNERIE
Sa connerie est telle,
Qu'une fois monté
Le premier étage,
Le second est obstrué
De part en part.
Et, c'est avec beaucoup de peine
Que tu montes le troisième.
Et, je ne te raconte pas les autres !**********
JE SUIS UN CON
Je suis un con,
Je suis un con,
Je suis un consul
Qui doit rencontrer
d'autres cons
D'autres cons,
D'autres confrères.
En cours de route, je tombe
Sur un con,
Sur un con,
Sur un autre compagnon
qui cherche
Qui cherche
Un autre comparse.
Tous les trois
Nous sommes cons,
Nous sommes cons,
Nous sommes considérés
Par d'autres cons,
Par d'autres cons,
Par d'autres conquérants.
J'en reste con,
J'en reste con,
J'en reste consterné
De ne pas être con,
De ne pas être con,
De ne pas être considérée
Par un autre con,
Par un autre con,
Par un autre compère.
Je vous en con,
Je vous en con,
Je vous en conjure,
Car tout con,
Car tout con,
Car tout commentaire
Reste mal con,
Reste mal con,
Reste mal convenu.
Alors, je vais faire
Un tour au con,
Un tour au con,
Un tour au confessionnal
Voir les cons,
Voir les cons,
Voir les constipés
S'agitant autour
D'une con,
D'une con,
D'une compote.
Entre-temps j'aperçois
Un con,
Un con,
Un convoi
Traînant un con,
Traînant un con,
Traînant un compartiment
Charger de con,
Charger de con,
Charger de conjurés
En direction de cons,
En direction de cons,
En direction de Constantinople.
Je suis un con,
Je suis un con,
Je suis un conte
Réglant ses con,
Réglant ses con,
Réglant ses comptes.
Car je suis con,
Car je suis con,
Car je suis convoitée
Par des con,
Par des con,
Par des comparses
Qui sont des cons,
Qui sont des cons,
Qui sont des consultants
Bien malveillants à mon gré.
Je suis un con,
Je suis un con,
Je suis une constellation
Lambinant devant un con,
Devant un con,
Devant un con,
Devant une conjugaison.
Alors, je me con,
Alors, je me con,
Alors, je me console
Avec un con,
Avec un con,
Avec un compatriote,
Autour d'un con,
Autour d'un con,
D'un repas convivial.
Je suis con,
Je suis con,
Je suis con,
Je suis complétement
Dépasser par un con,
Par un con,
Par un congénère
M'achevant à coup de con,
A coup de con,
A coup de combiné
Sur la tête.
J'en ai mare d’être con,
D’être con con,
D’être con,
D’être conspuée
Par un con,
Par un con,
Par un concessionnaire
Tous les jours de la semaine.
Je me con,
Je me con,
Je me consume
Pour un con,
Pour un con,
Pour un compromis,
Comme une con,
Une con,
Une con,
Une consigne,
J’accepte enfin un con,
Enfin un con,
Enfin un con,
Enfin un concert
Autour d'un con,
Autour d'un con,
Autour d'un repas consensuel.
Avouer qu'il faut être con,
Être vraiment con,
Pour vous raconter un con,
Vous raconter un con,
Vous raconter un conte
A dormir debout... Ouf !!!**********
LA FLAGELLATION
A me flageller tout le temps
Le derrière,
Je ne suis pas certaine
D'arriver tout à fait entière
Devant le dieu tout puissant.
Pourtant, le petit Jésus
M'avait promis
Un coin tranquille
Dans son paradis.
Ici, tu ne seras point traquée
Par "edvige".
Ici, tu peux écrire,
Personne ne viendra
Te déranger.
Jésus, me paraissant
Très en forme,
Me proposa une pomme,
Que je mis aussitôt
Dans mon panier,
Qui, aussitôt, se transforma
En petit lutin.
Voyant passer Êve,
Je me mis en quête
De lui en proposer une.
Refusant mon offre,
Qui n'avait plus aucun intérêt,
Tant elle savait la suite des choses.
Je me suis dit
Quel intérêt
A rester ici ?
A tout prendre,
Je préfère être traquée
Par "edvige"
Depuis, je n’arrête plus
De me flageller le derrière,
Je n'assume plus mes arrières,
"Edvige" me poursuit sans cesse,
Peut-être, finirai-je aux enfers.**********
C'EST BIZARRE
C'est bizarre,
Mais il me semble
Que j'ai les chevilles
Qui enflent
Chaque jour davantage,
Peut-être que je marche de trop,
Et les pieds en dedans ?
Je me sens toute drôle,
J'ai dû avaler un gramophone,
J'ai dû aussi boire trop
De jus de carotte,
Mais je ne me vois point
Avec des fesses roses !
Un mal intense me prend
Tous les jours,
J'ai un mal fou
En-dessous des genoux,
A trop vouloir marcher
La tête en avant,
Je perds l'équilibre
A chaque instant.
C'est à n'y rien comprendre,
On a dû passer la commande
Au dieu créateur,
Qui s'est empressé
De tout faire à l'envers.
...Et c'est peut-être pour ça
Que je marche de travers !**********
SI VOUS TROUVEZ
Si vous trouvez cela si drôle
De ne pas être toujours à la mode;
De marcher en biais,
De marcher à cloche-pied
Et d'avoir au bout de son nez des groles !
Si vous ne trouvez pas cela facile
D’être charger comme
Une pile électrique,
D'avoir la tête en oblique,
D'avoir au bout de ses pieds des fenêtres,
Et au bout de ses souliers
Un monticule de lunettes !**********
DÉSORMAIS
Désormais, nous rentrerons
Dans la ronde folle
Des cocus de toutes sortes.
Désormais, nous resterons
Affreusement seule
Au seuil de nos nuits.
Alors, d'autres prendrons la relève,
Je ne crains rien pour vous,
Je crains pour ceux et celles
Qui ne manqueront pas de rentrer
Dans la ronde folle
De tous les cocus du monde.**********
UTOPIE
Utopie,
Je t'en prie,
Arrête de faire la toupie
Dans ma pauvre tête !
Ma tête dans un abreuvoir,
Je nage... Je nage...
Ma tête sur un volcan,
Je montre les dents.
Ma tête dans les étoiles,
Là, je mets les voiles !
Puis, je dis pouce !
Je marche dans ma vie...
Puis, je dis pouce !
Revoilà l'utopie
Frappant doucement,
Elle ne me met aucun interdit,
Elle me donne tout l'espace
Pour écrire toutes mes conneries,
Alors... Je divague !
Gentiment, elle me donne
Toute la panoplie
Du décrassage du cerveau.
C'est sûr je serai à la une
De tous les journaux,
En vraie terroriste...
En vraie utopiste...
Je finirais très certainement
entre les mains d'endoctrinants
Du ministre de l'intérieur.**********
TÊTE DE LARD
Ma tête de lard
Je la garde,
Quitte à aller l'exposer
Sur les trottoirs du monde entier.
Ma tête de lard
N'est pas à cuisiner,
Toute frisée qu'elle est,
Patiemment je la place
Dans un placard,
Et au hasard des bagarres,
Selon les circonstances,
Tranquille, je la sors,
Je la regarde,
Et lui dis :
"Vas-y, ma vieille,
Rentre dans la bagarre".
Ma tête de lard
N'est pas à vendre,
Loin de là !
Je refuse les vicelards
Qui sur mon chemin se présentent,
Je préfère aller les placarder
Sur tous les platanes,
Et j'avoue que ça me fait
De très belles jambes.
Ma tête de lard
Je la côtoie
Tous les jours de la semaine,
Du lundi au samedi,
C'est la même rengaine,
Alors, je vais la promener
Sur tous les boulevards,
Pour la faire voir
A tous les passants,
Et ma foi, j’observe
Tous les égards
Faits à ma tête de lard.**********
LE TIC-TAC
J'ignore ce qui se passe
Dans ma petite tête,
ça fait un bruit infernal,
Un genre de tic-tac,
Mis là par inadvertance,
Qui se déplace
En folie furieuse,
Au gré de mes interférences.
Est-ce ma faute à moi
Si ce tic-tac,
Jour et nuit, se déchaîne
Au point de ne plus savoir
Dans quelle étagère j'erre ?
En permanence je vis
Avec ce tic-tac infernal,
Qui de jour en jour
Devient intenable.
J'ai beau le chasser,
L’implorer,
Lui demander de se taire,
Il n'en fait qu'à sa tête
Le con !
Peut-être faudra-t-il
Que j'envisage
La pire des choses,
Le remplacer,
Pour mettre à sa place
Un flamboyant toc-toc,
Tout neuf,
Qui terroriserait
Tous les passants !
Et puis non !
Je garde mon tic-tac,
Qui m'en fait voir
De toutes les couleurs,
Je veux bien aussi,
Pour lui tenir compagnie,
Un toc-toc en plastic.
Mais si le hasard
Un jour me rend folle,
Que l'on ne s’étonne pas,
Car le tic-tac
Et le toc-toc ensemble
Me feront certainement
Perdre la raison,
Car dans ma pauvre tête
Tout ne sera que bordel.**********
SI PEU CONVENTIONNELLE
Je suis si peu conventionnelle,
Pâques... Les anniversaires...
Les défilés... Et Noël...
Franchement... ça m'emmerde
Ces manigances célébrées
En grande pompe, chaque année,
Et à date fixe,
Cela m'horripile.
Je préfère aller rêvasser dehors,
Surtout quand la pluie
En continue dégringole.
J'aime écouter la force du silence,
Le nez au vent.
Au loin le chant d'un oiseau s’élance.
J'aime la bagarre du vent,
Qui chahute dans les branches d'arbres.
Moi, ça ne me fait plus bander
Tous ces défilés à la télé,
Les anniversaires
Tournent souvent au rituel,
Et que c'est déprimant
D'ajouter toutes les années
Un an en plus !
Quel intérêt de rajouter sur un gâteau,
Pernicieusement entouré
De crème chantilly,
De nous offrir des cadeaux,
Histoire de nous faire oublier
Le poids de chaque année !
Moi, je préfère un bon gueuleton,
Avec des tas d'amies,
Qui nous fera oublier
Pendant quelques instants
Tous nos ennuis,
Et nos âges respectifs !
Et ne me parlez... JAMAIS
De la fête des grands-mères
Cela me ferait gerber
Des nuits entières !**********
LA DEBROUILLE
Je ne suis ni la brouille,
Je ne suis ni la débrouille,
Je suis tout simplement l'embrouille !
Je ne le fais pas exprès,
Je ne sais pas calculer
Les autres,
Mais quand je fais l'andouille
Alors, je dérouille quelque chose !
Étant loin d'être une "casse-couille"
Je me suis souvent casser la gueule,
J'ai souvent crier "OUILLE"
quand je me roulais dans la meule.
Petit à petit la rouille
M’attaque de tous les cotés,
Alors je ne bois plus
Que de l'eau "ouille"
Vue dans les publicités !
Je suis la brouille,
Je suis la débrouille,
Je suis aussi la rouille
Que l'on déroule
A longueur de route.**********
DU GRATTAGE, S'IL VOUS PLAÎT ?
S'il vous plaît !
Donnez-moi du rêve...
Du rêve à ne plus savoir qu'en faire,
Et du grattage plein la tête !
L’appât du gain que m'offre la vie
Me fera gratter sous la crasse
De la réalité !
Je ferai alors partie
Des six-cent milles
Addicts aux jeux de hasard.
Donnez-moi s'il vous plaît
Des tas de rêves,
Des faux semblants
Où je nagerai à l'aise,
M'imaginant que tout
Mes problèmes s’envoleront !
S'il vous plaît !
Donnez-moi de l’adrénaline,
Qui forge l'illusion
De refaire sa vie sans mal-être.
J'irai rejoindre la cohorte
De la dépendance,
Je m'accrocherais
Au wagon de l'engrenage,
En bénissant le ciel
De m'avoir fait stupide
De croire à leurs mirages !
Je m’achèterai avec
Les économies de la désespérance
Un psy qui m’enlèvera
Toutes envies de grattage !**********
ÇA M’ÉNERVE !
Ça m’énerve,
M'énerve vraiment
De ne plus être comme avant,
De mettre cinq à dix minutes
Pour lever mon cul
D'une chaise
Ou de mon lit.
Ça me fait
Grincer des dents
D’être à la traîne
Des honnêtes gens.
Ça m'énerve,
M'énerve vraiment
De sentir mon corps
Qui de jour en jour
Se voûte, rétrécie
Au point de disparaître
Dans les limbes de l'enfer.
Ça me fait grincer
Des dents
Quand la Société
Rejette sans vergogne
Les vieilles loques
Que nous sommes.
"Au rebut les vieilles,
Place aux jeunes!"
Ça me fait
Aussi gerber
Quand on pose
Un regard compatissant
Sur nous.
Nous avons traversé
Tant d'humiliations,
Tant d'appréhensions,
Que vos regards assassins
Nous gênent.
Nous avons aussi
Transpiré, sué,
Sué eau et sang
Sur toutes les chaînes
Du profit du capital.
Extensibles, flexibles,
Pliant sous le poids
De vos regards méprisants.
Ça m'énerve,
Ça m'énerve un max
Quand je vois le féminisme
Disparaître sournoisement
Au profit de l'homme tout puissant,
Ça m'énerve, ça m'énerve
Quand on nous traite
De potiches , de godiches
Et j'en passe et des meilleures.
On régresse, on régresse
Et si même les bonnes femmes
S'y mettent, on n'est pas sortie
De l'auberge !
Ça m'énerve,
Que ça m'énerve,
Pourtant il faut qu'on avance,
Qu'on se batte
Contre ce pauvre monde,
Qui craque de tous cotés.**********
SAVEZ-VOUS ?
Savez-vous que quand vous parlez
Ce sont mes fesses qui vous répondent !
Que vous le vouliez ou non
Mes fesses, et moi-même, nous avons horreur
Des hypocrites, des lèche-culs,
Des faux-jetons, des faux-semblants,
Des gardes-chiourmes,
De tous ceux qui font la joie
De tous les médisants.
Vous avez mauvais caractère ?
Qu'à cela ne tienne,
Du moment que vous ne vous laissez pas faire !
Vous êtes un bon chrétien ?
Qu'à cela ne tienne, aussi,
Tendez la joue que l'on vient de vous claquer,
Et remercier toute la clique
De tous les saints d'esprit !
Vous aimez la rumeur ?
Celle qui laisse la porte ouverte
A toutes les audaces ?
L'audace de faire du mal
Par tous les colportages
De bas étages,
L'audace de détruire une personne
Aux yeux des autres ?
Si cela reste votre passion...
Mais n'oubliez pas,
Parlez derrière mon dos,
Ce sont mes fesses
Qui vous répondront !**********
OH RAGE ! OH DESESPOIR !
Oh ! rage,
Oh ! désespoir,
Oh ! supplice extrême.
Dès que j'entrevois
L'ombre d'une balance,
Je prends la poudre d'escampette.
Dès que la flèche
Oscille entre ceci
Ou entre cela,
Je panique
J’angoisse
A chaque gramme
Que je prends,
J'enrage !
Je suis aux abois,
C'est l'horreur,
C'est le drame,
C'est le cauchemar !
Je voudrais tant ressemblée
A Madame tout le monde !
Les miroirs, je les évite,
Voir mon double m'horripile !
J'aimerais tant
Décoller les affiches,
Passer entre les briques murailles,
Être filigramme, plate comme un fil de fer,
Déserter tout ce qui
Se rapporte au gramme !
Mais...
Oh ! rage,
Oh ! désespoir,
Oh ! supplice humain...
Eloignez-moi de cette balance,
Eloignez-moi de ces crèmes chantilly,
De ces patate,s de ces pâtes
Bourrées à ras bord de sauce Bolognaise
Je voudrais devenir
Une femme conforme,
Être aux normes
De tous les catalogues
A la mode,
Être au top,
Pour faire plaisir
A tous Ces donneurs de morale,
Qui n'ont qu'un but
S'en mettre plein les poches
Sur votre dos !**********
TABOUS
Face à ce monde de silence,
Brisons toutes les chaînes
De nos souffrances,
Réduisons les en petits tas de cendre.
Démontons tous les tabous
Qui nous mettent à mal,
Nous mettent hors Société.
Démontons avec force
Toutes les idées reçues.
Se faire un certain plaisir
De leur tordre le cou !
Passons aussi en force devant
Tous les préjugés.
Autorisons-nous à les ridiculiser,
Et ceci à satiété !
Même si notre dos se voûte,
Même si avancer à petits pas
Nous demande tant d'hésitations
Et beaucoup d'efforts.
Même si nous devenons parallèle,
Diffuse, confuse, transparente,
Notre corps rétrécit en silence
Usé par toutes les outrances.
Étrange est notre zoo,
Vous regardez notre handicap,
Mais à une certaine distance,
Il révèle à vos yeux
Trop de réalité, trop de vérité,
Cela, vous ne pouvez le supporter.
S'il vous plaît !
Acceptez nos différences,
Nous aimerions tant
Que vous acceptiez
Nos maladresses
Ainsi que notre vieillesse.
**********
JE DÉCOMPRESSE
Avant que je ne devienne
Une pile électrique,
Que des bulles m’atteignent
Et me montent au cerveau.
Autant éviter de devenir
Une bouilloire prête
A péter les plombs, je préfère
Et de loin anticiper.
Je m'en vais au jardin,
Trottiner un brin.
Je marche,
Je décompresse,
Je marche,
Je canalise mon stress.
Quelque soit le temps
Il n'a aucune prise sur moi,
Qu'il neige, qu'il pleuve, ou qu'il fasse
Un coup de vent,
C'est plus fort que moi
Il faut qu'au jardin
J'aille me dégourdir les genoux,
Il faut que je dégage,
Il faut que je décompresse un max !
Avant que je ne fasse
Du rentre-dedans
A un quidam,
Ou bien que je mette
Le bordel et le boxon
Chez tous les cons
De la planète.**********
DANS MON ZOO
Dans mon jardin zoologique
Je vis comme dans du coton,
J'y prospère, j'ai une telle tête de bourrique
Que même le public refuse
De me lancer des figues sèches
Ou quelques cacahouètes !
Trottinant allégrement
Parmi les houx
Je dépose mon crottin
N'importe où,
Ainsi, je donne satisfaction
A tous les oiseaux
Se gavant de ma misère physique.
Je vis très bien dans mon zoo,
J'évite par tous les moyens
De faire de l'ombre à quiconque,
Mais, toutes dents dehors
Il faut bien que, de temps en temps,
Je morde... dans le jarret,
Soit pour me faire comprendre,
Soit pour me défendre
Et que tout le monde m'entende !
Je suis une vieille carne
Noirâtre, traînant la patte,
Je crains hélas
Ne plaire à personne,
Pourtant ma réputation
Je l'ai faite moi-même.
Ne cherchant aucune compromission,
Tête de pioche,
Tête moche,
Mais qui ose crier haut et fort
Ce qui lui plaît !
Mais, aussi et surtout,
Ce qui lui déplaît.
Ne vous en déplaise,
Je suis une bourrique
Qui, dans son zoo, n'avance
Que quand ça lui plaît !**********
LE CANCRE
Toute mioche,
Sur les bancs de l'école,
J'adorais farandoler,
Ma tête dans des arcs-en-ciel
J'aimais vagabonder.
Un peu poète,
Un peu bohème,
Tête de pioche
Je ne comprenais
Rien de rien
A ce que me racontait
Le maître.
Mon cerveau placé en orbite
Je refusais alors toutes les mathématiques,
Ainsi que l'arithmétique
Et tout ce qui est symétrique !
Par ricochet successif
Je me faisais un certain plaisir
A enterrer : la grammaire... l'adverbe...
Ne conjuguais plus
Les subjonctifs et les adverbes qualificatifs,
Je gerbais copieusement sur l’algèbre.
Le cancre que j'ai toujours été
Ne retenait jamais
Les leçons du maître,
Il s'en balançait le cancre,
Il préférait avoir la tête ailleurs...
ça se perdait dans les méandres
De son cerveau.
Bien au chaud
Au fond de sa classe,
Tout près du radiateur,
Il refaisait le monde le cancre.
Il préférait rêvasser la tête ailleurs,
Et les divisions,
Et les soustractions,
Et les multiplications,
Ce n'était plus son problème.
Son problème c'était de rêvasser,
De badigeonner toute sa classe,
Comme l'aurait fait un peintre
A qui il aurait poussé des ailes.
Alors, et le présent,
Alors, et l'imparfait
Ainsi que le futur,
Il n'en avait rien à foutre.
Aussi ayez pitié pour le pauvre cancre,
Qui assis au fond de sa classe
Refait sans cesse
Mille et un poèmes.
Il rêve, il musarde,
Refait sans cesse
L'école buissonnière.
La tête sans cesse
Dans les étoiles,
Il met les voiles
Dans un monde
Sans cour d'école
Et sans maître.**********
Ici-bas
Ici-bas on s'amuse,
Et dans la joie,
A regarder passer les cons.
Et ces pauvres cons volent,
Ils volent en rase-motte,
Ils volent à pigeon-vole,
Et forme une pitoyable farandole.
Faut vous dire, Messieurs,
Que chez ces cons là
On ne badine pas, Messieurs,
On ne badine pas...
On subit leurs lois !
Ici-bas on ne conjugue plus
le verbe : "je suis con"
A toutes les conjugaisons,
Ou alors, que dans la consternation,
Ou alors, que dans l'obligation
Et pour conserver la tradition
Du pauvre con,
Alors en pleine mutation
Toutes sortes de petits cons
S’éparpilleront en permanentes constellations !
Faut vous dire, Messieurs,
Que chez ces cons là
On ne badine pas, Messieurs,
On ne badine pas...
On subit leurs lois !
Ici-bas la contradiction
Est de mise,
Dès qu'un con passe
Tout le monde se met d'accord
Pour lui refiler tous les torts,
Alors, endossons, endossons...
Car n'importe comment
Ils nous auront
Jusqu’au trognon.
Faut vous dire
Que chez Ces cons-là
On ne badine pas, Messieurs,
On ne badine pas...
On subit leurs lois !
Ici-bas tant que les cons
Posséderont des ailes,
Du haut de nos balcons,
Un à un, nous les compterons
Quand ils voleront
A tire-d'ailes !
Mais, nous nous abstiendrons,
Et ce jusqu'à l'obstination,
De les juger par procuration,
De peur qu'il ne nous arrive
Beaucoup d'autres petits cons !**********
Prise de tête
Dans la famille Sainte Tenaille,
Apportez-moi, s'il vous plaît,
Sur un plateau doré,
Tous leurs os.
Nous pourrons alors, en toute dépendance,
Parler de leur sort.
Nous ne serons point méchantes,
Juste un peu médisantes...
Ceux qui auront les doigts longs,
Ceux qui ressembleront à des horloges
Nous leur mettrons
Un tic-tac sous les talons !
La famille Tronc,
La famille Truc,
Seront présentes à la réception,
Et remettront leur démission
Qui seront acceptées d'avance.
Cette prose n'a ni queue ni tête,
Je m’aperçois que depuis trois quart d'heure
Je tourne en rond,
Je fais des ronds,
Et que je me suis fait
Une sérieuse prise de tête !**********
ÉPOPÉE SUR LE PONT D'AVIGNON
Oyez, oyez
Jeunes gens,
Vous qui êtes en mal
D’émotions fortes,
Écoutez plutôt
L’incroyable voyage
De dix petites vieilles,
Que l'on sort,
De temps à autres,
De leur maison de retraite
Afin d'aérer leurs derrières.
Le car roulait tranquillement,
Et les petites vieilles
Étaient très heureuses,
Mais très excitées
A l'idée de voir
Sur le Pont danser
Les Demoiselles d'Avignon,
Et par la même occasion
De voir son célèbre Festival.
Les accès aux péages
Furent assez folkloriques
Car la machine têtue
Comme un âne refusait
De nous rendre la monnaie
Enfin, quand nous sommes arrivées,
Tant bien que mal,
Aux abords du fameux
Pont D’Avignon
Nos demoiselles
Avaient disparues,
Nous laissant dans
L’horreur et la terreur
D’un pneu
Ayant rendu l'âme,
Amère déception !
Ainsi que panique
Et grosse émotion,
Quand un motard
Nous désigna
De son doigt inquisiteur.
Notre malchance
A mi-chemin un
Besoin pressant
Nous fit serrer
Les fesses,
Et quelle stupeur
De voir tous les WC toilettes
Disparaître de la surface
De la dite ville.
Heureusement,
Heureusement,
Nos anges gardiens
Veillaient sur nous,
Un coup de fil,
Et le car se remit
De lui-même en place,
Cela n'était pas possible,
Ce jour là,
Le réparateur
Et nos anges gardiens
Réunis avaient fini
Par faire des miracles.
Nous pûmes enfin
Pisser à satiété !
L’appétit ne nous a pas
Fait défaut
Nous pûmes même
Voir nos comédiennes jouer.
Le retour fut cadeau,
Nous en fûmes étonnées,
Point d'envie de pisser,
Point de pneu éclaté,
Du chant des cigales
Encore plein les oreilles
Nous les petites vieilles
Sommes rentrées entières,
Contentes, satisfaites
Qu'on nous ait permis
D'aérer nos fesses.
Oyez, oyez
Jeunes gens,
Vous verrez,
Quand nos âges
Vous auront rattrapés,
Vous apprécierez
Grandement
Que l'on aère
De temps en temps
Votre derrière.**********
MADAME LA REDACTRICE,
Si aujourd'hui je prends la plume,
Madame la rédactrice,
C'est parce que ça urge...
Savez-vous que le soir,
Dans mon plumard,
Quand la nuit doucement descend,
Je fais d’horribles cauchemars.
Je rêve... Je rêve...
Je ne peux m’empêcher...
De rêver
De manipulatrices,
Mais le comble, c'est qu'elles se permettent
De sortir et de tous côtés.
J'ai beau les chasser,
Leur foutre des coups de pieds,
Pauvre de moi !
Elles se multiplient à l'infini...
De même j'ai beau prendre
Mille précautions, comme m’enfermer
A double tours...
Mais, c'est plus fort qu'elles,
Elles sortent de mes armoires,
Se mettent en file indienne,
Et, une à une, s'installent sur mon lit !
Me chatouillent les narines,
Me rabâchant aux oreilles,
Me susurrant sans-cesse
Que je leur dois obéissance...
Moi, pauvre imbécile
Terrorisée, je les écoute...
Aussi, Madame la rédactrice,
Si, par le plus pur des hasards,
L'une de vos lectrices
Connaît le même sort,
Qu'elle m'écrive vite,
A nous deux nous leur règlerons
Leur sort !
Ça urge !
Madame la rédactrice !
Car de mon côté
Je pète les plombs,
Et pour de bon !**********
LE TOCARD ET LE CORBEAU
Maître Corbeau sur un arbre perché,
Et tout de noir habillé,
Tenait dans son bec un fromage.
Quand... soudain... au loin...
Il vit passer, trottinant
Cahin-caha, un Tocard.
Il en laissa tomber son fromage,
Car dans son crâne
Venait de germer
Une drôle d'idée...
Il pensa alors :
"Chouette ! Ce Tocard là
Je vais le faire marcher
A la baguette !"
Le Tocard éperdu
De reconnaissance,
Croyant avoir trouvé
L'amitié véritable,
Se laissa aller
Et se mira dans son plumage !
Les autres... le voyant passer...
Restèrent tout éberlués,
Et tristement pensaient
"Est-ce possible
Qu'il se laisse mener
Par le bout du nez ?"
Or, le Corbeau,
Très satisfait de lui,
En gloussant de joie
Devant l'amitié éperdue
Que lui manifestait le Tocard,
En demanda davantage.
Mais voilà, le Corbeau
Était devenu
Trop exigeant,
Et l'autorité féroce
Qu'il cachait dans son bec
Alla se fracasser parterre...
Septique le Tocard pensa :
"Est-ce possible que j'ai pu donner
Mon amitié à ce con là ?"
Hé ! mon bon Corbeau
Apprenez tout de même
Que, tout Tocard que je suis,
Je ne suis pas Né
De la dernière pluie !
Alors, je reprends mon amitié,
Je vous rends mon tablier,
Pour moi l'amitié c'est sacré !
Et le Tocard parti blessé.
Mais au hasard d'une rue
Le destin mit sur son chemin
L'intelligence et l'amitié.
Comme quoi le destin
Comme le hasard
Font bien les choses !
Quant au Corbeau désappointé,
Voyant filer son gibier,
Il alla chasser sur d'autres territoires,
Se gardant bien de raconter
A qui que ce soit son autorité !
Entre-nous : ne dit-on pas :
"Dis-moi qui tu fréquentes
je te dirais qui tu es... !"
***************
T'AS PLUS LE LOOK
T'as plus le look Yvette,
T'as plus le look ma chère,
T'as plus le look du tout !
T'as plutôt l'air
D'une vieille rombière,
A qui on a enlevé
Toute personnalité,
On t'as dépouillée
De tes fleurs roses
Aux épines féroces.
Loin des sentiers battus
Camarade ton look
En a pris un coup,
Alors, tu pédales
Dans la mélasse
Afin de te retrouver !
T'as plus le look Yvette,
Des hippies d'autrefois,
Des babas cool sur la promenade
Grattant sur leurs guitares
A tout va.
Gream Allwright
Est parti au loin
Emportant sa cithare,
Aujourd'hui Grand-Corps-Malade
Nous balade avec son slam.
Ce qui reste
De ton look Yvette
C'est la méchanceté gratuite
Des gens de poubelle
Qui ne valent pas un clou !
Chemine, remonte
Lentement les parois
De ta mémoire
Pour la remettre
A l'endroit !
*****************
MALADIES GRAVISSIMES
La méchanceté, la jalousie
Ce sont des maladies gravissimes
Que l'on chope dans toutes les collectivités !*****************
FAUT FAIRE GAFFE
Désormais il faudra
Que je fasse attention
A tout ce que je dis,
Des yeux féroces me guettent,
Dissèquent tout ce que je fais ou dis !
C'est à en devenir paranoïaque,
Ces yeux de vautour
Qui me suivent partout
Me font penser,
Et cela malgré moi,
Que je suis devenue la tête de turc
Qu'il faut à tout prix abattre.
Serait-ce la franchise
Qui vous fait peur ?
Oiseaux de malheur ?
Moi, je vis ma vie
En parallèle de la votre,
Je ne tiens pas à devenir
Un de vos bons apôtres.
Tout entendre
Mais ne rien voir,
Oreilles obstruées,
Yeux désabusés,
Paroles : délation,
Jalousie : délation,
Méchanceté : délation,
Le monde n'est que trahison.
Faut faire gaffe
Mes petits agneaux,
Le loup surveille,
Le vautour guette
Et le rapace fond sur ses proies.
Où se trouve la différence
Dans tout ça ?
Ben ! Il n'y en n'a pas !!!
PETIT VOYAGE A TRAVERS LES ÂGES
A vingt ans... évidemment,
Rien ne nous oblige à penser à ça,
On est plein d'allant,
On a toutes ses dents,
Énormément de soupirants,
Et l'on croque la vie dans tous les sens.
A trente ans... c'est différent,
On y pense,
Mais c'est tellement loin tout ça,
Les soupirants sont toujours là,
Quelquefois on a mal aux dents,
Mais rien de très important,
Et l'on continue à vivre
Sans trop y penser évidemment.
A quarante ans... là vraiment,
On voit arriver en galopant
la cinquantaine... alors, narquoisement
Et malgré soi,
On y pense réellement,
On possède encore quelques soupirants,
De moins en moins de dents,
Et beaucoup moins d'allant.
A cinquante ans... les rides sont là,
L'ostéoporose vous attend,
La ménopause arrive en ricanant,
Un dentier remplace les dents,
Là on se dit que plus rien ne va,
Et les quelques soupirants
Qui nous restent, s'en vont en grognant
à la recherche d'une nana
Plus jeune et pleine d'allant, évidemment.
Arrive 60 ans...
C'est la maison de retraite
Qui vous tend les bras,
La vie avance, mais en reculant,
Au lieu de deux jambes
Vous en possédez trois,
Que vous faîtes avancer
En trottinant,
A l'aide d'une cane, cahin-caha,
Les dents je ne vous raconte pas,
Et là vous vous dîtes carrément,
Qui aurait pu imaginer
Que j'en arriverais là.
LIBERTÉ RETROUVÉE
Chaque jour qui passe
Me réjouit,
Car chaque jour
Je savoure
Ma liberté retrouvée !
Je me refuse d'être le toutou
De madame,
Que l'on tient en laisse
Toute la journée,
Et je refuse également
De devenir un pantin désarticulé !
Je suis le bon vieux bâtard,
Qui va de-ci, de-là,
Que l'on refoule
A tout moment,
Car il a une drôle de façon
De se faire accepter.Je me considère
Comme une autre
Parce que je n'appartiens à personne !
Et les petits ordres
De mon caporal
Ne m'impressionnent nullement !
Les petits cons
De tout poil
Je ne les aime pas,
Ils se croient très forts,
Peut-être à juste raison,
Mais, pourquoi ne pas admettre
Que celui ou celle
Qui se trouve en face d’eux
A raison aussi ?
Mais leur orgueil
Est tel,
Et sans fond,
Qu'il vaut mieux les laisser
Avec leurs conneries !
Ah ! Sainte connerie
Priez pour nous.
Vous êtes si jolie
Que je me prosterne
A vos genoux,
Et que votre nom
Soit sanctifié partout.
Amen !
Je hais, je hais,
D'une manière viscérale
Tous les moralisateurs,
Qui d'une manière générale
Y vont de bon cœur.
Que l'on me considère,
Ou que l'on ne me considère pas,
M'est bien égal
Car, après tout,
Je tiens plus que tout
A ma liberté,
Et celle-ci, croyez-moi,
N'a aucun prix !Même si je trimbale
Mille et une solitudes
Comme un animal,
Qui cache malgré soi
Quelques graves blessures,
M'attacher à une patte
Il n'en est pas question,
Et même si vous me considérez
Comme une vraie tarte.
Même si je suis triste,
Triste à en mourir,
Dieux sait que je positive,
Positive à l'envie,
Et si ça ne vous plaît pas,
Je passe outre,
Je n'ai point de compte
A vous rendre,
J'écris ce que je ressens
Et ce que je veux !
Devenir l'Agence Havas
Je m'y refuse,
Je ne suis hélas
Qu'une simple parure,
Qui hantera
Vos jours et vos nuits,
Sans aucune demi-mesure.
Malgré ma mine triste,
Malgré mes yeux battus en neige
Prêts pour l'omelette,
Je continuerais sans cesse
Mes ritournelles.
Même s'il m'arrive
De traîner derrière-moi
Des tas de casseroles,
Que Dieu me pardonne
Si je n'ai pas la voix
De Maria de Barcelone.
Si je chante faux,
J'irais accrocher ma voix
Aux porte-manteaux.
J'en ferais de la pâtée,
Je la saucissonnerais,
La passerais à la moulinette,
Peut-être qu'enfin
Elle sortira plus nette !
Je la donnerais en pâture
A tous les chiens errants,
Qui crieront d'une seule voix
Mon Dieu quelle voix superbe !
Malgré cela, je suis toujours en marche,
Et jamais à court d'idée,
C'est bien cela qui dérange !
Et dans ma tête
C'est un sacré remue-ménage,
Qui ne s'arrêtera jamais.J'aurais tant aimé
Croyez-moi, si vous le pouvez,
Moi, j'aurais tant aimé
Avoir des yeux
Couleur bleu vert doré.
Mais le bon dieu,
Dans son extrême charité,
A jugé bon de me faire naître
Avec des yeux marrons,
Avec des yeux tous ronds,
Avec des yeux de con !
J'aurais tant aimé
Me noyer dans des yeux
Verts, gris, bleus,
M'extasier devant des yeux
Me racontant des choses
Extraordinaires,
Mais voilà, mes yeux
sont gris, gris doux amers
De déceptions...
Gris vert de cochon,
Gris vert tout ronds,
Gris vert d'éternel con..
16 commentaires -
DANS LE REGARD
J'ai dans le regard
Le regard sombre
Et fier du gitan.
J'ai dans le regard
Le sel de la terre,
Et la terre nourricière
Pour tout bagage.
J'ai dans le regard
La beauté sauvage,
La liberté, les vagabondages,
Toutes les errances
Des gens du voyage.
J'ai dans le regard
La folie meurtrière
Des gens irresponsables,
Manipulateurs, arrogants,
Se croyant tout permis,
Tout en restant très respectables.
J'ai dans le regard
Le bleu immense azur,
Des vagues incandescentes,
Le bleu immense pur,
Larmoyant, tourbillonnant
Sur les hauts murs de mon enfance.
J'ai dans le regard
La bonté du diable
Et le mépris de dieu.
J'ai dans le regard
Le spleen des jours qui passent,
Des garrigues bruyantes incessantes
Du chant des cigales.
J'ai dans le regard
Tout un passé inoxydable,
Tout un passé fait de silence,
De cris, de larmes et de naufrages.
J'ai aussi dans le regard
Des tristesses inassouvies,
De celles qui vous glacent,
Des veines sclérosées,
Et le goût âpre et menaçant
D’être à nouveau abandonnée.
J'ai dans le regard
La fureur de mon enfance,
Les châteaux de l'enfance
S'y promènent en toute liberté
Des fleurs javellisées
Aux lys endimanchés,
Des godasses usées
Jusqu'à la corde,
Et moi, demandant miséricorde
J'ai dans le regard
L'odeur nauséabonde
Du racisme,
De l'intolérance,
Des maltraitances
Faites à outrance
Sur de pauvres ignares.
De tous les regards
Portés sur la Société,
Sur la collectivité,
Il ne me restera
Que celui fier de l'espagnol,
Que celui fier du gitan,
Que celui fier de l'étranger
Contraints à se défendre
Afin d'obtenir leur morceau de pain.J'ai dans le regard
Des fautes inavouables,
Des péchés impardonnables,
Mais des matins bleus,
Bleu azur.
J'ai dans le regard
Des gris-vert d’acier,
Striés d'éclairs sauvages,
Des chaînes extensibles,
Interminables,
Des corps brisés à l’excès.
Dans mon regard
Passent aussi des lois
Exécrables,
D'immenses murs
Hérissés et bétonnés,
Des cages d'escalier,
Des ascenseurs
Impraticables.
Des couloirs gris
qui se meurent de solitude,
Et sur chaque palier,
Et sur chaque porte
Laissée entre-ouverte,
Se meurt une misère latente.
Dans mon regard
Passent des lueurs étranges,
Des injustices effroyables,
Des maltraitances inqualifiables,
Et encore des injustices inégales
Vous laissant
Sur un bout de trottoir,
Sans vous laisser le choix
D'avoir une autre chance.
J'ai dans le regard
Des luttes,
De hautes luttes,
D'interminables
Marches militantes
Dont je suis fière,
Elles m'ont ouvert
Des portes
Dont j'ignorais l’existence,
Elles m'ont appris
A vivre debout,
Elles m'ont aussi appris
La tolérance,
La liberté,
La dignité,
La non soumission,
Elles m'ont enfin appris,
Jusqu'à plus soif,
A vivre d'espoir !REGARD INTENSE... REGARD TENDU...
Je suis seule, le stylo à la main,
Faisant face à la page blanche,
Plus un muscle ne bouge.
Je pars, je voyage...
Je suis dans l'infiniment lointain,
Mais ma mémoire n'émet que du silence,
Puis, brusquement, les mots arrivent,
D'abord un par un, j'hésite, puis j'efface,
Les mots ne sont pas à ma convenance.
Le stylo parcourt le papier timidement,
Et ma main guide doucement les mots,
Alors ce sont des montagnes de flots de mots
Sortant de ma tête, de mes veines,
Mais ils sont tellement rapides
Que j'en perds en cours de route, je m’énerve,
Alors, avec infiniment de patience je parviens
A placer chaque mot,
Et sur ma page blanche,
Je n'entends plus que le murmure
Du silence et des mots !DES MOTS
Des mots plein
La tête,
Des mots plein
Les mains,
Des mots
Qui s’entêtent
Criant à tue-tête.
Palombe orgueilleuse
Traçant sa route
Retrouvant sa liberté !
Des mots s’alignant
D’eux –mêmes,
Des mots crachant
Sur un volcan incandescent.
Des mots…
Des mots…
Délire…
Delirium des mots…
Des mots faits
De partage,
Poésie…souvenirs inoubliables.
Des mots plein d’innocence,
Enfance se cherchant
Sous des décombres,
Bâtarde…
Tourterelle aux mille assurances,
Mots se déchirant
Sans-cesse,
Tourterelle ogresse
Emportant sous ses ailes
L’enfance qui oppresse
Sans raison,
Mots d’éjaculation
Se mouvant dans un sperme
Ne portant aucun nom.
Des mots noirs,
Des mots ocre jaune, pourpre,
Des mots plein d’illusions.
Mots faits de hasards,
De rencontres de regards,
Que rien ne laissait prévoir.AVEC DES MOTS
Avec des mots,
Et des racines indéracinables,
De mes mains nues
Je construis des arcs-en-ciel imprenables.
Avec des braises incandescentes
J'assouvis ma soif de liberté.
Avec mille mots,
Avec mille langages,
Je donne la parole
A ceux qui ne l’ont jamais.
Avec le cœur en bandoulière,
Troubadour du temps qui passe,
Je chante l’espoir de demain.
Avec des monceaux de pierres concassées,
Avec des mille et une rivières
Étincelantes comme mille étés,
Avec des cascades tumultueuses
Et des torrents ravageurs,
J’inscris sur le mur
De chaque prison... LIBERTÉ !J’EN PERDS LA RAISON
Je suis la phrase…
Je suis la page…
La page blanche.
Je suis la plume d’encre
Je marche… Je marche
Aux rythmes de mes silences,
Et me mire dans la mare.
Je suis la prose,
Je dispose
Les mots les uns après les autres,
Je les mitonne
En terme de conjugaison,
Je les place,
Les menace,
Au fil de mes émotions.
Je suis le poème,
Je sème… Je sème...
Je mène
Ma vie de bohème,
Sur chaque page inscrite
J’imprime
De manière forte
Toutes mes colères,
Je les étale
A longueur de pages,
Et quand je tourne la page
Mon cœur bat la chamade !
Je suis la phrase…
Je suis la prose…
Je suis la plume…
Ma vie je la mène
Au fil de mes conjugaisons,
Les verbes je les fais danser,
Les adverbes je les fais vibrer,
Et sur ma corde raide
J’en perds la raison !QUE DE CRIS
Au jour de ma naissance
J'ai poussé d'effroyables cris,
Des cris d'impuissance,
Des cris interdits,
Des cris improbables ,
Dont je n'ai plus de souvenance,
Tant ma chair s'en est pétrie.
Cris de détresse,
Cris sans repère,
Cris doux-amers,
Je me cherche au fin fond
De mes nuits sans fin.
Chemins hasardeux,
chemins douteux,
Chemins aubépines
Chemins sans épine,
Chemins aux herbes folles,
Un poing se cogne
Aux cris de mes révoltes.
Je cherche,
Je ne cesse de me chercher...
Culture,
Blessure,
Plume,
Encre,
Encrier,
Se déversant sans réserve
Sur mes cahiers
Aux pages blanches,
Sur un corps sans tache
Mille fois entaché.
Culture,
Livre,
Cris ivres,
Cris se répercutant,
Se culbutant
Dans une mémoire en feu.
Pouce ! Je passe,
Je liasse,
Je page
De page en page,
Je livre,
Je m'épuise,
Je cherche mes vérités.
La culture
Me jugule ma jujube,
Alors, je jubile,
Sous mon stylo bille
S'éparpillant en toute logique
Sur ma tête pile électrique
Tournant au tragi comique.
Culture... Culture,
Qu'as-tu fait de moi ?
Me voilà dépendante
De mots, de cris,
Alors, je divague,
Je quémande,
Puis tout à coup,
Quand je me trouve en manque,
Je me saoule de mots,
Je cris et je menace,
Qui aurait pu dire cela
Au jour de ma naissance !LE CRI
Je ne suis qu'un cri,
Qu'un simple cri,
Mais un cri subtil,
Un cri utile,
Un cri qui déchire la nuit.
Je suis le cri,
Le cri de la louve
Solitaire, j'erre et hurle,
Marquée sans nul doute
Aux fers rouges.
Je reste le cri
De l'anticonformiste,
De l’antiracisme.
Je resterai de tout temps
Une blessure qui se rebelle.
Je ne suis qu'un cri
Mais un cri percutant,
Celle qui tôt ou tard
Ne sait se taire,
Le cri de la vérité,
Pour avoir oser dire
Tout haut
Ce que les autres
S'obstinent à taire tout bas!
Celle que sans raison
L'on jette en prison,
Dans ce cas je ne suis
Que le cri de la raison.
Je suis aussi le cri,
Le cri
De tous et toutes,
Celle qui meurtrie
Dans ses chairs souffre,
Mais qui ose encore
Croire à ce que lui apporte la vie !SANS JAMAIS
Sans jamais pleurer,
Sans jamais regretter,
Sans jamais hurler,
Sans jamais l'avouer,
Avoir le pardon au bord des lèvres,
Avoir le pardon et ne jamais paraître.
Faire taire son cœur et ses problèmes.
Enfouir à jamais sa solitude,
Se comparer... et rester louve.
Mais jamais... au grand jamais,
Enterrer l'oubli.L’INTOLÉRANCE
Oser,
Savoir oser.
Briser,
Savoir briser
Des murs,
Des tas de murs
Faits de méfiance,
Et les réduire
En petits tas de cendres.
Oser,
Savoir oser
Les sortir de leurs silences,
Pour oser,
Oser dire
et écrire,
Intolérance
Se cachant
Comme engloutie
Par des siècles
D’indifférence
Et de conformité.
Abattez-moi
Tous ces murs,
Ne me parlez
Jamais de la différence !
Mais savoir ouvrir
Toutes grandes
Les portes de la tolérance,
De toutes les tolérances,
Pour ouvrir son cœur
A toutes les intelligences !LE MAL-ÊTRE
Poings serrés
Devant toutes mes colères,
Je me déchire.
Nuits défiant
Toutes leurs limites.
Nuits d’angoisses,
Peuplées de cauchemars.
Nuits cherchant
Désespérément leurs repères.
Nuits obscures
Sans fin.
Pourrais-je un jour
Devenir moi-même,
Sans crier mes haines,
Et éviter tout ce mal-être.
Sensations étranges
Au bout de mes doigts,
Les mots un à un s'envolent,
Glissent, se révèlent,
S’inscrivent,
Et se questionnent.
Au fronton de ma mémoire
Tout se décale,
Tout se calque
insidieusement,
J'ai l’esprit qui s'embrouille,
Je n'arrive plus
A trouver mon chemin.
Prendre ma plume,
M’activer dans les brumes
De mon cerveau,
Et écrire, écrire, écrire
Pour me libérer définitivement.J'AI SOIF
J'ai soif,
J'ai très soif,
J'ai immensément soif,
S'il vous plaît,
Apportez-moi
A boire,
Et permettez
Que je m'abreuve
Au sang de ma plume.
Ce sang que je transpire,
Du bout de mon stylo bille,
M'autorise à dire,
A écrire,
A extirper
Ce que mon ventre
Refuse de garder.
J'ai soif,
Trop soif,
Abondement soif,
Les yeux grands ouverts
Sur la vie,
Car je refuse
Ce que les autres
Acceptent
Les yeux fermés.
Même si derrière moi
Je traîne un boulet
Comme personne,
Je tiens à ne ressembler
A nul autre,
La normalité serait
Que je rentre
Dans la conformité
Comme un seul homme.
J'ai soif,
Sacrément soif,
Alors je bois
Ce sang
Qui ronge ma plume,
Et, comme une louve
Hurlant à la lune,
J’étreins ma solitude.
Solitude du poète,
Solitude parce que
Personne ne veut l’entendre.
L'écrit n'a plus de mémoire,
La vérité est trop dure
A admettre, à entendre.
J'écris... Je jouis...
Je bois le sang
De mon sang.
J'écris... Je mords
A pleine dent
La vie.
Les choses de
La vie
Parcourent
Mes artères,
Circulent
Dans mes veines
Je bois... Je bois
A même la vie...
Et j'éjacule
Sans aucun
Scrupule !!!SOUS TES ECORCES
Sous tes écorces d'arbres
Couleur d’ébène,
J'ai peint des mots,
Des mots mi-clos,
Des mots qui adhèrent
A la vie.
Des mots, sortant de nulle part,
Claquant au vent,
Comme la carapace
Que je trimbale
Au bout d'une peau
Se berçant de mille mots.
Des mots qui se pétrissent
Sous des mains innocentes
Transcendant la vie !
Des mots se bousculant,
Semant le désordre,
Épousant la forme
D'une révolte !
Des mots jaillissant
De mille mots
De colère.
Des mots... Des mots
Qui m'enroulent,
Me jalousent,
Me guettent
Sous la spirale
Infernale des mots.
Je les monte,
Les démonte,
Les dévore,
Les aspire
Et les mastique.
A la fin !
Vont-ils un jour
Me foutre la paix !
Non !
Car chaque jour,
Moi, j'en demanderai
Davantage !
Alors, je les ferai éclater
En mille morceaux,
Et sous un ciel arc-en-ciel
Je les ferai rire aux éclats.ENFIN, JE ME LÂCHE !
C'est avec le passé
Que l'on a vécu
Que l'on se forge,
Que l'on se tisse
Son avenir.
Certains préfèrent
Prendre la fuite,
C'est leur droit,
Moi, ce n'est pas mon cas,
Car je sais que je dois aller de l'avant.
Écrire... Écrire...
Enfin dire...
Même si je me mets hors temps,
Même si je me mets hors jeu,
Quelle importance,
Puisque, enfin, je me lâche !
Un mot qui passe,
Un mot qui se fracasse
En million de plumes d'encre,
En million de tonnes de pages,
En million de million d’espérance,
Enfin, je me lâche !
Si parfois ma plume paraît
Cinglante et choque,
C'est que dans ma tête
Chaque mot explose.
Je me mets hors normes.
Tout ce que je gardais
Enfoui sous mille tonnes de désespoir,
Tout ce que je gardais...
Il faut que ça sorte.
Alors, comme un torrent
Qui se déverse,
Comme emporté par le vent
Le vitriol se disperse...
Enfin... Enfin, je me libère !
Tout ce poids accumulé
Durant des années,
Je fais une entorse à la règle,
J'assassine chaque phrase,
Et comme un aigle
Dans mon bec crochu et pointu
Je massacre la bête
Et entre mes pattes, je l’achève...
Enfin... Enfin... je me libère !JE SUIS UNE...
Je suis une amazone
Citoyenne,
Je fais partie des cents
Et une mutilées.
Je n'ai aucune apparence.
Je suis solitaire,
Solitaire comme une amazone
Rodant dans un monde
Mille fois modifié.SUIVRE
Suivre...
Suivre la trace,
La trace qui trace
Toute sa vie durant.
Refuser...
Refuser avec force
Tous les points de désaccord
Mettant le désordre.
Avancer...
Rejeter...
Avec opiniâtreté
Toutes conjonctures.
Ne pas se laisser faire,
Rejeter la laisse
Qui vous était destinée.
Respecter les règles,
Toutes les règles.
Fuir la morale,
Toute la morale
De tous les moralisateurs
En puissance,
Ne cessant de faire du surplace
Sans jamais vraiment
Ouvrir leurs cœurs.VIVRE !
Être...
Ne pas être.
Paraître...
Ne pas paraître
Vivre...
Rompre avec son passé,
L'enterrer...
Mais ne point l'oublier.
Vivre...
Briser les chaînes,
Toutes les chaînes,
De préférence celles
Qui sont inacceptables :
L'autorité,
L'humiliation,
La soumission,
L’oppression.
Avancer...
Résister,
Avec la préférence
Inévitable
De ne pas rompre tout contact,
Et le face à face
De la page blanche...
Vivre... Écrire...
Écrire... Vivre...
Avec l'espoir du lendemain,
Et la liberté au bout de ton chemin !PLUME D'ENCRE
Plume d'encre,
Plume d'oiseau,
Sur mes cahiers d'adolescente
j'ai déchiré délicatement
Une de tes pages,
Pour écrire tous mes mots.
Plume de vent,
Plume de soie,
Jusqu'au crépuscule de ma vie
J'écrirai dans tous
Les langages
Sur toutes mes pages,
J'écrirai au vent,
J'écrirai dans tous les sens,
Reste mon amant !
Jeux de plume,
Jeux de miroir,
Jeux de piste,
Je m'égare
Par mégarde
Dans des vapeurs d'encens !
Vérités de plume,
Plume d'encrier,
Plume de sable,
J'égraine, laissant couler
Mon sang,
Sang rouge,
Sang couleur liberté,
Plume de vérité
Je refuse les non-vérités
J'ai laissé ma plume assassine
Couler dans l'encrier
Que m'offre la vie.
Plume de cendres,
Mémoire d'argent.
Plume défaillante,
Mémoire obligatoire.
Plume argile,
Plume agile,
Plume cherchant
Entres ses lignes
Tous mes amours,
Dont je ne suis plus
Tout à fait sûre.
Mémoire de cristal,
Plume magistrale,
Allant se cognant,
Se fracassant,
Pour finir en cascade
Loin de ce monde
Où tout n'est que désordre,
Plume agile.POISON VIOLENT
Dans mes veines circule
Un sang violent, corrosif,
Un véritable poison,
Il coule,
Il coule,
Il saigne,
Il saigne,
Poison au vitriol.
De mes mains autrefois
Si maladroites,
Tant elles se sont abîmées
A écrire tous mes naufrages,
A chaque page écrite
Mes mains ont pris l’apparence
De l'impertinence,
Soit, elles illuminent mes joies,
Soit, elles crient toutes ses révoltes,
Soit, elles partagent toutes mes souffrances.
Page que j'aime tes odeurs,
Odeurs d'encre,
Odeurs aux milles mots imprimés,
Je m'imagine en partance
Au travers des mots
Que je trace avec violence
Afin de me libérer.
Créer...
L’inspiration guide mes mains,
L'inspiration devient un poison violent,
Quand mon stylo
Trouve place
C'est la jubilation,
C'est la jouissance
De chaque mot posé,
Ces mots deviennent alors
Des gouttes de sang
Se propageant à une vitesse fulgurante
De page en page.
Manipuler,
Jongler,
Mettre les mots
Dans un ordre,
Ensuite les démolir
A coup de plume
Pour les remettre
A l'endroit.
Envers,
Endroit,
Quelle importance ?
Stop, on recommence,
C'est un plaisir
Qui ne s’assouvira jamais.
Les avaler,
Les attraper,
Les faire voltiger...
Et puis...
Quand tout à coup
Ça vous démange,
Les faire exploser
Dans un grand feu de Bengale !LA PAROLE ET LA POÉSIE
De feu, de sang, et de larmes,
Je suis la poésie.
Parfois, les morsures du temps
Engendrent en moi
De terribles colères.
Je peux être aussi
Une parole donnée,
Une parole libérée
Au nom de la vérité.
Je peux aussi être prise en otage
Aux fins fonds des prisons afghanes.
Paroles données
Puis reprises,
Puis refoulées,
Enfin étouffées...
Mais qui ne peuvent s'éteindre
Tant la souffrance
Ne se conjugue
Qu'à l'imparfait.
Je suis l'action,
Je suis revendicative.
Je suis aussi un bonbon acidulé
Se savourant lentement,
Car chaque phrase écrite
Claque comme un fouet !
Je suis aussi
Un simple cri,
Le profond d'une blessure
Qui s'égare,
Qui laisse trace
Dans une mémoire,
qui se déchire à des couteaux affutés.
Mais la poésie...
Mais la parole...
Sont, avant toute chose,
La liberté féroce
De penser autrement
Que les autres.ÉCRIRE...
Sur chaque mal
Qui fait des mots...
Se prouver
Que l'on existe encore.
Écrire...
Ne pas se retourner
Sur son passé,
Mais l'assumer...
Mesurer tout le chemin parcouru.
Écrire...
Se libérer
De toutes ses blessures,
De toutes ses culpabilités,
De toutes ses obsessions
Et de toutes ses peurs...
Fantômes errants
Parmi les cendres
Encore toutes chaudes,
Braises exécrables
Ne sachant s’éteindre définitivement.
Écrire...
Sur des doutes,
Chemins inextricables,
Morsures ne pouvant
S’effacer dans le temps.
Écrire...
Dans la fureur
De chaque phrase,
Dans le quotidien
De chaque larme,
Dans une chair
A moitie déchiquetée,
Dans des cris insupportables
Comme va la vie.
Écrire...
Sur une mutilation
Dont on se souvient,
Sur des hauts-le-cœur
Que l'on ne sait éliminer,
Sur une tête méconnaissable.
Écrire...
Écrire...
Pour se retrouver,
Pour se reconstruire,
Pour se donné une nouvelle identité.
Écrire...
Tout simplement,
Pour ne pas se retrouver
Au bord de l'apoplexie.LA RUMEUR
Je suis la sulfureuse,
Je suis celle qui se nourrit
De la misère d'autrui.
Je suis le racontar,
De cavalcade en cavalcade
Je ramasse tous les commérages,
Bons ou mauvais
Quelle importance,
Pourvu que je traîne
Ma sale langue
Partout où je passe.
Je ne fais du mal à personne,
Mais je suis comme nul autre,
Quand j’atteins ma proie
Je la broie,
Je la divise,
Je veux qu'elle ploie
Au gré de mes racontars,
Je veux aussi qu'elle se liquéfie.
Je suis la rumeur,
Jamais je ne meurt,
De ma sale mort
Il faut que je subsiste,
Cela prouve que j’existe,
Telle est ma vie !L'AUTRE RUMEUR
On ne sait d’où elle vient,
On ne sait d’où elle sort,
Elle arpente tous les horizons,
Son parcours est implacable,
Inconsidérable est son venin.
Elle enfle... Elle enfle...
Elle rampe... Elle rampe...
Dans un étroit corridor
Où tout n'est que désordre,
Jetant ses flammes,
Diffamant, ricanant.
Elle a traversé tous les âges,
Elle a traversé tous les siècles,
Viendrait-elle d'une autre planète
Où tout n'est que racontars,
Où tout n'est que mensonges.
Si vous n'y prenez garde
Elle se fera un certain plaisir
A vous réciter sa foutue MÉDISANCE.FATIGUÉE
Je suis fatiguée,
Fatiguée d'avoir toujours
Affaire à de véritables cons !
Fatiguée de courir sans cesse
Après toutes mes illusions !
Fatiguée d'entendre
Sur toutes les chaînes,
Et de lire dans les journaux
Qu'il faut croire
Ce que nous raconte
Notre cher président.
Fatiguée d’attendre
Un jour meilleur
Alors que le F.N.
Pointe son nez
A l'horizon.
Fatiguée d'attendre
Ce qui ne viendra jamais.
Fatiguée d'écouter
Vos salades aseptisées ,
Fatiguée de ne plus croire en rien.
Fatiguée, fatiguée...
Épuisée, épuisée...
Mais, écoutez notre révolte,
Ces poings se levant
Aux jours naissants,
Dans un silence menaçant.
Fatiguée des faux-semblants,
Fatiguée des lèche-culs,
Fatiguée de la médisance,
Fatiguée de la rumeur,
Fatiguée des gardes chiourmes,
Fatiguée des girouettes
Qui se perpétuent à l'infini !
Fatiguée de la mal-bouffe
Que nous devons ingurgitée,
Et que nous dévorons malgré tout
A pleines dents !
Fatiguée de tous nos espoirs
Mis au rencard
De tous les mirages
Mirobolants.
Fatiguée de toutes les bassesses,
De toutes les hypocrisies,
Fatiguée de toutes les jalousies
Avançant sournoisement
Pour mieux nous ligoter.
Fatiguée, usée, déprimée, saturée
De tous nos lendemains
Qui nous désenchantent.
Fatiguée que tous les grands
De ce monde nous divisent
Pour mieux régner.
Fatiguée, usée ,déprimée et saturée
De tous nos lendemains
Qui découlent à l'horizon du vingt et unième siècle,
Et qui n'en finissent pas
De nous désenchanter !L'HERBE FOLLE
Je suis une herbe folle,
Une graine dite sauvage
Qui a grandit
Sur des épines agressives
Au milieu de milles coquelicots
Rouges colères.
Le soleil n'a cessé
De me darder
De ses rayons perçants,
La pluie cicatrisant
Toutes mes plaies
M'a aidé à pousser
Dans des abîmes acérés.
L'herbe folle, loin des sentiers battus,
N'a cessé de grandir
A l'ombre de sa bâtardise.
Faute due au hasard,
On m'a donné
Comme prénom : Personne,
Les coquelicots m'ont alors
Ceint d'une robe écarlate,
J'ai cogné, j'ai saigné,
J'ai mordu jusqu'au sang,
Je me suis débattue
Afin de survivre.
Dans mes veines
Jubile un sang
De toutes les audaces,
Dans mes veines
Jaillit un sang
De toutes les libertés.
Ses graines folles
Feront éclore
La parole de tous
Les déshéritées,
Herbes folles
Si souvent méprisées
Et rejetées.LA FLEUR MENSONGÈRE
ET LA BEAUTÉ INTÉRIEURE
Je suis une fleur javellisée,
Encitronnée à la cire d'abeille,
Je fais pâlir d'envie
Tant je suis belle.
Dans mes habits d’apparats
Froufroutants sans pareil
Je virevolte telle une vaniteuse,
Cherchant à accrocher
Tous les regards
A ma dentelle douteuse.
Je suis la fleur mensongère,
Je suis tellement belle
Que je ne cesse de me regarder passer.
Sauvage est ma collerette,
Les prés immenses sont ma maison,
Je pousse sans complexe
Parmi les luzernes folles
Et les blés ensommeillés,
Tout près d'une rivière
Chavirant ses galets,
Tous les soleils, tous les insectes
Ne cessent de me butiner.
Plaire n'est pas mon obsession
Pourtant je plais,
Mon langage est velouté,
Comme satiné,
Pas vaniteuse je ne prêche
Jamais par excès,
Les pluies sauvages
Ruissellent à mes pieds.
On me prénomme :
La beauté intérieure
Et, je ne fane jamais !!LE SENS ET LES RÉALITÉS
Quand je prends mon bâton de pèlerin
Ce n’est jamais en vain,
Les prêchiprêchas
J’ai horreur de ça,
Et prêcher dans le désert
N’est pas mon quotidien.
Les mots, je les extirpe,
Ils sortent de mon corps,
Ils sortent de mes tripes,
Et si je ne les sens pas
Je les remets dans un tiroir…
…Et j’attends !
Quand soudain ils frappent à ma porte,
Quand soudain ils frappent fort,
Alors, j’écris au vitriol !
Tout poète qui se respecte,
Le sens de l’observation possède,
Ce n’est ni un devin,
Ni quelqu’un de bien.
Il faut que ces écrits
Fassent mouche !
Il faut que ces écrits
Passent outre !
Sa plume est rigide
C’est son seul mérite,
Car sa plume reste sans réplique !
Trop de choses vues,
Trop de choses malvenues.
Alors, les mots claquent
Ne mettant aucun interdit,
Et les tabous se fracassent
Dans un tourbillon
Qui les étourdit.
La lucidité
Reste leur seule récompense,
Veillant en permanence
Et ne leur ayant jamais menti.
LES LIVRES
Ce sont les livres
Qui m’ont révélée
Qui j’étais vraiment !
PLUMES
Plume acide.
Plume qui s’oxyde.
Plume toxique.
Plume trempant
Dans le vitriole,
Imprévisible,
Vous écrasant au sol,
Par vagues successives.
Angoisse,
Page blanche,
Finissant en cascade
Aux confins de l’oubli.
Plume solitaire
Se refermant sur elle-même,
Qui se brise
En une multitude
De parcelles.
Fureur intense d’écrire,
Fureur immense du livre,
Fureur, fureur avide
De lire,
Fureur, fureur lucide.
Plume prose.
Plume poème.
Plume poésie.
Prélude sur une note de musique.
Prélude des jours
Ajournant le crépuscule.
AVOIR L'ENVIE
Avoir l’envie,
L’envie de croire.
De croire, encore
Et toujours,
Que rien n’est perdu.
Je m’assume,
Je m’impose
Jusqu’à l’absurde.
Ai-je l’air si ridicule ?
Avoir l’envie,
L’envie folle
De se remettre à jour,
A l’heure et en cause,
Parce que dans la vie
Rien n’est jamais acquis.
Je m’assaille,
Je trépasse,
Je m’insurge,
Alors on me bute
Avoir l’envie,
L’envie en permanence
De gueuler
Plus fort que les autres,
De peur que l’on ne sombre
Dans l’oubli.
Je percute,
J’improvise
Au son des cymbales
Percutantes, je mute.
Avoir l’envie,
L’envie féroce
De croire
Qu’un jour
On peut s’en sortir,
Pourvu que l’on croit
Férocement à la vie.
GRAINE DE COLÈRE
Parfois je me pose
De sérieuses questions,
Non que je sois « bégueule »,
Je dirais plutôt
Et en toute confidentialité,
Que je suis maso,
Car plus j'ai mal
Plus je crie bravo !
Ah ! C'est vrai
Que je ne suis pas née
Avec une cuillère en or
Dans la bouche,
Combien de fois
Il a fallu que je plante
Mon décor,
Et j’ai eu recours à la débrouille.
C'est vrai aussi
Que personne
Ne s'est penché
Sur mon berceau.
J'ai poussé toute seule,,
Je me considère
Comme une herbe folle,
Une graine qui ne pousse
Qu'en été,
Une graine toute en liberté !
Parfois, quand la nostalgie
Refait surface,
Je pleure, je ris,
Je suis au bord des larmes,
Malheureusement, la réalité
Est là, bien planquée,
J'ai beau la chasser,
Madame revient aussitôt
Par des portes dérobées,
Et au grand galop !
Mais non !
La graine de violence
A bien germé
Sur le berceau de la révolte.
… Et c'est peut-être ça,
Que je le veuille ou non,
Qui m'a maintenue
Hors de l'eau !
LE RAPACE
Méfions nous de l’eau qui dort,
Le rapace erre,
Rapace solitaire.
Rapace que l’on dit sournois,
Fondant sur sa proie.
Rapace tout en nuance,
Mais sachant faire la différence.
Rapace aigre doux
Se méfiant de tout.
Rapace tout noir,
A qui l’on ne pardonne pas
Sa différence de poils.
Rapace de colère,
Rapace que l’on dit teigne.
Rapace de vérité,
Mais qui veut sa part
De liberté !
DES RENCONTRES, DES SILENCES, DES POÉSIES
Des hasards,
Des rencontres,
Des rencontres
Dues au hasard,
Des regards
Qui se croisent
Des silences,
Des Poésies,
Des Partages,
Des silences,
Des mots
Qui prennent place,
Qui s'envolent,
Qui vont s'éclater
Sur des arcs-en-ciel
Brisés par mille
Soleils orangés.JE N'AI PLUS D'ÂGE
Avoir la rage au corps,
Avoir la rage au cœur,
Avoir encore et toujours
L'envie de se reconstruire,
J'ai vingt ans !
Que ce soit les rues de Montpellier,
Que ce soit les rues de Nice,
Ou bien les couloirs gris et sombres
Que je ne saurai oublier,
Moi, la jeune écervelée,
J'ai appris à vivre...
J'ai trente ans !
Ma vie n'a cessé de basculer,
Je n'ai alors plus d'âge,
Et les rues deviennent trop étroites,
Soudain ma vie s'est plombée
Dans les échanges.
Je suis vieille, très vieille
A présent, j'ai cent ans !
Les aiguilles du temps
Ont raccourci ma vie,
Je me regarde vivre
Au travers d'une vitre.
Et tout mon passé dégringole,
Je marche, je cours,
Et de rigole en rigole,
Et de ricochet en ricochet,
J'aborde, et je m’accroche
A des soleils rouge orangé,
A des soleils rouge sauvage,
Je deviens une pelure d'orange
Gorgée de tous les soleils d'été.
Bleu étrange.
Avoir la rage au corps,
Avoir la rage au cœur,
Se reconstruire,
Se reconstruire
Au présent...
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